Chanson : La mémoire et la mer... Léo Ferré... 
https://www.youtube.com/watch?v=rynZ2LRpAyoLa marée, je l'ai dans le coeur 
 Qui me remonte comme un signe 
 Je meurs de ma petite soeur, de mon enfance et de mon cygne 
 Un bateau, ça dépend comment 
 On l'arrime au port de justesse 
 Il pleure de mon firmament 
 Des années lumières et j'en laisse 
 Je suis le fantôme jersey 
 Celui qui vient les soirs de frime 
 Te lancer la brume en baiser 
 Et te ramasser dans ses rimes 
 Comme le trémail de juillet 
 Où luisait le loup solitaire 
 Celui que je voyais briller 
 Aux doigts du sable de la terre 
 Rappelle-toi ce chien de mer 
 Que nous libérions sur parole 
 Et qui gueule dans le désert 
 Des goémons de nécropole 
 Je suis sûr que la vie est là 
 Avec ses poumons de flanelle 
 Quand il pleure de ces temps-là 
 Le froid tout gris qui nous appelle 
 Je me souviens des soirs là-bas 
 Et des sprints gagnés sur l'écume 
 Cette bave des chevaux ras 
 Au ras des rocs qui se consument 
 Ô l'ange des plaisirs perdus 
 Ô rumeurs d'une autre habitude 
 Mes désirs dès lors ne sont plus 
 Qu'un chagrin de ma solitude 
 Et le diable des soirs conquis 
 Avec ses pâleurs de rescousse 
 Et le squale des paradis 
 Dans le matin mouillé de mousse 
 Reviens fille verte des fjords 
 Reviens violon des violonades 
 Dans le port fanfare les cors 
 Pour le retour des camarades 
 Ô parfum rare des salants 
 Dans le poivre feu des gerçures 
 Quand j'allais, géométrisant, 
 Mon âme au creux de ta blessure 
 Dans le désordre de ton cul 
 Poissé dans des draps d'aube fine 
 Je voyais un vitrail de plus, 
 Et toi fille verte, mon spleen 
 Les coquillages figurant 
 Sous les sunlights cassés liquides 
 Jouent de la castagnette tant 
 Qu'on dirait l'Espagne livide 
 Dieux des granits, ayez pitié 
 De leur vocation de parure 
 Quand le couteau vient s'immiscer 
 Dans leur castagnette figure 
 Et je voyais ce qu'on pressent 
 Quand on pressent l'entrevoyure 
 Entre les persiennes du sang 
 Et que les globules figurent 
 Une mathématique bleue, 
 Dans cette mer jamais étale 
 D'où me remonte peu à peu 
 Cette mémoire des étoiles 
 Cette rumeur qui vient de là 
 Sous l'arc copain où je m'aveugle 
 Ces mains qui me font du fla-fla 
 Ces mains ruminantes qui meuglent 
 Cette rumeur me suit longtemps 
 Comme un mendiant sous l'anathème 
 Comme l'ombre qui perd son temps 
 À dessiner mon théorème 
 Et sur mon maquillage roux 
 S'en vient battre comme une porte 
 Cette rumeur qui va debout 
 Dans la rue, aux musiques mortes 
 C'est fini, la mer, c'est fini 
 Sur la plage, le sable bêle 
 Comme des moutons d'infini... 
 Quand la mer bergère m'appelle