Bonsoir, je ne sais pas par où commencer.
J'ai 56 ans et je croyais que je m'en sortais bien...
Il est une heure du matin et je me sens oppressée et terriblement seule.
J'écris donc tout ce qui me passe par la tête, pour me débarrasser de mes pensées perturbées. Un peu comme une confession, j'en suis désolée.
Depuis trois semaines, j'ai le sentiment de régresser et je ne cesse de ressasser.
Pourtant les gens vous diront qu'ils admirent ma manière d'avancer ...mon optimisme et ma bonne humeur.
Ben oui, j'arrive à sourire et à très bien cacher.
Car j'applique l'adage : "faire semblant jusqu'à le devenir vraiment" et souvent ça marche mais là, je sens que je lâche.
Ne vous détrompez pas, j'arrive aussi à pleurer seule et devant eux et je parle très facilement de mon mari avec humour, émotion et tendresse.
La maison est calme et son côté du lit est vide.
Depuis son décès, il y aura bientôt 3 ans, je me suis jetée dans toutes sortes d'activités culturelles, j'ai voyagé et j'ai écrit beaucoup.
Je me suis mise à draguer, moi qui n'avais eu que deux amours sérieux dans ma vie. Je me suis inscrite sur toutes sortes de sites de rencontres, pour tenter de (re)trouver la tendresse et l'affection qui me manquaient, sachant très bien que c'était SON regard et SON toucher que je recherchais. J'avais besoin de me sentir femme, de savoir si je plaisais toujours et surtout de me sentir aimée. Et il faut dire que cela avait marché.
J'ai donc connu des hommes; des biens comme on dit, mais bien évidemment, personne n'était et n'est comme lui.
Des relations "pansement" et ce n'est pas encore fini, car à chaque fois, au bout de quelques mois, je n'en ai plus envie.
Depuis un moment, je me prépare à annoncer à mon ami, qui vit à quelques heures de chez moi que je ne vois pas d'avenir avec lui.
Je me sens coupable car il semble plus attaché et il est si gentil mais moi j'ai besoin de vibrer, de me sentir vivante, de rire et de faire des projets de partage dans l'enthousiasme et la joie. Je ne suis pas prête à avoir moins que ça. Je pense que je le mérite car j'ai assez souffert, voilà.
Oui, j'ai encore des rêves d'enfant, de l'enthousiasme, des envies de partage et de romantisme, à mon âge.
Comme un besoin urgent de remplir les années qui restent à venir avec de beaux projets utiles et futiles à la fois, pour lui montrer que j'en fais bon usage mais surtout aussi pour moi.
J'ai co-écrit une pièce de théâtre sur mon veuvage et sur mes rencontres internet, en son hommage. J'ai voulu y faire passer des messages d'espoir et parler d'amour mais surtout avec humour car il pratiquait l'humour noir. Il aimait rire avec la mort. La sienne aurait d'ailleurs pu gagner le premier prix au festival d'humour noir de la vie.
Nous avons joué la "première" il y a 3 semaines et c'était un énorme succès. J'ai réussi un rêve.
Mais me voilà vide et triste à présent, dans l'attente de la jouer encore et encore pour m'occuper, faire rire et parler de lui.
Avec l'adrénaline de cette réussite retombée, j'ai l'impression de me trouver dans un trou, dans un grand flou.
Et maintenant je fais quoi ? Je ne travaille pas et je ne vois personne si je reste chez moi.
Je n'ai pas beaucoup d'ami.e.s mais un réseau de connaissances dans la ville où nous habitions, que j'ai quittée, pour tenter de me reconstruire ailleurs.
En fait, je viens de l'étranger et mon mari était Anglais.
Voilà, je me sens un peu mieux après vous avoir confié quelques pensées intimes.
Je continuerai à me battre, à me lever le matin, à caresser mon chien, à regarder des vidéos comiques pour me faire rire alors que parfois j'ai plutôt envie de mourir car sans lui c'est encore difficile tous les jours et comme vous le savez aussi, et en soirée, pour moi c'est le pire.
On fait ce qu'on peut, parfois moins bien parfois mieux.
Je pense à vous tout.e.s qui souffrez aussi !