Que vous dire Cabrau ? Non, c'est sur nous ne sommes pas préparés à ça. Jamais je n'aurais imaginé un seul instant que ma fille face ce geste à 12 ans. Cela va faire presque 6 mois et il n'y a pas si longtemps j'ai réalisé que je n'étais pas la seule à souffrir. Mon mari et mes enfants souffrent également atrocement et je me dois d'être un peu plus forte devant eux. Je dirais même que mes enfants vivent la double peine : la perte de leur soeur et la souffrance de leurs parents.
Parfois, j'arrive à prendre suffisamment de recul pour tenter de comprendre son geste. Je ne dis pas que je l'accepte mais je tente de le comprendre. Et puis à d'autres moments je suis submergée par l'émotion, le vide, le manque, la douleur et ces jours là je sors car je serais capable de tout. Alors je fuis ma maison, en général jusqu'au retour des enfants de l'école et j'attends patiemment que ces fortes émotions passent. Les affaires de ma puce sont toujours dans son armoire et cela me fait mal de les voir. J'ai en revanche retiré des grandes photos de ma fille ou elle était seule dessus et les ai remplacé par d'autres ou nous sommes tous les 7, en famille. J'ai retiré toutes les photos des murs de la chambre de sa petite soeur pour les mettre dans un album photo qu'elle peut regarder quand elle veut. Nous avons installé une télé dans la chambre de Jeanne de telle sorte que nous n'y allons plus uniquement pour pleurer. Nous allumons des bougies dans sa chambre et au cimetière ou nous pleurons beaucoup mon mari et moi. Nous mangeons dans la cuisine, c'est plus cosy et change notre quotidien. Nous nous accordons un week -end par mois au bord de la mer en famille, moment devenu ESSENTIEL et attendu par tous ou nous prenons énormément de photos que nous accrochons partout dans la maison mélangées à celles de Jeanne. Voilà, tout cela pour vous dire chère Cabrau qu'il n'y a pas de solution miracle face à ce cauchemar mais je voudrais vous dire qu'un jour vous verrez une petite lumière s'éclairer, loin, très loin. Pour moi elle représente l'espoir, l'espoir de vivre. Cette lumière est encore petite mais je sais que c'est mon chemin. Je vis dans l'espoir qu'un jour je pourrais penser à ma fille sans avoir l'impression qu'on me déchire les entrailles et me donne l'envie d'aller la rejoindre.
Je vous souhaite beaucoup de courage Cabrau ainsi qu'à votre famille.