Le 23 juin 2018 à 16h32 :P’tits moments de bonheur aujourd’hui : oui, oui, ça arrive (même si c’est très léger et en toile de fond cette tristesse qui s’accroche), que je souhaite partager :
- dans la boite aux lettres : un courrier d’une collègue de boulot avec un livre « L’inconnu me dévore » de Xavier Grall (poète et écrivain breton : p ‘tit clin d’œil breton à Bmylove). Ça m’a beaucoup touchée (les larmes ont coulé). Je suis en Bretagne depuis peu (fin 2015), ma région d’origine me manque encore énormément. Je commence seulement à prendre un peu racine ici. J’ai malgré tout la chance de faire de belles rencontres dans cette région.
Livre d’actualité … il évoque la mort …
- Repas ce midi dehors avec mon petit bonhomme, au soleil, sur le terrain, au milieu des arbres : j’ai su apprécier ce moment. P’tit bonhomme qui sourit à nouveau, semble retrouver son tempérament : vif, parle et bouge beaucoup … heureux d’aller cueillir quelques framboises et groseilles comme il le faisait chez mes parents …
Des petites choses mais au combien appréciables en attendant la prochaine descente dans le gouffre …
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Le 26 juin 2018 à 15:07Lundi terriblement pénible où tout, mais alors TOUT me ramenait à toi mon amour.
D’une façon nouvelle : pas aussi douloureuse qu’au début mais très douloureuse quand même. Parfois il m’arrive de penser à toi avec des souvenirs qui me font sourire mais là, hier, ça faisait mal. Et je n’arrivais pas à « contrôler » : des lieux, des personnes, des objets … même si ils n’avaient vraiment aucun lien avec toi, ils me ramenaient quand même à toi … toujours …. Tout le temps … seconde après seconde …
Aujourd’hui ça va un peu mieux mais entièrement envahie par un grand sentiment de vide …
Ma fille m’a envoyé un texte qu’elle a trouvé sur le temps ….
des extraits de ce texte :
Aujourd’hui, on voudrait vous dire …
… que parfois il faut du temps.
Juste du temps.
Oui.
Mais combien de temps ?
N’y-a-t-il rien de plus agaçant que quelqu’un qui nous dit qu’il faut du temps ? Qu’avec le temps, tout va passer. Tout va s’arranger. Tout va s’estomper. Et qu’il faut juste être patient.
N’est-il pas insupportable d’entendre cela ? Parce que l'on aimerait que cette situation ou que cet état d’âme change tout de suite. On a envie de trouver une solution à notre problème maintenant et de nous libérer de notre peine en un instant.
« Attendre avec cette douleur ? Non merci. Je n'en ai ni l'envie, ni la force. Et puis
le temps, qu’est-ce qu’il vient faire dans cette histoire ? On ne lui a rien demandé au temps.
Qu’il soit plus rapide. Plus efficace. Plus compatissant. »
Comme il peut nous paraître long ce temps ...
Mais iI y a des moments dans la vie où, malheureusement, la seule chose que l’on puisse faire est d'attendre.
Semer les graines.
Poser ses intentions.
S’engager dans une direction.
Et attendre.
Patiemment. Attentivement.
Aujourd’hui, on voudrait vous dire que peut-être est juste venu le temps d’attendre. De laisser la nature suivre son cours. De laisser les choses s’accomplir d’elles-mêmes. Parce que nous sommes dirigés par une force que l’on ne contrôle pas et qui opère pour nous. A chaque instant. Et que cette force s’appelle la Vie.
Peut-être est-il venu le temps de rester passif face à une situation que l’on ne peut pas changer. En tout cas pas tout de suite.
Afin de se préparer à quelque chose d’autre qui arrive. Quelque chose d’immense, de plus beau et de plus vrai. Afin d’accueillir et d’accepter le mystère de la Vie.
Peut-être aujourd’hui est-il venu le temps d’attendre.
Tout simplement.
Attendre que le passé s’estompe.
