Bonsoir,
Depuis le 15 j’étais en panne totale. Pas d’internet, pas de télé, pas de téléphone. Heureusement il me restait le GSM. Au moment où j’avais le plus besoin de communiquer, gros problème général. Ce matin, j’ai été reconnectée.
Merci Méduse pour votre intervention. Votre fille était vraiment très jeune. Il est vrai que notre société n’est pas au top pour les aider. Je prends seulement maintenant conscience de l’ampleur du phénomène « suicide » et je suis effrayée que l’on n’ait pas ou peu de moyens de l’enrayer.
Seulement, il ne faut pas se laisser aller. Il faut sortir de chez vous. Personnellement, samedi je suis allée marcher. J’ai fait 5 km en pleurant. J’habite près d’un cours d’eau et le parcours est agréable. Je me sentais mal et donc je suis sortie, il y avait du soleil et je n’arrêtais pas de penser que lui ne profiterait plus de cela. Néanmoins, lorsque je suis rentrée chez moi, ça allait mieux.
Moi aussi je crois aux signes. Lors du décès de mon père, de mon ex-mari, plein de choses me sont arrivées. Pour mon fils, c’est le silence total. Par contre, mes amies, elles font des rêves ou mon fils leur apparaît et quand on décortique les symboles, ceux-ci sont apaisants et beaux.
Mélie, je ne sais pas comment communiquer avec vous en « mode privé ».
En réponse à votre question « comment je vois ma belle fille ?? Mes sentiments sont mitigés.
En fait, je ne sais plus trop ce que ressens pour le moment car je passe de la colère pour la façon dont elle a agi, à la pitié car sa situation n’est pas des plus réjouissante.
Pour comprendre.
Je la connais depuis 15 ans. Nous nous sommes toujours bien entendues dès le début. Mon fils et elle se sont connus lorsqu’elle faisait ses études dans notre ville. Elle était malgré mes réticences, plus souvent chez nous qu’à son studio.
Ensuite, ils ont pris un petit appartement et ont commencé leur vie à deux. Mon fils ne voulait pas se marier. Ayant reçu en héritage de son grand-père de l’argent, ils ont décidé de construire leur maison. La marraine de ma belle-fille a mis l’équivalent pour que tous les deux soient sur le même pied. Ceci en gros.
Lorsque j’ai connu sa famille, j’ai eu un drôle de sentiment. Une image me passait par la tête et est revenue régulièrement. Celle d’un insecte pris dans une toile d’araignée, toile qui l’entourait peu à peu pour former un cocon. Puis ils se sont mariés. Lors de la construction de leur maison, ils ont habité chez les beaux parents. Quand enfin ils sont entrés dans leur maison, j’ai entendu souvent ma belle-fille dire qu’elle ne se sentait pas chez elle. Je lui ai conseillé de « s’approprier » la maison. Maison qu’ils ont conçue à deux. Mais elle ne voulait rien faire dans ce logis. Ils se sont au début partagé les tâches mais au four et à mesure, je me rendais compte que mon fils en faisait de plus en plus. Mais je me disais qu’il était adulte et que c’était son problème. Puis le premier enfant est né. Ils avaient l’air heureux. Ensemble ils ont « vécu » cette grossesse. Ils travaillaient tous les deux. Mon fils avait choisi de travailler comme agent de sécurité la nuit, pour s’occuper de sa fille. Avant il travaillait dans un garage (il était mécanicien) qui avait fermé pour cause de faillite. Ma belle fille est professeur de chimie. A l’époque, j’ai arrêté le travail et là j’ai commencé à les aider. Pour faire la jonction car en plus il était pompier volontaire. J’allais chez eux et y dormais une nuit ou deux suivant le planning. J’y suis toujours allée lorsque ma belle fille me le demandait.
En 2008 mon petit fils est né et en 2009, j’ai pour la première fois entendu mon fils dire qu’il n’était pas heureux et qu’il souffrait de solitude. Il s’en était aussi ouvert à la marraine de ma belle-fille qui avait essayé d’en parler avec sa filleule. Sans succès. Personnellement, je ne pouvais intervenir mais quand ma belle-fille me parlait d’un problème ou l’autre, j’essayais de la faire réfléchir. Elle vivait comme une éternelle étudiante. Une enfant trop gâtée. Mon fils s’occupait de la maison, de la lessive, des enfants, de tout ce qui était travaux de finition et il travaillait. Elle rentrait, allait dans son bureau avant de dire bonjour aux enfants et à son mari. Préparait un semblant de souper (mauvaise cuisinière) et retournait dans son bureau. En écrivant ces phrases, je me rends compte que peut-être j’aurais du m’en mêler plus. Mais j’avais élevé mon fils pour qu’il soit autonome et je pense qu’il n’aurait pas apprécié mon intervention. Elle nous disait avoir beaucoup de travail mais elle oubliait que ma sœur et la plupart de mes amies étaient dans l’enseignement supérieur. En fait elle reconnaissait elle-même, rester des heures sur internet et puis vite, elle faisait son travail. Et donc allait se coucher très tard. Son bureau c’était sa « bulle ». Sans me mêler de leur vie, je lui ai dit à plusieurs reprises que plus tard elle regretterait d’être passée à coté de tout ce que ses enfants auraient pu lui apporter. Ces dernières années, se sont écoulées entre haut et bas. Disputes et réconciliations. Les enfants allant à l’école, j’y allais beaucoup moins. On fêtait les fêtes ensemble, j’allais aux fêtes de l’école pour que mon fils ne soit pas seul etc.… Souvent lors de ces fêtes, ça se passait mal car le père étant alcoolique, il y avait toujours un problème. A chaque Noël, je me disais « c’est le dernier » puis comme je savais que mon fils aurait de la peine car on avait toujours passé le réveillon de Noël ensemble, j’y allais à contrecœur. Pour lui et les enfants.
