Bonjour à toutes,
J'ai 23 ans et mon compagnon s'est suicidé le 18 Juillet 2011 par pendaison à l'âge de 26 ans.
Pendant son enfance, il a été abusé sexuellement par son grand frère (9 ans de plus que lui). Ces parents ont toujours fait l'autruche face à cette situation, il avait fait plusieurs TS pendant son adolescence mais lors de notre rencontre (en 2006) , il avait retrouvé ne "paix intérieur".
On a emménagé ensemble en Juin 2011 dans un grand appartement dans le but d'avoir un enfant. Seulement, le destin en a voulu autrement.
Fin Juin 2011, il me confit qu'il a envie d'en finir, qu'il se dégoûte, qu'il est lâche, et qu'il a avalé la veille une plaquette de mes tranquillisant (Lixansia) mais que ça ne lui a rien fait (normal : il c'est trompé de boîte, il a pris des comprimés pour les règles car même couleur que le Lixansia).
Je pense avoir eu la mauvaise réaction : je me suis énervée en lui disant qu'il n'avait pas le droit d'en finir, que je ne pouvais vivre sans lui, qu'il ne pouvait me laisser seule. A ce moment, je n'ai pas eu l'idée de lui demander simplement "pourquoi" et je le regrette amèrement.
Il m'a confié qu'il était décidé dans son choix, et qu'il profiterait que je soit absente (au travail) pour aller se pendre dans le parc de notre résidence, chose qu'il a faite ....
Je l'ai envoyé voir son médecin qui lui a donné des anti dépresseur (qu'il na jamais pris). Il m'a dit qu'il avait pris rendez-vous chez un psy (jamais fait non plus). Il avait retrouvé le sourire, il rigolait de nouveau, on avait prévu un weekend pour Septembre, et la veille au soir de son acte, il me parlait de l'organisation de notre mariage (prévu pour 2013). Quelle "surprise" de l'avoir retrouvé au bout d'une corde ....
Le Lundi 18 Juillet à 08h30, je pars travailler. On a une légère dispute le matin mais rien de grave. Je lui dis "je t'aime" à travers la fenêtre de la voiture, je le vois lasse, fatiguée mais avec un léger sourire.
A 09h36 il m'envois un "je t'aime aussi" et à 10h06 "Je pars. Je t'aime. J'espère que ta journée va bien se passer". Dernier sms reçu.
J'ai essayé de le joindre plusieurs fois dans la journée sur son téléphone mais injoignable. Tête en l'air, je me disais qu'il avait oublié dans la voiture ou à la maison.
17h30 : Je pars du travail. J'arrive dans le garage et je vois sa voiture. J'étais contente car j'allais le voir avant qu'il parte au boulot (il partait à 18h00). Je monte dans l'appart, j'ouvre la porte et notre chien était exité, enfermé dans le couloir (chose inhabituelle). Je comprends qu'il se passe quelque chose, je cours dans le parc pour le retrouver mais rien. Je panique, je téléphone à ma mère, en lui parlant je trouve 60€ sur l'ordinateur et une lettre manuscrite : sa lettre d'adieu ....
A ce moment, tout devient irréel, on touche plus le sol, on est comme dans un brouillard, tout est flou.
Je redescend dans le parc pour respirer, prendre l'air. J'appelle sa mère pour a prévenir, elle me conseille d'appeler le 17. En ligne avec la gendarmerie, je leur explique tout, je continue à marcher tout en grimpant la monté du parc qui devient sinueux et peu entretenu. Je ne sais pas pourquoi je me suis retourné à ce moment, mais je l'ai vu, de dos, la tête penché sur la gauche. Entre lui et moi, il y avait 3m à peu près mais un arbuste me cachait son corps. J'ai crié, j'ai pleuré, je suis redescendu pour ne pas le voir .... je n'ai même pas essayé de voir s'il était toujours en vie, j'ai fuis ... comme une lâche ... peut etre que j'aurais ou le sauver ....
Depuis je m'en veux, j'essais de refaire ma vie mais c'est dur, je pense beaucoup à lui, à sa souffrance. Je me pose des tas de questions : a t'il souffert? pourquoi ce jour là? il avait quoi en tête à ce moment précis? Des questions qui resteront sans réponse.
J'ai lu vos témoignages qui me rassurent dans ma peine, on ressent les mêmes choses, je me sens enfin comprise. Merci de tout ça.