Attendre que la joie de vivre revienne.
Attendre de trouver la force d’accepter.
Aujourd’hui, on voudrait vous dire d’accueillir le temps.
De lui faire de la place dans votre vie.
De l’accepter.
Et de l’aimer.
Parce que dans le silence et l’attente, vous laissez quelque chose grandir en vous.
Quelque chose de grand.
Quelque chose de juste.
Cette partie de vous qui est douce. Qui est pure.
Cette partie de vous qui a confiance. Qui aime. Et qui sait.
Qu'avec le temps tout coule. Tout change. Tout évolue.Zoé
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Le 1er juillet 2018 à 18 :58Mon Amour, si tu ne le savais pas, si je ne te l’ai pas dit ou pas suffisamment, je veux que tu saches que
(même si cela n’aurait pas empêché ton suicide) :
Malgré les problèmes, tu m’as apporté beaucoup de bonheur, beaucoup d’amour. Je me suis sentie aimée comme « une reine » …
Même si souvent tu t’appuyais sur moi, sur ma « force », tu disais te sentir en sécurité à mes côtés, moi aussi, mais différemment, je me sentais en sécurité, protégée (la tempête pouvait s’abattre sur notre yourte, je me blotissais dans tes bras)
Tu disais ne pas pouvoir vivre sans moi, tu ne peux pas imaginer à quel point j’avais, j’ai, moi aussi besoin de toi, de ta présence …
J’ai été touchée par ta forte et totale confiance en moi et j’ai le regret de ne pas t’avoir affirmé que tu avais également toute ma confiance …
Le peu d’années pendant lesquelles nous nous sommes connus, aimés … la vie a fait que nous avons été amené à vivre plusieurs fois loin l’un de l’autre. Depuis début février, j’ai eu à nouveau la joie de t’avoir à mes côtés et c’était déjà énorme !!! (« le reste » était anodin)
Te le dire, te l’écrire … même si tu n’es plus dans cette vie … je t’envoie mes mots …
Peut-être cela me permettra aussi de ne plus trop ressasser ce que je n’ai pas suffisamment dit …
Je t’aime Mircea, de tout mon cœur, de toute mon âme … (et ça au moins tu le savais !)
"Au-delà du rêve, tu m’as donné une dose d'amour tellement forte que je me suis senti capable de tout affronter pour toi "(M. Malzieu)
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Le 03 juillet 2018 à 22:35Bien des larmes aujourd’hui mais celles qui soulagent …
Une amie, me voyant en pleurs, dit « oh ça ne va pas » et me prend dans ses bras. Je lui explique que même si je pleure, « ça va de mieux en mieux ».
Je pleure car tu me manques Mircea … peut-être aussi parce que je commence à intégrer que je ne te verrais plus jamais dans cette vie …
Mais les larmes, ces larmes, me font « du bien » …
Elles coulent d’émotion lorsque des Ami-e-s, vivant au loin, m’envoient leur photo avec écrit « on t’aime très fort » …
Je pleure aussi en écoutant cette chanson de Mano Solo que tu n’aimerais pas trop mon amour. Tu préfères les chansons romantiques, d’amour …
Mais les chansons roumaines ou rrom que l’on l’écoutait ensemble, je n’arrives pas encore à les réécouter …
Mano Solo, écorché vif, qui a lutté jusqu’au bout
« Je suis venu vous voir » :
https://www.youtube.com/watch?v=K9qukf1X69c"Je suis venu vous voir avant de partir
Y'avait personne, ça vaut mieux comme ça
Je savais pas trop quoi vous dire,
Croyez pas que j'vous abandonne même si encore une fois,
Je vous laisse le pire
Les larmes qu'on verse sur la mort d'un homme
Adieu mes amis
J'me serez bien battu encore
Adieu mes amours
Priez pour moi
Toi que j'aime, que j'ai connu
Compagnon d'un jour ou d'une année
Déjà tu sais que dans mon coeur même, moisi flottent encore violence et tendresse
Mon existence ne tient pas qu'à ma graisse
Je suis esprit avant d'être un corps
Je suis mort, mais rien n'est fini
Il reste ma voix, et bien peu d'écrits
J'avais surtout une grande gueule pour chanter des chansons d'amour, pour Paris!
