Mammj,
Dans un autre fil de discussion j'ai été interpellée par vos messages car tout ce que vous dîtes au sujet de la dépression de votre fille c'est ce que je ressens par rapport à la dépression de ma maman. J'ai déjà raconté mon histoire dans une autre discussion au sujet du décès d'une maman mais je vais vous la (re)raconter brièvement. Ma mère a perdu sa mère en décembre 2005. Je n'ai pas été attristée par le décès de ma grand-mère car c'était une personne malveillante et je n'ai pas assez soutenue ma mère dans cette épreuve voire pas du tout, j'étais adolescente et je pensais que ma grand-mère était morte d'une mort naturelle cela me semblait donc logique car il avait autour de 80 ans et comme ma mère avait été beaucoup souffert à cause de sa mère je ne pensais pas qu'elle serait mal. En janvier 2007 maman a fait sa première tentative de suicide alors que j'avais 17 ans je n'ai rien compris. Elle en a fait plusieurs, peut-être 6, 7 je ne sais pas entre 2007 et 2010. Elle s'est suicidée fin 2011. J'ai été très en colère car cette maladie affreuse car elle change totalement la personne, lui fait perdre son emploi, ses amis, sa volonté, son envie de vivre, son goût pour la vie, cette maladie, la dépression, est la pire des maladies qui soit, elle est surnoise, difficile à décerner, l'entourage de la personne dépressive ne comprend pas qu'il s'agit d'une maladie et prenne la maladie pour la personnalité de la personne malade, ils disent au malade qu'il est fainéant, qu'il doit se "bouger" etc. Mais cette maladie affreuse enlève toute volonté au malade. Alors que pour les autres maladies la volonté n'est pas détruite, et cette volonté est indispensable pour lutter contre la maladie... Pour la dépression eh bien plus de volonté, donc plus envie de se battre, plus d'espoir de guérison, d'apaisement de la souffrance, une seule "envie", issue de secours, le suicide pour mettre fin à cette souffrance atroce. Cette maladie a fait perdre à ma mère sa nature profonde, ce qu'elle était avant la maladie, la joie, le dynamisme, la détermination, cette maladie a donc changé ma mère de souriante, dynamique, mince, joyeuse elle est devenue par la maladie triste, au regard plein de tristesse et de désespoir, elle est devenue très fatiguée, incapable de faire des gestes quotidiens, elle a grossi à cause des médicaments et de la mauvaise alimentation due à sa fatigue (elle ne se faisait donc pas à manger) bref elle a perdu ses amis, son emploi tout et en plus était en surendettement pas l'idéal pour sortir d'une dépression. Elle a été prise en charge, psychiatre, séjours en clinique, bien entendu antidépresseurs, somnifères, et même des électrochocs, plusieurs séries, sous anesthésie générale et rien pas de guérison... Je culpabilise énormément, même si je sais que j'étais l'une des rares personnes à l'aider, me promener avec elle, etc je culpabilise car si j'avais su qu'elle mourrait de cette dépression, pendant ces cinq années au lieu de vivre ma vie (études, amis, petit ami) eh bien je lui aurais consacré tout mon temps, oui.. Mais voilà j'étais jeune, un ignorante, au bout d'un moment on vit avec cette maladie et comment dire on essaye pas au jour le jour de la combattre, on a notre vie, nos états d'âmes, on ne dit pas toujours les mots qu'il faut etc et je culpabilise car j'ai découvert après son suicide que j'aurais pu la faire interner de force (et ce en ayant déjà auparavant parcouru des sites sur la dépression, j'ai découvert ça dans un livre j'aurais dû l'acheter avant). Bref je culpabilise, je vivais avec elle mais à mes 18 ans après qu'elle a fait deux tentatives de suicide eh bien je ne saurais expliquer pourquoi, comment, je ne m'en souviens plus, j'ai décidé de vivre seule, dans un studio, à quelques rues de chez elle, pourquoi ai-je fait ça? Alors qu'elle était malade? Quand j'allais la voir aux urgences après ses tentatives parfois des psy me demandaient pourquoi je ne retournerais pas vivre avec elle et je leur disais qu'elle avait déjà fait des tentatives de suicide quand je vivais avec elle et que justement j'étais partie à cause des tentatives de suicide sinon je ne pensais vraiment pas partir à 18 ans... Et je culpabilise pour plein de choses j'aurais dû lui