Bonjour tout le monde,
Je viens de m’inscrire car je ne sais pas où, à qui faire part de mes émotions. Je souris, je fais comme si tout allait bien, mais au fond de moi c’est une torture de tous les instants...
En 2005, mon meilleur ami s’est suicidé sans m’avoir rien dit ou laissé. J’avais 18 ans, j’ai eu très difficile à remonter la pente après cette perte, mais j’ai fini par y arriver, sans jamais l’oublier pour autant.
En 2016, j’ai rencontré un homme formidable, qui ignorait à quel point il était génial. C’était un torturé de la vie, malheureux et dépressif depuis toujours. Pourtant, il m’a relevée après une dure séparation, j’ai passé des moments magiques avec lui. Sa simple présence suffisait à m’apaiser, il est vite devenu mon pilier. Grâce à lui, j’ai repris des études à 30 ans, repris ma vie en mains et compris beaucoup de choses.
Il m’a appris à avoir plus confiance en moi, à me soucier moins du regard des autres, à me préserver, m’affirmer, oser,... Bref, vraiment, je lui dois beaucoup.
Ça n’a pas fonctionné entre nous, on était finalement fait pour être amis et non amants...
On avait un lien puissant, magique, indescriptible. On se connaissait par coeur alors que, finalement, on ne se connaissait pas depuis des siècles.
Il y a quelques mois, il m’a dit qu’il avait l’intention de se suicider, que c'était trop douloureux pour lui de continuer à vivre.
J’ai tenté de le raisonner plus d’une fois. Je suppose que je n’ai pas été la seule à lui tenir des discours encourageants puisqu’il n’a fait que repousser l’échéance.
Pourtant, sans me l’expliquer, j’ai toujours su qu’un jour j’apprendrais son décès, qu’il se suiciderait.
Il y a quelques semaines, il m’a dit qu’il avait fait officiellement la demande d’euthanasie pour douleur psychique, j’étais abasourdie, je prenais conscience qu’il était vraiment déterminé.
Sa demande a été refusée...
la semaine passée, il m’a annoncé qu’il avait réussi à se procurer un produit utilisé pour les suicides assistés en Suisse et qu’il préparait son départ. J’ai essayé de le retenir ici mais, au fond, je comprenais son besoin de quitter ce monde.
Dimanche (il y a 4 jours), il m’a écrit « c’est pour ce soir. Désolé... ». On s’est parlé un petit moment, juste le temps de se dire adieu, le temps pour moi de lui exprimer mes sentiments, de lui dire que je ne l’oublierai jamais. Le temps pour lui de me dire qu’il veillerait toujours sur moi.
C’était affreux parce que je SAVAIS.
J’ai été confrontée à un choix difficile: l’en empêcher, prévenir la police et le trahir? Alors qu’il méritait de se reposer enfin, après plus de 30 ans de souffrances?
Le laisser faire, sans bouger, sans lever le petit doigt? Attendre la douloureuse nouvelle?
J’ai opté pour la deuxième option. Ses parents étaient avec lui, sa décision était mûrement réfléchie, il aurait tôt ou tard réussi à quitter ce monde.
Lundi matin, une connaissance en commun m’a avertie. Juste un message « il est décédé hier soir ».
Le choc. Alors que je savais. C’était tellement irréel malgré tout.
Je ne connais personne de son entourage, à part un vague contact avec cette personne qui m’a prévenue parce que je lui ai demandé s’il avait « réussi ». Je n’ai donc plus la moindre information, elle m’a juste dit que les funérailles se faisaient uniquement avec ses parents et son frère, comme il l’avait souhaité.
Il a été incinéré ce matin et je n’ai donc pas pu aller. C’est difficile. Horrible même. J’ai besoin de voir pour réaliser, pour commencer mon deuil.
Je vais me débrouiller pour savoir dans quel cimetière il se trouve, ça n’est pas ça le plus difficile. Le plus difficile est de penser aujourd’hui à tout ce que j’aurais encore aimé lui dire (même si j’ai conscience de la chance que j’ai eu d’avoir pu lui faire des adieux). J’aurais aimé lui dire tellement de choses encore.
Et puis j’aurais dû réussir à le relever comme il l’a fait pour moi.
J’aurais du le croire quand il me parlait de son mal être, plutôt que de souvent lui dire qu’il était égoïste et gâté pourri, qu’il avait tout pour être heureux.
J’ai essayé de le secouer, mais c’était une mauvaise méthode...
Bref, je me refais le film, je m’en veux, j’en veux à la vie. Ce gars là était une perle qui s’ignorait. Mon âme soeur. On était si fusionnels. Aujourd’hui je me sens vide, il me manque déjà, je me demande comment je vais faire, à qui je vais confier mes soucis insignifiants?
On refaisait le monde, il était le seul avec qui j’avais des conversations aussi profondes.
Il me manque ce con