merci galaad,
bisous celineda, tu m'as fait sourire avec ton mot "madre"
oui je suis cassée et je sais pas ce qu'il restera de Moi aprés ça ??
je suis pas contre me faire aider mais déja il me faudrait boucler 2 journées dans 1 pour les enfants, l'exploitation, déja du mal à prendre le temps de pleurer, m'éffondre, me relever
lapuce
aujourdhui j'ai écrit, j'ai couché mes pensées sur le papier, elles me tournaient dans la tête depuis des jours, je m'en libère auprés de vous mes soeurs et fréres de deuil :
Y’a des questions qui me hantent, qui me rongent !! Guillaume était t’il malade ? N’ayons pas peur des mots, dépressif ? Bipolaire ?
Je ne sais pas, depuis sa mort j’ai lu des tonnes de trucs sur les dépressions, sur « être bipolaire », sur la vie après la mort, sur le suicide, les suicidés, l’âme ……….je cherche dans ces livres, ces articles des réponses que je n’aurais jamais ; je sais je me torture mais je ne peux pas faire autrement, il faut que je m’approche de la vérité, j’en ai besoin
Je revis toute notre vie à l’envers, y cherche les moindres indices, les moindres signaux d’alertes, toutes mes erreurs !!
Si je pars du début il y a des phrases dîtes par sa famille :
- Son père qui avait tant peur qu’il reste célibataire, pourquoi ? ne pas être casé à 24 ans n’a rien d’exceptionnel
- Sa mère me prévenant que Guillaume avait son caractère et « quand il se braque il n’y a plus rien à en tirer »
- Sa sœur me parlant qu’après sa dernière liaison ils l’ont ramassé à la petite cuillère, qu’ils ont mis du temps à le remonter et qu’elle espère qu’il ne va pas revenir dans le même état !
Ces propos m’avaient choqués, on était au début de notre relation et ils ne m’ont pas fait un portrait très flatteur de Guillaume, pourtant il ne manquait rien à cet homme pour rendre une femme heureuse, il était incroyablement sensible, tendre, affectueux, généreux, adorable avec Lili, un Papa poule, protecteur, encourageant, câlin ………on a vécu notre première année sur un nuage, certes ça ne passait pas bien avec ses parents et surtout sa sœur mais Guillaume savait ce qu’il voulait, leur tenait tête et surtout avait confiance en eux, en leur amour !! il s’est effondré quand son père l’a viré, j’ai vu un petit garçon en pleur, je l’ai vu brisé, il s’est enfermé dans son silence, ce licenciement pour faute le privait des Assedic, deux mois avant la naissance de son bébé, il croyait les paroles de son père « t’es bon à rien, tu pourras pas faire vivre ta famille » ; on était fin septembre( il a trouvé du boulot de chauffeur agricole très vite, il était doué en tout, je m’inquiétais pas pour ça ) Cassie devait naître en décembre, moi je l’ai surement cru plus fort qu’il ne l’était, j’ai surtout pas pu imaginer les dégâts que ça avait causé à l’intérieur, faut dire qu’il savait bien me protéger de ses douleurs, je lui ai dit que tout allait s’arranger, qu’à la naissance du bébé ses parents, sa sœur, son frère reviendraient vers lui, c’était sûr pour moi !! Alors il s’est accroché, il était si content et si fier d’attendre ce bébé !! Et Cassie est née, il était fou de joie ; mais personne n’est venu la voir, personne a partagé sa joie de Papa ; il a voulu de suite repartir sur un projet d’exploitation agricole, il avait la rage, il voulait leur prouver qu’il n’était pas un vaux-rien
On est mal tombé, reprise d’une exploitation chez un type qu’avait un sacré problème d’alcool, pour Guillaume ça été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ; il s’est renfermé sur lui-même, il ne me parlait plus, ni aux enfants, ne riait plus, ne me touchait plus, je l’ai obligé à aller voir quelqu’un pour se libérer, il voulait pas, « les psy c’est pour les malades », il y a quand même été, pour moi, il a été soigné pour une dépression, ce fût magique, en quelques jours de traitement j’ai retrouvé l’homme pour qui j’avais tout quitté ; malheureusement ses rechutes étaient cycliques, chaque année fin septembre, il me disait que c’était l’automne, des fois il s’en sortait « tout seul », d’autres fois il fallait que je le force à aller voir son docteur !!
Là je n’ai surement pas fait ce qu’il fallait, mais qu’est ce qu’il fallait faire
Il aimait pas en parler, il prenait ça pour de la faiblesse de sa part, il avait honte de flancher, il ne s’aimait déjà pas beaucoup ; il a jamais été méchant, quand il n’était pas bien il n’était juste pas là, c’était comme s’il était sur une autre planéte, difficile à s’en rendre compte de suite, c’était comme un gros coup de fatigue qui ne partait pas !! Quand il était bien il était merveilleux, tendre, câlin, le rêve quoi !!
