Muriel,
Nous avons déjà échangé sur mon fil et tu me faisais par de cette colère. Cette colère je l'éprouve aussi, même si ce n'est pas envers mon Amour. Cette colère je la focalise, peut être à tort, contre ses parents et surtout sa mère. Dans mon cas, il n'était pas en dépression, au contraire il avait, on avait plein de projets dont ce petit bébé. Il était chargé psychiquement (d'après ce que me dit ma psy) et a eu une ou plusieurs déconnexion neurologique (pétage de câble), qui ce jour là l'a poussé à cette pulsion meurtrière. Il était très anxieux, jamais sur de lui, et hypersensible ; il ne supportait pas de voir quelqu'un être mal et le gros poids qu'il portait émotionnellement date d'il y a 20 ans, or ça faisait 7ans et demi que l'on se connaissait. Autant dire que c'est très lointain et même si je savais que cet événement l'avais marqué, je ne pouvais imaginer à quel point. On avait jamais réellement parlé de celà, c'était assez bref malheureusement. Je me dis maintenant que j'aurai dû"creuser" davantage, lui poser plus de questions mais c'est parce-que je connais l'issue. Quoiqu'il en soit, cet événement est revenu à la surface début novembre et je pense avant avec du recul. Et pour moi, c'est sa maman, qu'il appelait tous les midis qui l'a chargé encore plus émotionnellement en lui faisant par de ses problèmes, de son angoisse qui avait un lien indirect avec cet événement (elle ne l'a pas fait dans le but de le faire souffrir, je crois d'ailleurs qu'elle ne s'en rend pas compte, elle a elle des tendances dépressives).
Désolé je m'égare un peu... Tout ça pour te dire, que je l'ai aussi cette colère. Elle n'ai seulement pas dirigée contre la même personne.
Pour ce qui est du passage à l'acte, si nous ne comprenons pas c'est que nous ne sommes pas dans la même douleur, la même souffrance et quelque part heureusement. Je pense réellement qu'ils ne voulaient pas nous quitter mais qu'un problème neurologique ou un évènement quelconque à fait que cette douleur soit insupportable à ce point. Je parle dans mon cas, mais je sais très bien qu'il n'a pas pensé à nous. Même s'il nous a dit dans sa lettre qu'il nous aimait, il était ailleurs, c'était une autre personne. Car je le connais mon Amour, même si émotionnellement je ne savais pas tout de lui, je sais qu'il nous aimait et qu'il n'aurait jamais voulu nous faire de mal, bien au contraire la moindre poussée de fièvre des filles l'inquiétait énormément. Donc s'il avait réellement pensé à nous, au mal que ça nous ferait et bien il ne l'aurai jamais fait. Pour moi ce n'est pas un choix! C'est la seule issue pour eux à ce moment-là. Je te dis ça mais je ne le comprends pas totalement, je crois que le cerveau est hyper puissant, que l'on est bien loin de le connaître.
J'ai échangé avec des personnes suicidaires ou confrontées de près à cette horreur. On m'a parlé d'appel vers la mort, et une autre personne m'a dit qu'elle pensait ne plus être utile, ne plus pouvoir aider sa famille dans cette vie et qu'elle serait plus utile ailleurs (là je pense qu'il faut déjà étre ouvert à la spiritualité avant).
Maintenant chaque cas est différent; entre la pulsion qui brise tout en un instant, la dépression qui s'installe et qui entraîne un véritable projet de mort dans lequel tout est prémédité et le chantage du suicide lié à un ou plusieurs événements....
Et donc chaque ressenti diffère aussi; suivant le suicide en lui même, suivant la personne que nous sommes (psychologiquement et psychiquement), selon la personne que nous étions avant de le connaître, suivant l'entourage...
Je ne sais pas si tu as vu le documentaire qui passe demain soir sur France 5, je l'ai trouvé intéressant même si j'ai trouvé qu'il manquait pour moi, des conjoints endeuillés. En fait, j'aurais aimé avoir le témoignage d'un endeuillé qui soit dans plus dans la même situation que moi, avec des enfants par exemple.
Enfin, c'est une très bonne chose qu'il passe à la TV un soir, même si ce n'est pas une des chaînes principales. Si ça peut ouvrir un peu les yeux aux gens sur la réalité du deuil après suicide, ce sera un bon point.
En tout cas, une phrase de Christophe Fauré m'a interpellée. A un moment il évoque le fait que l'on essaye de savoir ce qui a pu se passer dans la tête de la personne avant qu'il passe à l'acte, voire pour certains de faire les gestes du passage à l'acte ; il dit bien que cette personne n'y a pensé qu'une seule fois et que ceux qui restent eux le ressasse mainte et mainte fois. C'est là que pour moi, ça rejoint vraiment à la pulsion et non à la réflexion ; une fois à suffit.
Je ne sais pas si tout ce que je te raconte là va t'apporter quelque chose ou pas, mais c'est ce qui me vient. Mes pensées sont assez confuses donc j'avoue que j'écris ce qui me vient à l'esprit sans forcément réfléchir et sans faire une réponse structurée. Le suicide nous détraque de partout...
En tout cas, ne soit pas trop dure avec toi. Il faut bien que cette colère sorte! Plus tu l'exprimer à et plus tu t'en déchargera. Et comme m'a dit ma psy, ça peut évoluer, tout n'est pas figé.vJe me dis que cette colère peut changer en terme d'intensité et peut être aussi se déplacer sur quelqu'un d'autre.
Si vraiment tu trouves que la colère t'envahie trop, qu'elle "te bouffe", peut être que voir un autre psy, ou essayer autre chose, à la place mais aussi pourquoi pas en complément pourrai t'aider. Mais fait comme tu le sens surtout!