Bonsoir,
Je lis vos témoignages depuis quelques mois et je trouve dans vos paroles décrivant l'indicible douleur que la perte d'un enfant peut causer, une sorte de réconfort, une compréhension que seuls ceux qui traversent ce terrible marasme si dévastateur et anéantissant peuvent partager.
Mon fils a mis fin à ses jours il y a 15 mois, la veille de Noël, 12 jours après avoir "fêté", façon de parler, son anniversaire.
Il était dépressif et je m'inquiétais beaucoup à ce sujet car je savais qu'il prenait des médicaments qui selon moi n'étaient qu'un poison infernal et progressif juste bon à endormir les facultés cognitives, sûrement pas un remède pouvant guérir son mal-être dont je ne connaissais pas l'origine.
Je repense à son enfance qui a été joyeuse et sereine et je n'arrive pas à comprendre ce qui a pu le faire basculer dans les morsures du mal de vivre. Si, peut-être....une piste: il était entier, très sensible et intègre, ne supportant pas la cruauté, la bassesse, la malhonnêteté. Généreux et toujours prêt à aider les autres, il me disait que certains comportements "humains" le dégoûtaient et qu'il désirait se retirer à la campagne pour éviter de côtoyer ses semblables pas si semblables capables des pires atrocités.
Je comprenais parfaitement ses sentiments puisque je le partage, raison pour laquelle je n'ai pas ressenti de colère en apprenant son ultime geste de désespoir, j'ai juste ressenti une énorme tristesse, une douleur terrible et un manque abyssal.
Ce que j'éprouve encore aujourd'hui.
Parfois j'arrive à rationaliser cette épreuve en me disant que nos enfants ne nous appartiennent pas, que c'était son choix au fond ( sujet à discussion car sous l'emprise de ces poisons chimiques le libre arbitre me paraît inexistant), que c'était son karma etc etc....
Mais émotionnellement je me sens amputée. La blessure est profonde et béante, rien ni personne ne pourra jamais la guérir totalement.
Je me sens comme un puzzle: plein de morceaux à rassembler mais des pièces indispensables manquantes. L'image finale sera et restera incomplète quoi qu'on fasse.
J'ai eu la grande chance de le voir me rencontrer la nuit, dans mes rêves.
Je ne sais pas si vous croyez à la continuité de la vie après la vie. Moi si et mon fils m'a fait part de ses sentiments après avoir quitté ce monde le soir même de son départ en essayant de me rassurer en souriant (je voyais bien que ça sonnait faux, je savais qu'il regrettait déjà son acte) et ces rencontres nocturnes se sont poursuivies les mois successifs, en s'espaçant au fil du temps mais ce contact restant constant.
Il me manque horriblement je l'avoue. Rien que le fait de répondre à une question genre" tu as des enfants"? qui peut paraître tout à fait anodine me plonge dans une tristesse infinie.Oui, j'ai deux enfants je réponds car mon fils devenu invisible vit en moi et dans une autre dimension et son frère vit tout court dans cette vie ici-bas.
Voilà, j'avais envie de parler un peu de lui aujourd'hui, j'espère, si vous m'avez lue jusqu'au bout, de ne pas vous avoir trop ennuyés.
Des hauts et des bas....c'était un jour bas, j'avais besoin d'exprimer ma tristesse mais ça va mieux. Demain est un autre jour!