consacrer plus de temps mais voilà j'avais mes études, les partiels, j'avais mon copain que je voyais le week-end, je la voyais chaque semaine, mais parfois elle annulait, je culpabilise beaucoup. La dernière fois que je l'ai vue c'était un mercredi, le lendemain j'ai voulu la revoir car un prof était absent mais elle a annulé en pleurs car avait pris un somnifère donc était incapable de conduire, elle allait mal, je le savais, pourquoi je n'ai rien fait de plus que de vivre la situation, le vendredi j'ai hésité à aller la voir mais elle était partie s'acheter un nouveau chargeur de portable je suis donc allée chez mon copain, le samedi alerte elle avait pris somnifères sur somnifères de sorte à dormir toute la journée, elle m'a promis au téléphone qu'elle n'en avait pris qu'un, j'ai voulu lui faire confiance, et surtout ça faisait un an et demi qu'elle n'avait plus fait de tentative de suicide ni de séjour en clinique donc je pensais que c'était sur la bonne voie malgré son mauvais moral des dernières semaines, donc le samedi soir j'ai pleuré mais je lui ai fait confiance, car il m'était arrivé d'appeler le samu pour rien car je ne l'avais pas crue, j'ai voulu la croire, je ne sais pas pourquoi, et le lendemain matin je ne sais pas pourquoi non plus je lui ai envoyé un sms vers 7h du matin en lui disant de ne pas oublier le changement d'heure et qu'elle me réponde car ça me rassurerait, elle m'a répondu "tout va bien ma puce", quelque chose comme ça, donc je me suis rendormie, le midi je lui ai envoyé un sms pour lui proposer qu'on fasse une sortie l'aprèm, pas de réponse, et là j'ai appelé non-stop pendant longtemps et j'ai hésité à y aller, on me disait de ne pas m'inquiéter, j'ai quand même appelé la voisine qui a la clé qu'elle aille la voir, et là elle tardait à me rappeler et m'a dit qu'elle était morte. Je sais qu'il ne faut pas dire "et si et si et si". Mais voilà le vendredi elle avait rdv avec sa psy pour un nouveau traitement, donc voilà pourquoi j'avais espoir que ce mauvais moment qu'elle vivait prendrait fin, pourquoi je n'ai pas appelé le samu le samedi soir? Même si je sais que voilà elle n'a pas mis fin à ses jours samedi soir car elle m'a répondu dimanche à 7h du matin mais qu'elle est morte dimanche en milieu de matinée apparemment. Pourquoi je ne lui ai pas proposé la sortie dans mon sms à 7h du matin? Ca aurait peut-être changé quelque chose? Mais d'un côté voilà en 2007 elle a été dans le coma, dès 2007 elle voulait mourir, et voilà comme on me dit elle pouvait faire ce geste pendant que j'étais en cours, ou en voyage. Mais voilà j'avais réussi à intervenir à toute ses tentatives de suicide... Mais là le hasard, trop de médicaments par rapport à d'habitude, un nouveau traitement, un mélange avec de l'alcool, et j'ai appris, plus tard, que la pharmacienne lui avait fait une avance de trois mois de son traitement (j'ai voulu parler à cette pharmacienne mais je n'ai aps réussi à avoir ses coordonnées et j'ai fini par le plus être en colère), donc elle voulait mourir. Non je ne pouvais pas la sauver tout le temps. Et d'un côté voilà elle reçoit mon sms à 7h du matin de sa fille et 2h après elle se suicide? Déjà je ne sais plus quand je lui avais écrit je t'aime etc et elle avait quand même tenté de se suicider... Je culpabilise j'aurais dû faire davantage me renseigner plus. Pourquoi j'en sais plus maintenant qu'elle est morte? Ce qui ménerve c'est qu'on dit que la dépresison se soigne que "seulement 7% se suicident" même ma psy m'a dit ça, mais moi j'ai la preuve qu'on ne peut pas forcément guérir d'une dépression, ma mère avait tout essayé. Mais être isolé, sans vie sociale, avec des pb financiers, un entourage qui vous lâche, une psy qui ne fait que des ordonnances... Longtemps l'ai cru pouvoir la sauver et peu de temps avant sa mort j'ai compris que non... Je culpabilise trop. Pourtant j'ai fait des démarches pour qu'elle ait un logement social mais elle n'a pas rempli le dossier, pour qu'elle bénéficie d'aide pour pouvoir consulter un psychologue et non plus un psychiatre... Bref Mammj ne comprends votre colère sur l'entourage qui laisse le dépressif etc ... Je suis fatiguée, perdue... Merci de me répondre ça me ferait plaisir je vous écrirai demain