Une pensée qui me fait très chaud au coeur Mélie, merci. Je souhaite qu'il y ait un mieux pour vous et que vous trouviez
du réconfort auprès des vôtres....
Je m'isole dans ma douleur c'est un fait, toutefois il me semble que c'est un passage obligé...
Il me fallait en outre remettre des pendules à l'heure tout en sachant que je ne changerai rien à la face du monde, que je ne changerai pas ceux qui ne m'ont pas aidée seule avec ma fille.
Pour le corps médical, mes interventions n'auront pas de conséquence pour moi hormis la difficulté de faire simplement entendre ma voix.... le fait de me faire "agresser verbalement" (lourd) par des gens solidaires entre eux..
Quant à ce qui me reste de famille (ma mère étant décédée sept semaines plus tôt) quel remous !
Je l'ai cherché bien sûr.... Je ne pouvais pas me taire....
Qu'ai-je donc à perdre aujourd'hui ?
Un soir de mars dernier, suite à une crise d'angoisse... son cousin vient chercher ma fille pour passer la soirée chez lui ! En route elle est agitée (fatigante mais non agressive du tout), il appelle ses parents (ma soeur) qui propose qu'elle dorme chez eux... Craignant sans doute pour leur confort, changement de direction, il l'amène aux urgences d'un hôpital.
A 3 h du matin, on me demande d'aller la rechercher, ne conduisant pas la nuit, je demande à ce qu'on la garde jusqu'au matin.
Le matin elle était hospitalisée : cure de sommeil. Le lendemain, je l'ai retrouvée avec une grande rigidité musculaire (fortes doses de nozinam, je ne l'ai su que quatre mois plus tard après avoir enfin obtenu un entretien avec le chef du service...) complètement aboulique !
Elle a ainsi été coupée de ses enfants, son oxygène à elle, son but, sa vie !
Les symptômes ont été apaisés mais pas la cause et lorsqu'elle est ressortie au bout de deux mois et demi (pourquoi cette durée ?) sans suivi sérieux -je l'avais dit- elle a rechuté... tandis-que ses enfants croyaient retrouver une maman guérie, après tout ce temps.... Elle aussi était heureuse à l'idée de reprendre une vie "normale" !
En fait elle me semblait vidée de son énergie, après ce trop long séjour selon moi, qu'elle avait fini par accepter pour prouver ses efforts dans le but d' aller mieux !
Après son suicide "altruiste ?" (dans son mot elle dit qu'elle ne veut pas que ses enfants aient une maman malade ni être un poids pour sa mère... mot qu'ils n'ont pas encore vu....) j'ai ressenti le besoin de dire -à tous- tout ce que j'ai découvert après....
A commencer par le père des enfants dont l'attitude déloyale a plongé la mère de ses enfants dans la précarité et la dépression, (ma Cath ayant laissé des documents révélateurs chez moi) ainsi que la famille de celui-ci qui -lors de la préparation de ses obsèques- accusait ma fille d'avoir fui ainsi ses responsabilités et abandonné ses deux enfants.
Oui je me culpabiliserai encore longtemps.... avant d'être à même de revoir l'image de ma fille pétillante, sa joie de vivre, d'entendre à nouveau ses rires communicatifs, ses enfants heureux courant derrière elle, je reverrai longtemps son visage en larmes de ce matin du 10 juillet et l'après-midi son calme qui n'était que résignation, confrontée à tant d'incompréhension générant tant de souffrance, à tant de désinvolture des médecins qui l'ont "soi-disant" suivie, sans coordination aucune !
Maintenant, il va me falloir courir derrière deux enfants qui grandissent sans leur maman, avec qui je voudrais continuer à garder
le lien entre elle et eux.
Ils occultent le drame.... me fuient j'ai l’impression... car quelquepart je dois leur rappeler par ma seule présence la maladie qui a
emporté leur mère, ils doivent le sentir que je tiens leur père responsable de la situation !
Jeudi, je ferai 60 kms aller-retour pour d'abord aller sur la tombe de mon enfant, puis voir ma petite-fille de 9 ans à la sortie de l'école...
Même rituel : nous prendrons le goûter, je les accompagnerai -elle et sa nounou- jusqu'à la porte de la petite maison "de ma fille, agencée par elle et moi" je lui ferai un bisou à la porte, elle me quittera joyeuse d'aller à ses jeux et devoirs en attendant le retour tardif du père.
Et moi, comme d'habitude, je rentrerai.... en larmes... inévitable !
Le soir devant la photo de ma Cath, j'allumerai la petite bougie et lui raconterai.... ce bref mais précieux instant ... avec sa fille !
Le grand -17 ans le mois dernier- reste en montagne tout l'hiver, il ne répond jamais à mes SMS....
Quand je n'en peux plus, oui Mélie j'appelle "Phare Parents-enfants" ou "Jonathan Pierres Vivantes" ou" Vivre son deuil" ; je change
de département pour avoir des échos différents.... Il m'est arrivé d'appeler SOS Suicide et la nuit SOS Amitié car j'ai traversé des moments de grande vulnérabilité, où je me suis dit que je ne surmonterai pas...
Ma fille qui me croyait forte !!!
Je voudrais faire mienne cette belle citation de Martin Gray ! Je ne dois pas être la seule sur ce forum à le souhaiter...
A Toutes à Tous, force et douceur. Mammj