Bonjour,
Savez-vous? Je crains les week-ends, car à chaque fois on me presse de sortir, d'aller faire des choses pour "se changer les idées". Mais ma seule envie est de rester sous ma couverture, au fond de mon lit. J'attends mais je ne sais pas ce que j'attends... Je sais qu'il ne viendra pas. Aujourd'hui non plus il ne viendra pas. Il me manque tellement et le temps qui passe m'éloigne inexorablement du dernier jour où je l'ai vu en vie. Je n'arrive même plus à pleurer. Car la culpabilité m'enserre le cou et assèche mes larmes. Tout est bloqué au niveau des émotions. Tout n'est que raison. Cette raison de nouvelle veuve, fêlée sans doute, qui me fait penser que tout est de ma faute. Que si j'étais restée avec lui ce jour-là, il serait encore en vie. Tout le monde me dit que j'ai fait ce que j'ai pu et même plus. Que c'est la faute à la maladie. Qu'il aurait fait ça un autre jour, ou même la nuit alors que je dormais. (Oui d'ailleurs sa première tentative, je dormais, c'était au petit matin mais un pressentiment m'avait fait me réveiller et l'empêcher.) Pourquoi la seconde fois, l'ultime fois, je n'ai pas eu ce pressentiment. Pourquoi je ne l'ai pas sauvé. Il s'est cassé comme un chêne mon aimé. En quelques mois il a fait une dépression majeure, résistante aux médicaments, et en quelques mois il a mis fin à ses jours. Il faut dire suicide. J'ai mal.