Salut Pascal,
L'on se sent étranger au milieu des autres, n'est-ce pas, après un tel drame, un tel choc ...
Et de tous les autres, connus ou inconnus : nous sommes des mutants, tout-à-coup ...
Après la mort de Kalahan, j'ai beaucoup raconté ce qui nous était arrivé (oh, pas "gratuitement", toujours dans un contexte particulier, où du moins pour moi, il était pertinent de raconter ce qui nous était arrivé ...)
J'avais besoin de le dire, de "prévenir" qu'une chose pareille pouvait arriver, oui, qu'une chose pareille pouvait arriver ...
Quelques interlocuteurs inconnus m'ont alors ouvert les pages de leurs tragédies ...
Un jour, une dame de 80 ans, m'a confié avoir perdu un fils de dix ans, fauché par un camion alors qu'il rentrait de l'école ... les yeux tristes ...
Ce "genre de chose" n'est pas écrit sur la figure, des gens très gais en apparence cachent des traumatismes, et peuvent nous comprendre, et des gens qui ont l'air tristes sont parfois uniquement centrés sur leurs problèmes, voire sur des futilités, et sont fermés aux autres ...
Je crois qu'il ne faut surtout pas "faire semblant" d'être des gens "normaux", car de toute manière, la normalité est une notion bien vague ...
On a BESOIN d'en parler, sinon c'est la cocotte à pression ...
La solitude, oui, on la ressent, et tristesse, colère, et une sorte de désintégration intérieure ...
Et beaucoup de choses impossibles à dire ...
Retrouver un peu de fraternité parmi les autres, c'est possible, mais nous sommes souvent plusieurs échelons plus hauts dans la souffrance, la remise en question ...
On a besoin de profondeur, de trouver des personnes qui peuvent comprendre ...
C'est peu, mais je suis, sur ce forum, endeuillée aussi par suicide, et je sais combien c'est révoltant ...
Bisou, Martine.