Sur la p'tite scène du Tourtour…
Mes amis ne pleurez pas
Le combat continue sans moi
Tant que quelqu'un écoutera ma voix je serai vivant dans votre monde à la con!
Avec du sang plein les orbites
Et même du plastique sur la bite
Je vais sûrement être recalé à l'examen du grand sage
Mais j'en profiterai quant même pour lui dire ce que j'en pense
De l'existence, cette engeance
Et s'il ne voit pas que je suis un ange, alors qu'il change de boulot!
Et s'il veut moi j'prend sa place...
Y'aura des filles, et de la Ganja
Des passions sans limites
Nous batterons des ailes, et nous volerons bourrés
Nous mangerons des pommes envenimées
Et nous cracherons le mal comme un pépin
Nous serons sincère comme jamais, et nous serons beaux pour ça!
Je suis venu vous voir avant de partir
Y'avait personne, ça vaut mieux comme ça
Je savais pas trop quoi vous dire
Croyez pas que j'vous abandonne, même si encore une fois,
Je vous laisse le pire
Les larmes qu'on verse sur la mort d'un homme
Adieu mes amis, priez pour moi."*********************************************************************
Le 16 juillet 2018 à 23 :50Aujourd’hui, 16 juillet, cela fait 4 mois que tu t’es donné la mort mon amour. Ca ne fait pas plus mal qu’un autre jour …
Peut-être parce que je suis complètement déphasée, je n’ai plus conscience des jours qui défilent sans moi
(l’arrêt de travail y contribue …), avec cette impression d’être hors du temps …
Peut-être du fait que 10 jours se sont écoulés avant que l’on retrouve ton pauvre corps … Bien que je savais que tu étais mort, pendant ces jours d’attente, de torture, je ne pouvais m’empêcher d’espérer …
(la psy a proposé que fin août on « décortique « le temps du 16 au 29 mars : jour de ton enterrement par la « pratique narrative » tout cette période encore bien trop sensible … tout est à vif …)
Mon père est décédé depuis presque 8 ans. Pour ma mère, très croyante, il est toujours auprès d’elle. Quand elle en ressent le besoin, elle lui demande de l’aide, conseil …
Des ami-e-s lui ont gentiment envoyé une carte à la date « anniversaire » de son décès en geste d’amitié et pour dire qu’ils pensaient à mon père. Ca n’a pas fait plaisir à ma mère : pour elle cette date n’a pas de sens, elle ne se « fête » pas, mon père est chaque jour présent …
Je ne sais pas trop à quoi je crois mais je suis d’accord avec elle et comme dit Mano Solo :
«
mon corps ne tient pas qu’à a graisse
Je suis esprit avant d’être un corps,
Je suis mort mais rien n’est fini »
Te iubesc la infinit mon amour,
Je t’aime très, très fort Papa
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Le 1er août 2018 à 22 :19 :24Même si ça va mieux depuis plusieurs jours, j’ai besoin d’écrire pour moi, pour ne pas oublier, pour relire lors des moments de rechute etc … tout ce qui s’est passé depuis le jour de ta mort
Suite au fil de Céline : « que faire pour notre maison ? »
http://forumdeuil.comemo.org/traverser-le-deuil/que-faire-pour-notre-maison/msg95589/#msg95589 :
C’est si difficile de de savoir ce qu’il faut faire ou pas, fragilisé comme on peut l’être.
Je ne me sens pas capable de réfléchir, de décider quoi que ce soit ; j’aimerai qu’on le fasse pour moi !
Je suis arrivée en Bretagne depuis peu : fin 2015. Et ma région d’origine me manque : la famille, les ami-e-s, la région etc … mes repères quoi.