Je sais qu’il a rechuté en septembre 2011, on attendait Malia, il s’inquiétait pour son boulot qui l’entraînait de plus en plus loin, il n’en pouvait plus des déplacements ; il s’est attrapé avec ses parents qui n’avaient pas pût prendre les enfants une seule journée de tout l’été, il était dégoutté du peu d’attention qu’ils accordaient à ses enfants, en plus sa mère nous avait balancé de bonnes réflexions à l’annonce de l’arrivée de la petite ; moi j’ai été moins dispo pour lui, la fatigue, les petits ….mais aussi je le comprenais pas, il me parlait pas et j’en avais marre de le voir plonger tous les automnes, on avait tout ce qu’il fallait pour être heureux, honnêtement il ne nous manquait qu’un peu d’argent pour être sereins, c’est tout ; Malia est née, il en était fou, c’était réciproque, il avait eu un licenciement à cause des déplacements, le troupeau produisait enfin à plein et re « coup de grâce », lettre de la laiterie, au lieu des 230 000 litres de droits à produire attendus, on en avait que 175 000 litres ; là il a pas encaissé, pourquoi quand tout devait aller si bien, pourquoi pas de répits, on a passé une année difficile à faire des choix, Guillaume voulait pas repartir travailler à l’extérieur, mais les chèvres suffisaient pas ; on a cherché des solutions, cette fromagerie qu’on voulait faire depuis le début en était une, moi j’ai dit « OK mais sans pression, petit investissement », alors on a cherché l’occas ; parallèlement à ça les relations déjà pas satisfaisantes avec ses parents se sont fortement dégradées, il avait décidé de couper les ponts, on était revenu à l’automne 2012, là je lui ai pas laissé le choix et je lui ai demandé de « crever l’abcès », de se faire aider, d’en sortir avec ses problèmes d’enfance dont il voulait pas me parler, juste ça « mes problèmes, mes douleurs, mes secrets », je l’ai même accompagné une fois début décembre ; j’ai pleuré toute la séance, j’ai vu mon mari comme un petit enfant, raconter des blessures : école, manque de confiance de son père, je l’ai entendu dire qu’il valait rien, qu’il ne savait rien faire, là je lui ai dit « comment tu peux dire ça de toi? tu as de l’or dans les doigts, regardes tout ce que tu as fait, regarde tout ce que tu sais faire » ; il avait un traitement qu’il ne prenait pas bien, je m’en suis aperçue, il m’a jurer de le faire comme il faut ; il semblait aller mieux, il me parlait d’avenir, de quand on serait vieux, on a trouvé une fromagerie démontée à vendre d’occas à Nancy ; bonne affaire, mais moi le trajet me faisait peur, pas lui, peur de rien mon Guillaume, j’ai cherché tout le week-end si je pouvais demander à quelqu’un de l’accompagner, j’ai trouvé personne dispo 3 jours juste avant Noël, il est parti confiant, heureux, il est rentré le mercredi malade, grippé ; dans la nuit du vendredi au samedi il s’est tué ;
Guillaume a vu 3 psy différents, ils m’ont tous parlé de dépression légère, de manque de confiance en lui et de dévalorisation de son MOI +++++++, de mélancolie profonde depuis son enfance, le dernier a émis une hypothèse 10 jours avant sa mort d’un trouble bipolaire
?? On ne saura jamais de quel mal il souffrait mais ce dont je suis sûre c’est qu’il se battait contre quelque chose et que ce quelque chose, aidé par cette fièvre intense, a été plus fort que l’Amour qu’il nous portait aux enfants et à moi, jamais il n’aurait voulu cette souffrance, cette solitude, cet isolement pour nous
Il me reste toutes les questions, les pourquoi et un vide et une douleur immenses
Donc coupable, OUI je plaide coupable, coupable de n’avoir pas sût l’aider, coupable de ne pas avoir sût l’empêcher de commettre l’irréparable, coupable de ne pas avoir vu qu’il allait si mal, coupable oui mais pas responsable, j’ai aimé cet homme plus que je ne m’aimerai jamais moi-même, je l’ai accompagné et soutenu dans ses mélancolies, j’ai été là pour lui chaque jour, et il savait qu’il pouvait compter sur moi, un peu trop d’ailleurs, dans sa lettre il me demande de guider nos enfants pour qu’ils s’en sortent dans la vie « marchez dans les pas de votre maman », il me demande aussi de prendre le bonnes décisions pour l’exploitation, comment il a pût croire que j’arriverais à vivre sans lui ?
Ce n’est pas facile de faire ce que je viens faire, raconter tout ça, je peux me taire et rien dire ( c’est sure que ça plairait à certain) ou je peux essayer d’en parler, de comprendre, pour faire avancer cette ignorance qu’on a des suicides, enlever ce tabou, empêcher d’autres Guillaume de partir comme ça, de foutre sa vie en l’air et celle de sa famille en même temps ; certain penseront que j’aurais dû voir des choses et que j’aurais pût empêcher sa mort, peut-être, peut-être pas mais je vous raconte cela après sa mort, donc avec un cœur brisé, un regard triste et des yeux qui cherchent des explications partout, il y a 9 mois je vous aurais parlé de tous nos bonheurs, de tous nos projets, lui aussi c’est sûr, il en avait plein le cœur, plein la tête, plein les yeux !!
Chaque jour je me dis que demain ça ira mieux, que Guillaume de là où il est va m’aider car il est sûr que je ne vais pas tenir longtemps comme ça, ce triste anniversaire des un an qui approche, ce noël, comment affronter tout ça ? Je ne sais pas comment continuer à vivre après ça ……………