Bonjour Eva Luna,
Evidemment qu'on a "l'air d'aller" !!!
Et la rage qui est en nous, après tout, c'est pas bien compliqué de la forcer à rigoler plutôt qu'à nous faire tirer la gueule !
Enfin, moi, j' me sens comme ça : énergique (donc sur les nerfs en pure perte, puisqu'on les fera pas revenir), et quoi faire de cette énergie ?
Ben, le clown .
Cela fait rire les petits, un coin de sourire aux ados, permet à ceux qui ont vécu le traumatisme de raconter une bonne "verdeur", et puis "les cons", ils pensent "mais comme cette famille a bien surmonté cette épreuve" ...
Un jour, j'ai vu un doc sur une région d' Afrique où la population souffre des diminutions des ressources de la pêche, because les gros bateaux des multinationales qui viennent tout rafler.
Et les gens étaient souriants, et le reporter, en demandant des explications à son guide, quelquefois au bord de l'hilarité, lui fait cette remarque "mais vous riez" ...
Alors le brave type, il dit "oui, ici c'est comme ça, quand ça va pas, on rit, on pleure pas, on rit" ...
Et comme je le comprends ...
La vraie désespérance est pudique ...
Et puis, le changement s'est insinué en nous dans notre rapport au temps, notre passé n'a plus grand-chose à voir avec notre nouveau "nous", et notre avenir, on s'en tape .
Et dans l'instant, c'est souvent la tendresse que nous laissons s'exprimer ...
Les vrais pleurs, c'est discret, dans la solitude ... car "cela" nous appartient en propre, comme un secret impossible à partager ... le rapport à l'enfant disparu(e) devient plus étroit et intime avec le temps qui passe ...
Je crois pas trop que ma blessure va "cicatriser", peut-être que chez certains, c'est comme ça, mais pour les personnes très émotives, qui n'accordent que peu d'importance aux bien-être concrets, je crois qu'au contraire, cette blessure devient "culte" ...
Elle nous a emportés ...