Très chère Lilou
Je me permets de t'accueillir sur ce forum, où on peut exprimer ses peines, son désespoir, ses craintes, sans jugement, et trouver de la compréhension, peut être des réponses à nos questions, des conseils pour avancer.
Ce que tu vis est terrible, terrifiant.
Je le sais car toutes les questions que tu te poses, tous les remords que tu exprimes, je les vis moi aussi.
Comme toi, je regrette de ne pas avoir compris les appels au secours, formulé à demi-mot.
Je regrette comme toi de ne pas en avoir mesuré la terrible portée, de ne pas avoir mesuré la terrible souffrance à l'intérieur de la personne aimée.
J'ai le moral un peu bas aujourd'hui, mais te lire me fait du bien.
Que te dire pour t'aider un peu?
Lire le livre de Christophe Fauré sur le suicide.
Regarder sur internet l'émission :
https://www.bing.com/videos/search?q=que+faire+apres+le+suicide+d%27un+proche+france+5&&view=detail&mid=39E8AC38C33263B7B76A39E8AC38C33263B7B76A&&FORM=VRDGARFeuilleter sur le net, comme on le fait tous pour lire, essayer de comprendre ce geste fou...
Je me permets de te le dire : tu ne trouveras pas de réponse, ou certaines zones resterons sans réponse pour toi.
Je suis sincèrement de tout cœur avec toi, réellement car je sais que les premier mois sont très difficiles à vivre.
Essayes d'être douce avec toi, tu souffres suffisamment, avec tes enfants à protéger et à t'occuper. Donc pas la peine d'en faire davantage.
Ce n'est pas facile. J'ai envie de te dire : mets tout en œuvre pour essayer de comprendre un petit peu son geste.
Mais essaies au maximum, même si cela n'est pas évident, de ne pas t'intégrer dans son geste, afin de ne pas alimenter trop douloureusement ton sentiment de culpabilité.
Comme toi, comme tous ici, on se demande le cataclysme qui a fait qu'on est arrivé sur ce forum...
Se ménager au maximum, prendre soin de toi et de tes enfants demandent déjà suffisamment d'énergie.
Tu n'es pas responsable de son geste. C'est son acte personnel, intime.
Avec le temps, même si cela est difficile, j'essaie d'apprendre à respecter ce geste terrible. L'accepter, c'est aimer la personne perdue, c'est respecter ses souffrances, ne surtout pas les minorer.
Pour autant, et c'est le plus dur, essaies d'éviter de tomber dans les regrets : oui on aurait pu changer les choses si on l'avait retenu, si on lui avait parlé autrement, si ... si...
Certes, c'est peut être vrai.. mais cela reste leur geste, leur volonté d'arrêter.
Comme on me l'a répété ici des centaines de fois, on ne se suicide pas après une rupture, ou une dispute.
On se suicide car il y a un désespoir profond, enfoui, emmagasiné depuis des années et qui atteint son point de rupture.
C'est leur parcours de vie, c'est leur histoire. Essayer de respecter cela.
Je pourrais t'écrire pendant des heures encore...
Ta reconstruction interviendra plus tard.
A ce stade, préserves toi, alimentes toi, dors le plus correctement possible.
La clé, qui me permet à moi de m'en sortir, c'est d'en parler à mon entourage.
Je n'ai pas cessé de parler du drame à mes proches, parler, parler, parler encore. Tout délier, tout dire à des personnes proches et de confiance, sans tabou. Il faut cracher sa douleur, cracher ses regrets, ses remords, et ne rien garder enfoui.
Voies tu peut être un thérapeute?
Comme moi, tu vas passer toute ta vie de couple à la moulinette. Tu vas chercher des détails, tu vas essayer de t'imputer des responsabilités, tu vas regretter des choses dites, des actions parfois très lointaines. C'est normal, mais essaie de te préserver et de te voir comme une belle personne. Ne pas s'abimer... eux l'étaient déjà suffisamment.
Tout doucement, pas maintenant bien sûr, un petit mieux va s'installer, je peux te le promettre.
Pas loin de 8 mois après le drame absolu, je peux te dire que je me réintègre tout doucement dans la vie. Mais je continue de pleurer, de regretter ce départ qui n'aurait pas dû être, je continue de pleurer sa tristesse à lui, mais je parviens tout doucement, naturellement à ne rien regretter en ce qui concerne mes propres actions.
Car tu est juste humaine et à toi seule, tu ne peux t'imputer la responsabilité d'un tel geste. c'est SON CHOIX, aussi terrible puisse t-il être.
"J'aurais dû lui pardonner" : pourquoi cela? aucunement!! Tu as le droit d'exprimer ton désaccord.
Comme toi, je vis assez mal le fait de n'avoir aucun mot, aucun écrit. J'ai des dernières paroles adressées, comme dans ton cas, pleine de tristesse, mais à demi-mots (elles étaient profondément sincères, je ne les ai pas comprises ;-(...). Et rien. J'aurais tellement aimé une lettre où il me dise l'essentiel... mais rien..
Je me permets de t'embrasser.
T'écrire me fait du bien et j'espère que me lire également.
Un très grand courage à toi. Je ne te connais pas, mais je suis sincèrement, à l'instant présent, avec toi, car je comprends et que j'ai capté ta douleur.