Bonjour Orchis,
Ton dernier message me touche énormément.
Je suis âgée de 57 ans. Mon mari est parti le 14 mars dernier, à 59 ans.
Je suis moi aussi belle-fille.
Mes beaux-parents ont 89 ans pour ma belle-mère et 85 ans pour mon beau-père. celui-ci est grabataire ou tout comme, il ne se lève de son lit que pour se mettre un moment sur son canapé et mange peu, pour ne pas dire pas du tout. Il n'aime que son "vermouth".
Le départ de mon mari a été très dur, en tous les cas pour moi et son fils. Après une maladie de 3 ans, une lutte contre 3 cancers, il s'est éteint de fatigue et d'impuissance à continuer le combat.
Pour moi, c'est un contre-coup d'épuisement, moral, physique et psychique.
Pourtant, je tente de rester vaillante et de continuer le chemin que mon mari, mon coeur, m'a montré, chemin caillouteux fait de courage et de persévérance.
Ceci pour t'expliquer que je comprends entièrement ton état d'âme.
Lorsque je suis descendue chez mes beaux-parents, après le décès, j'étais accompagnée par mon beau-fils qui, je crois, appréhendait autant que moi la visite.
(Nous habitons la région lyonnaise, ils sont installés sur les hauteurs de Nîmes)
Bien que je les connaisse et n'attends rien de particulier de leur part, j'ai été malgré tout "bien servie".
Il ne m'a pas été possible de pleurer sur l'épaule de ma belle-mère.
C'est tout juste si nous avons pu parler de son fils, mon mari, le père de son petit-fils.
Quant à lui, il n'a même pas été dans les bras de sa grand-mère.
Je veux bien qu'il ait 36 ans, mais je sais qu'il n'attendait que cela.
Il le fait avec moi.
Il aurait aimé le faire avec sa grand-mère !
Seul, mon beau-père a pleuré en me voyant. Il m'a prise dans ses bras, du même geste que faisait mon coeur. Cela a entraîné le déluge de mes larmes.
Le seul mot de ma belle-mère : "vous avez vraiment besoin qu'un homme vous prenne dans ses bras !".
J'ai eu envie de hurler, de la placarder au mur !
Quant à son petit-fils, ses seuls mots de réconfort ont été : c'est la vie. La vie continue.
Bien sûr, elle continue. Mais, dans ces moments-là, un peu de compassion fait beaucoup de bien. On ne voit rien d'autre que son chagrin présent.
Sur mon fil de discussion "tenir toujours tenir", tu verras que je fais souvent référence à Energie et Vaillance.
je te souhaite ces deux mots, d'en faire des qualités.
Pour mes beaux-parents et même pour mon frère que j'ai revu pour la première fois depuis 7 ans, j'ai compris et surtout assimilé qu'on ne peut pas refaire le monde et les gens.
Certains sont ainsi. Il faut les accepter tels qu'ils sont.
Est-ce une façon de se protéger eux-mêmes ?
En tous les cas, pour moi ce sont des "handicapés de l'amour".
Nous, nous sommes riches du bonheur que nous ont donné ceux que nous pleurons. Qu'importe le pourquoi de leur départ, le comment de leur départ. Ils sont partis, nous ont laissé seules.
Ce que je sais, c'est que leur mal être ou leur maladie a fait qu'ils ont baissé les bras à un moment.
Continuer leur était trop pénible.
Il ne faut pas leur en vouloir.
Il ne faut pas nous en vouloir.
Nous avons été à leur côté autant que possible.
Nous avons fait tout ce que nous avons pu.
Même si c'est difficile de s'en convaincre.
Pour moi, la seule solution, il faut laisser couler nos larmes. Ne pas en avoir honte, c'est aussi leur rendre hommage quelque part puisque on peut les pleurer, pleurer leur absence. C'est que, quelque part, c'était des hommes bien. Ils nous ont rendues heureuses malgré tout.
Mais, j'ai aussi compris ici, avec ce forum, qu'il nous faut passer par différents stades.
Aussi, nous nous épaulons les uns les autres, à tour de rôle.
C'est bien.
C'est un avantage qu'il nous faut utiliser au maximum.
N'hésite surtout pas.
Je t'embrasse et te souhaite une journée plus douce que celle d'hier et celle d'avant hier.
Catherine
"coeur"
"tenir, toujours tenir !"