J’ai vu mon fils changer, devenir de plus en plus nerveux. Et il commençait à rabrouer sérieusement sa femme. Quand je lui en ai fait la remarque, il m’a dit « elle m’énerve, si tu savais comme elle m’énerve ». Je pensais « ils vont divorcer ». Mais alors comme par enchantement ça allait mieux. Entendons-nous, mon fils n’était pas un ange, il avait ses défauts. Ils s’y sont mis à deux pour détruire leur mariage. Je suis très lucide. Mais c’était leur vie, je ne pouvais la vivre à leur place. Ma belle fille est très manipulatrice, centrée sur elle-même, avec un ego surdimensionné. Elle dit d’elle « je suis parfaite ». Souvent je lui demandais « parfaite mais dans quel domaine ? ». Elle riait. Quand ma belle fille racontait une dispute, elle ne mentait pas mais oubliait souvent d’y inclure son rôle. Au début je me suis laissé prendre puis je lui ai fait savoir que je n’étais pas dupe.
Voilà pour cerner un peu leur personnalité du moins en surface car par après beaucoup de choses ont surgi au grand jour et j’ai mieux compris le comportement de mon fils. Mais pourquoi n’a-t-il rien dit ?
Ma belle fille ne veut pas que j’aille habiter chez elle (c’est maintenant chez elle), mais que j’y retourné pour garder les enfants, faire le jardin (je le faisais pour lui et pour lui apprendre lorsque je ne serais plus à même de le faire, quelle ironie) pour que nous puissions fêter ensemble comme avant toutes les fêtes (anniversaires, Noël etc.) Impensable pour moi. Il est hors de question que j’aille remplacer mon fils dans ses tâches. Voilà le fond de sa pensée. De plus elle souhaiterait que nos relations redeviennent comme avant. Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas me perdre aussi. Pour le moment, j’ai demandé à voir les enfants (6 ans et demi et 5 ans) deux fois par mois. La 1ere fois elle est venue aussi mais je lui ai dit que c’est seulement les enfants que je voulais voir. Pour qu’ils me parlent comme avant, spontanément.
Le mardi, je suis allée les chercher en train car je n’ai pas de voiture et elle est venue les rechercher. Le samedi idem et là j’ai retrouvé vraiment mes petits enfants. D’eux-mêmes, ils ont parlé de leur papa et ma petite fille m’a demander à voir les photos de « papa petit ». J’ai raconté plein d’anecdotes marrantes et ils on beaucoup ri. Puis je leur ai demandé, s’ils voulaient des photos de leurs moments heureux avec leur papa (j’en avais préparé au cas..) et nous avons classé les photos dans des petits albums en se souvenant des bagarres à trois dans le trampoline, du jeu da cache-cache etc... Nous nous sommes beaucoup promenés et avons passé une bonne journée.
Lorsque leur maman est venue les rechercher, dans la conversation, elle m’a dit qu’elle n’aimait pas le mot suicide, qu’elle préférait parler de maladie. Et là, j’ai eu envie de lui dire que le mot suicide la ramènerait inévitablement à sa responsabilité. Je n’ai rien dit mais je pense qu’elle a compris à mon expression ce que je pensais. Et c’est ça qui me fait dire que mes sentiments sont ambivalents. Je passe de la pitié à la colère et à l’envie de la blesser. Elle à joué un jeu trop malhonnête pour que je l’oublie. Et sa stratégie lui a sauté au visage. Car je pense qu’elle n’a jamais imaginé une fin de ce genre. Mais il faut garder un statu quo pour les enfants.
Elle m’a fait part encore une fois de ses difficultés domestiques, mais j’ai coupé court. Je ne veux pas le savoir. Je sais qu’elle sera obligée d’avoir recours à sa famille. Famille qui lui faisait honte souvent. Et c’est vrai que ses appels tendent à ça. Que je l’aide pour ne pas avoir à faire appel à eux.
Mais comme me dit la psy « ce n’est pas votre problème, c’est n’est pas votre vie ». Je dois m’occuper de moi et des enfants, point. Mais tout ça est difficile, très difficile.
A bientôt