Le 14 aout dernier elle a décidé de ne plus souffrir, le 15 elle a été retrouvée, c'était fini. Elle avait 53 ans.
Des années qu'elle en parlait, 18 ans de thérapie, l'amour et l'attention que je lui portais et qu'elle me portait, rien n'a été assez fort, même l'amour de nos enfants.
Son enfance faite de violence et d'abus sexuels remontait inexorablement, elle ne pouvait plus le supporter.
même si je comprend son geste, je suis anéanti, 35 ans de vie commune balayés.
Je suis décidé à continuer le chemin, mais chaque jour est une épreuve, chaque pas vers autre chose demande des efforts qui semblent insurmontables.
Mes enfants 32 ans, 30 ans et 20 ans sont inquiets pour moi, et moi je me dit qu'ils ne méritent pas  la blessure qu'ils auront à surmonter.
Aucun de nous ne lui en veut, sa souffrance était hélas trop souvent palpable, nous respectons son choix.
c'est mon premier message sur le forum, et je n'ai pas la force aujourd'hui d'aller plus loin.
Je suis au tout début du parcours, pas encore 3 mois.
La souffrance morale aussi peut tuer, c'est le témoignage que je voulais vous soumettre.

Patrick,

De tout coeur avec vous. Le cas de ma femme est semblable au cas de la votre.
Quelle énorme tragédie de voir une personne victime ne pas pouvoir guérir et se donner la mort.

Vos enfants ont certainement tellement besoin de vous. Une pensée vraiment très émue pour vous et vos enfants.

Chaleureusement

Bonjour à tous,
merci à Martine, je ne suis toutefois pas frustré de ne pas avoir pu l'aider, pendant des années je l'ai soutenu, aidé, quelquefois avec maladresse sans doute, mais elle savait qu'elle pouvait compter sur moi.
Ce jour là  quelque chose de plus terrible est revenu, la lassitude de son combat  peut-être aussi, elle n'a pas pu attendre quelques heures alors qu'elle l'avait fait tant de fois. Hélas on ne maitrise pas tout. Mais oui, le choc est bien là, et son absence est une douleur quotidienne.

Merci à souci, qui connait le même type de tragédie, c'est un terrible gâchis, mais c'est bien elle qui souffrait le plus, et cela sur des années, ce n'était pas la bonne solution mais il y a eu un moment où il lui a été impossible de trouver une autre voie.

Merci à fleurdecoton, merci d'ouvrir d'autre horizons, je sais, sa vie, notre vie ne se résume pas au 14 et 15 aout dernier, il y a eu des années avec du bonheur, avec des peines, avec des difficultés, mais rien ne semblait insurmontable.
 Et là c'est seul que je doit prendre le chemin, et le fardeau est lourd à porter, la vie semble fade.
J'ai l'impression que ses démons ont gagné, que la lutte était finalement trop inégale, mais non, nous avons je pense construit du "beau" ensemble, 35 ans de complicité, 3 enfants, actuellement 5 petits enfants;  avec tous, des relations chaleureuses. Ces 35 ans nous nous sommes permis mutuellement de les vivre, ce n'est pas seulement elle qui a eu besoin de moi, l'amour était réciproque même si ce n'était pas les mêmes attentes.
Écrire, déposer un peu de douleur, des petits bonheurs aussi (mais pour le moment c'est difficile)  ça fait beaucoup de bien, même s'il n'est pas facile et que les larmes coulent en écrivant, en se rappelant.
à bientôt et merci