Bonsoir Marie,
Je veux d'abord répondre à ta question : OUI, on trouve des périodes de répit, des moments à durée très variable, où la vie semble plus douce, et reprend de la saveur...ça peut durer quelques minutes, quelques jours, quelques mois... Il n'y a pas de règle.. Les enfants, nos enfants, ils sont nos moteurs!!! Quel âge a ta fille? Regarde la vivre, partager ses moments de joie, ses bonheurs d'enfant, et aussi ses moments de chagrin, tout cela t'aidera. On a mal quand on voit nos enfants malheureux, mais quand on les voit qui mordent à nouveau dans la vie à pleines dents, car c'est ce qui arrive, heureusement, alors là, on a le coeur qui sourit!!!
Dans les moments où je me sens mal, je me dis que j'ai la chance d'avoir mes deux enfants, en bonne santé.. On a tous des histoires uniques, même si on se rejoint dans la souffrance.
Depuis la mort de mon mari, j'ai fait avec mes 2 zamours des choses que je n'aurais jamais faites avant!! Nous sommes allés voir un grand concert (le 1er pour moi) au stade de France, où nous avons pleuré d'émotion...pas de tristesse! Nous sommes partis 1 semaine à Barcelone l'été dernier. C'était dur pour moi, car c'était la 1ere fois que je partais aussi loin.
Mon mari travaillait sans cesse, il ne savais pas s'accorder de loisirs et de plaisirs; avec lui, tout devait avoir une utilité! C'est peut- être un peu ça qui a fait que la vie lui a semblé aussi insupportable...
Les plaisirs, il ne faut pas forcément les chercher loin...c'est aussi dans la vie de tous les jours... Par exemple, mes enfants et moi, nous nous "empilons" régulièrement dans ma chambre, nous amenons matelas et coussins, et on écoute de la musique, on raconte des blagues, n'importe quoi, je les suis avec plaisir dans leurs "délires", et on adore ça tous les trois!!! On s'amuse à faire des repas où tous les aliments ont la même couleur, des repas ou on commence par le dessert, on fait des jolies tables avec des fleurs, on s'asseoit dans le jardin et on écoute des oiseaux qui "discutent"...
Mais ça n'est pas tous les jours comme ça... Il y a ces moments de vide immense, ou on se demande "ce qu'on fait là" et "ce qu'on va devenir"...
Moi aussi, ces temps-ci, j'ai peur de l'avenir, car ce mot n'a plus vraiment de sens pour ma propre personne.. Mes enfants ont bien sûr l'avenir devant eux, mais moi....
Mon mari a eu une enfance compliquée; sa mère est entrée en hôpital psychiatrique alors qu'il n'avait pas 2 ans; on ne lui a pas expliqué les choses, c'était tabou dans sa famille; il connaissait à peine sa mère et toute sa famille maternelle. Il était fils unique.
Je suis sûre que tous ces non dits ont bouleversé toute sa vie.
Mon mari était très exigeant avec lui même, mais il l'était aussi avec les autres, avec ses enfants, et avec moi même. Et il l'était de plus en plus au fil des années. Il était même assez dur avec son père, qui est un homme tellement gentil..
Mon mari avait déjà eu des idées suicidaires en 2002, et il n'était pas passé à l'acte, j'étais arrivée "à temps". Depuis, les périodes de mal être et celles où il était "bien" se sont succédées. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'aider. Quelques mois avant sa mort, dans un creux de la vague, il m'a avoué qu'il "avait l'impression d'être amoureux de B.", une de mes collègues de travail. C'était horrible à entendre, mais je l'aurais laissé partir avec elle, si ça avait pu le rendre heureux... Mais il ne savait pas ce qu'il voulait... Il était comme perdu.
Ce qui m'a fait le plus mal, c'est qu'en partant, dans sa voiture, il a écrit un mot, dont les gendarmes m'ont donné une copie.. "Pardonnez moi, je vis un enfer, je n'en peux plus depuis trop longtemps!!!! Je vous aime tous! BISES A B.....".
Voilà le mot exact qu'il nous a laissé, le nom de cette femme écrit en évidence...
Je suis désolée...ce message, ce soir, est un peu chaos, comme mon esprit ces jours ci... Il y aura des instants meilleurs... Marie, on n'est jamais plus la même personne APRES.... Pourtant, on essaie de "reconstruire" du mieux qu'on peut, mais on ne peut plus être la même personne qu'avant, et ça, on met énormément de temps à l'admettre, je crois. C'est long, trés long, et il faut être patient et trés doux avec soi même.
Cet après midi, j'ai pleuré car je n'arrivais pas à m'y retrouver sur notre nouvel ordi avec windows 8! Ce soir, j'ai découvert qu'un couple de rouge-queue a fait son nid sous le rebord du toit de notre maison, et...il y a des bébés qui piaillent dans le nid.. ça m'a fait "sourire le coeur" (c'est une expression de mon fils)
A bientôt, et je te souhaite une douce nuit Marie