Ça y est, cette année, on a atteint le complet retour à la normale pour les vœux reçus... la plupart de nos proches ou moins proches y vont maintenant allègrement de leurs « Bonne et heureuse année 2021 ! », en y ajoutant parfois un commentaire par rapport à la pandémie, du genre « ça ne peut pas être pire que 2020 ! »...
Rares sont ceux qui réalisent au moment de nous les écrire que, si, évidemment, il peut y avoir tellement pire que 2020 ...
Rares sont ceux qui marchent encore sur des œufs, se demandant si nous sommes prêts à recevoir de tels messages...
Rares sont ceux qui prennent la peine, simplement, de réfléchir à qui ils destinent leur message, il s’agit sans doute d’un envoi de messages à des destinataires groupés?
Il me semble que c’était moins le cas les années précédentes : peut-être que les années précédentes, ils avaient estimé plus délicat de ne pas m’inclure dans ces envois groupés et que, 4 ans après le décès de Thomas, ils estiment qu’un retour à la normale est possible?
Après quel délai estime-t-on que l’on peut mettre de côté le chagrin de la perte de son enfant? Ou du moins, après quel délai devrait-on pouvoir à nouveau se réjouir d’une année nouvelle et pouvoir l’espérer « bonne et heureuse »? Quand je suis sur les forums de parents endeuillés, je n’en vois aucun prêt à cela après 4 ans en tout cas... mais il y a un biais possible : on ne retrouve peut-être que les parents les plus sensibles sur ces forums? Qui sait, peut-être qu’il existe des parents qui ont pu reprendre une vie normale et se réjouir de l’année nouvelle après 4 ans, ils ne sont juste pas sur les forums ? C’est ironique évidemment... je serais curieuse de savoir ce que les parents n’ayant pas perdu d’enfant estimeraient comme délai nécessaire pour récupérer foi en l’année nouvelle s’ils devaient perdre un enfant... est-ce juste une méconnaissance du chagrin lié au deuil ou simplement ils n’y ont jamais pensé, n’ont jamais tenté de se mettre à notre place, même au moment de nous envoyer de tels messages ?
Merci aux rares proches qui ont adapté leurs vœux à notre situation, qui nous les ont envoyés pour nous dire qu’ils pensent à nous, mais ont pris la mesure de la tâche désormais difficile pour nous de nous réjouir de ce qui est à venir...