Bonjour Val,
Premièrement merci, car ça me soulage beaucoup de lire que je ne suis pas le seule à avoir ressentie cette anesthésie que tu décris.
J'ai vécu mon premier deuil il y a quelques mois, avec la perte brutale de ma maman, et je suis très jeune... La souffrance était terrible jusqu'à ce que je la vois morte : je m'attendais à souffrir énormément, à ce que ça me fasse un choc violent, et au contraire ça m'a fait l'effet inverse, je me suis sentie soulagée... en fait, ça m'a anesthésié. Le choc aurait été trop fort, le cerveau a appuyé sur "stop" la machine des émotions. Le jour de l'enterrement, je n'ai pas versé une larme, je n'ai absolument rien ressentie. C'était terrible car je culpabilisais de ne rien ressentir, d'autant plus que ma relation avec ma mère était très compliquée (je me disais : je suis un monstre, je ne l'aime pas...), et en plus, c'est terrible et j'ai du mal à l'avouer, mais je m'inquiétais aussi de ce qu'allait penser les personnes présentes à l'enterrement de ma mère me voyant insensible, et évidemment je me sentais honteuse de me préoccuper de ce qu'on allait penser de moi dans un jour pareil. J'avais peur que ma souffrance ne revienne pas, que le deuil était fait, facile, "je suis insensible", me disais-je. Et évidemment, la souffrance est revenue.
J'ai compris que mon cerveau me protégeait dans ces moments particulièrement violents. Car c'est une protection, et heureusement qu'elle existe. Ton cerveau te laisse souffler le temps de reprendre des forces pour affronter toute la difficulté du deuil. Je pense que ce blocage n'est pas problématique, il ne faut pas chercher à "s'en sortir". Le cerveau ne réagit pas pareil quand il s'agit d'émotions liés à des événements extrêmement violent que quand c'est des souffrances plus banales, et on est surpris, car ça ne correspond pas à ce à quoi on s'attend (avant, je m'imaginais la souffrance liée à la mort d'un être cher comme une douleur intense et continuelle), car ce type d'événement, heureusement, arrive peu fréquemment dans la vie.
Fais toi confiance, comprends que la manière dont ton cerveau affronte les émotions très violentes est pleine de sens. Il est capable de se créer des protections, et c'est très bon signe.
Bon courage ! je t'embrasse