Mais nous vivons dans un petit coin de paradis : dans une yourte sur un terrain (terrain trop grand pour moi seule) entouré par la forêt : une magnifique forêt avec rochers, rivières, mais aussi horrible forêt où Mircea est mort, s’est suicidé. Pourtant j’apprécie encore d’être entourée par la forêt mais je vais rarement y promener et surtout pas vers l’endroit où il a été retrouvé.
Terrain où nous sommes arrivés en 2016 mais plein de souvenirs avec toi, de toi Mircea … tes pas, ta silhouette, ta voix, ton odeur, ton rire … sont là, à cet endroit …
Avant de faire la yourte, nous étions en caravane : j’ai découvert, avec toi, le plaisir de faire beaucoup dehors : se brosser les cheveux, les dents, se laver dehors au soleil etc … se réveiller avec le chant des oiseaux, entendre les renards et les chouettes la nuit, vivre avec le rythme des saisons, le temps : la pluie, l’arrivée du vent …
Une formidable sensation de paix et de liberté.
Vivre sur le terrain sans toi me fait de moins en moins mal, contrairement à la présence de la forêt.
La yourte était une étape avant d’auto-construire notre maison, une petite maison en bois. Mais sans toi, je me sens incapable de faire cette maison, même avec d’autres ; ça me semble le bout du monde. Je suis déjà fatiguée sans rien faire alors construire une maison …. Et le terrain est si grand … trop … Passer des hivers en yourte, sans toi, avec les tempêtes, même si avant je l’avais déjà fait, là non …
Alors j’ai mis le terrain avec tout ce qu’il comporte, en vente. Le lendemain un couple est déjà intéressé et le surlendemain un autre couple. Deux jours après, le premier couple est au taquet pour acheter. Mais pas moi ! C’est bien trop violent, il me faut du temps.
J’ai commencé à regarder les maisons en location mais je ne me voyais y vivre, me sentir enfermée, m’éloigner de voisins supers, quitter mon coin de paradis, ce lieu que mon fils aime …
J’ai recontacté la personne qui devait nous conseiller et prêter ses outils pour la construction de la maison. J’ai supprimé l’annonce pour la vente.
Je fais peut-être une erreur mais c’est vraiment difficile de savoir quoi faire, comment … Alors j’écoute mon cœur … et on verra plus tard …
Je suis embêtée pour le couple qui a un coup de cœur pour le terrain, qui insiste, refait des propositions financières …
Difficile de se positionner, de faire comprendre que notre bien-être à mon fils et moi passe avant le financier …Mais en même temps pas sûre d’avoir fait le bon choix.
03 Août 2019 18 :12Un fil du forum propose d’évoquer l’ « objet souvenir » que l’on garde de notre Amour décédé-e
Je garde précieusement toutes ses lettres
(il y en a un sacré tas) avec les fleurs séchées qu’il mettait avec chacune de ses lettres, les poèmes qu’il m’écrivait et les photos
(il y en a peu ; j’en ai toujours une avec moi). C’est plaisir et émotion de lire encore et encore ses lettres et poèmes …
Pour le reste, Mircea n’avait quasiment rien pour deux raisons : il se contentait de peu
(venant d’un lieu démuni, il avait l’automatisme de faire avec très peu) et il donnait facilement ses affaires aux personnes qu’il rencontrait et estimait qu’elles en avaient plus besoin que lui. Il n’était absolument pas « matérialiste » et vivait au jour le jour.
Mircea fait partiellement partie du peuple Rrom. Traditionnellement, les personnes rroms enterrent leurs mort-e-s avec leurs affaires pour aider les âmes des mort-e-s à partir, pour éviter qu’elles restent trop attachées à notre monde (parfois les affaires plus imposantes peuvent être brûlées). J’ai donc mis une partie de ses affaires dans le cercueil avec une lettre que j’ai écrit et l’autre partie à une association caritative. J’ai gardé un gilet molletonné dans lequel je m’enveloppe de Lui …