Bonjour Fathi,
Je vous réponds car moi aussi j'ai perdu un fils qui a mis fin à ses jours il y a 2 ans et demi, il avait 31 ans. Je suis mariée et j'ai 2 autres enfants une fille de 36 ans et un fils de 30 ans.
Le suicide de mon fils a été comme une bombe qui m'a explosée en pleine figure car nous n'avions pas vu venir, il ne laissait rien voir, il nous a laissé un courrier dans lequel il explique qu'il n'en peut plus de la vie, qu'il voit son avenir noir; il nous dit qu'il nous aime tous mais qu'il ne peut pas faire autrement !
Le sentiment de culpabilité je le connais aussi, ainsi que mon mari, mais en lisant les modules sur ce forum, le livre de Christophe FAURE sur le deuil après un suicide et surtout pour moi, celui qui m'a le + aidée c'est "Ce lien qui ne meurt jamais" de Lytta BASSET, c'est une théologienne suisse, elle a un fils qui s'est suicidé et elle explique bien que nous ne sommes pas tout puissants sur nos enfants, nous les aimons, les élevons avec ce que nous sommes, nous leur donnons le meilleur de nous-même, mais c'est eux qui font leur vie, leur choix, même si pour moi le suicide n'est pas un choix, car pour avoir discuté avec des personnes qui ont "raté" leur suicide, au moment de passer à l'acte ils ne voient qu'UNE SEULE SOLUTION , c'est mettre fin à leurs jours pour arrêter de souffrir, ce n'est pas la mort qu'ils cherchent mais le soulagement de leurs souffrances ! la souffrance psychologique est terrible, elle fait autant souffrir si ce n'est plus, que la souffrance physique, mais souvent elle est tue, comme le faisait mon fils, mais les conséquences sont terrribles pour ceux qui la vivent.
Moi aussi avec mon mari la relation n'a pas été toujours facile et même si nous sommes 2, face au deuil, face à la douleur, chacun est seul, nous essayons de nous soutenir l'un l'autre mais ce n'est pas toujours facile car nous ne sommes pas dans les mêmes états au même moment.
Cependant au bout de 2ans et demi(ou plutôt 2ans et 10 mois car c'était en octobre 2008), la souffrance, le manque sont toujours bien présents, mais les moments de répit et de mieux être reviennent, la vie n'est plus comme avant mais nous avançons et cette épreuve nous rapproche et nous fait prendre conscience que nous avons besoin de prendre soin l'un de l'autre et aussi de nos enfants qui restent.
Mais moi aussi, dans les 1ers mois après sa mort, je me désintéressais de mes 2 autres enfants, j'étais entièrement broyée, laminée par le chagrin et j'avais envie de suivre mon fils; mais heureusement le goût de la vie est le plus fort et en restant ouverts aux autres, nous restons ouverts à la vie, et ce sont les autres, famille, amis qui nous ramènet vers la vie, même si parfois leurs paroles sont bien maladroites, mais ils ne peuvent pas comprendre! Et nous avant, comment étions-nous?
Courage à vous Fathi, en venant sur ce forum vous trouverez de l'écoute et du soutien.
Bien amicalement
MarieJ