Bonjour Myriam

Je continue de lire attentivement ton histoire...
Ta maitrise est impressionnante. Tu sembles gérer toutes ces émotions qui, pour le plupart de nous, nous envahissent, nous submergent, nous plongent dans des états d'incompréhensions, de colère et de culpabilité qui nous laissent sans force.  Tu fais preuve  de beaucoup de force et de courage, ton deuil est si récent  et pourtant tu semble arriver à gérer tout ça...

les photos ne vous ont pas été données en même temps que son bracelet ? Ou s'agit-il d'autres photos ?  Beaucoup font aussi les empreintes de pieds ou de mains, ils ne l'ont pas fait pour votre bébé ?
Je n'ai pour ma part pas de photos, les conditions de mon accouchement étaient un peu particulières. Cela restera l'un de mes regrets, ne pas contempler mon fils, ne pas me nourrir de son image.  Tu as vu les photos de ton fils, tu as vu ton fils... Tu es bien placée pour savoir que ton fils était parfait...   Ces photos sont des biens précieux. Si les regarder est trop douloureux, garde les ranger. Arrivera le jour où les regarder procurera plus d'élan d'amour que de souffrance...


Il est évident que même si les affaires de votre petit n'ont jamais servies et qu'elles sont neuves,  c'est tout ce qu'elles représentent qui les rend si précieuses.. Tous les espoirs, tous les projets, tout l'amour pour ce petit bout, toute la douleur et la souffrance qui reste. Beaucoup de parents n'ont pu ranger la chambre avant plusieurs mois... Pour ma part , ayant dû rester 2 mois à l'hôpital après mon accouchement, c'est le papa de mon petit et mon frère qui ont eu la lourde tâche de démonter chaque meuble, ranger chaque objet, donner les produits de toilettes . Ce moment que je n'ai pas vécu a été très éprouvant et quand je suis enfin rentrée chez moi, je suis allée directement dans cette pièce vide... Comme moi..  Durant les mois qui ont suivi, j'ai passé des heures assises par terre au milieu de cette pièce comme si je pouvais avoir une chance de remonter le temps, de revivre ses jours, ces mois de grossesse , de me retrouver dans cette chambre d'enfant  avec mes rêves et mes espoirs, avec mon petit bout gigotant dans mon ventre....
Il nous a fallu plus d'un an pour réinvestir cette pièce en bureau...

Douces pensées à nos petits
Nicole

Un jour de plus.

Merci Monangesaveriu pour ton message. J'en ai eu les larmes aux yeux. Merci de me répéter ces mots pour que je les accepte. Merci d'apporter un regard extérieur amical sur notre histoire. Cela me touche beaucoup.

Aujourd'hui ça va.
Vous vous rappelez quand je vous ai parlé de "l'indifférence" de mes collègues à mon retour de congé maternité ? Et bien hier j 'ai mangé en tête à tête avec l'une d'entre eux et nous avons discuté. Elle m'a dit qu'elle-même n'avait pas souhaité aborder le sujet car elle le trouvait encore trop proche. Elle a pu entendre que j'avais été blessée par leur comportement. Elle m'a aussi dit que certains n'aborderaient jamais le sujet car mal à l'aise avec et qu'ils ne souhaitaient pas en parler. D'autres n'en parleront pas parce que "qu'est ce qu'il y a à raconter ?".

Je ne sais pas si je peux le comprendre mais je peux l'entendre. Pour moi, à plusieurs on reste plus forts. L'empathie et la compassion me semblent vitales ne serait ce que pour réconforter l'autre. Mais bon ce n'est que mon avis.

Enfin j'aimerai partager avec vous une citation d'Agnès Ledig que j'ai vu sur internet et qui me réconforte. C'est mon nouveau leitmotiv:

JE FAIS DE MON MIEUX, DANS LE RESPECT DE MOI-MEME, AVEC LES CARTES DE L'INSTANT, LE RESTE APPARTIENT A LA VIE.

Un jour de plus.

Aujourd'hui, jour triste. Cela fait 4 mois que le cœur de Valéry s'est arrêté et notre vie suspendue.

Je veux et je vais ce jour vous parler de force et de courage. Beaucoup de monde autour de nous nous parle de combien on est fort, combien on a de courage, qu'eux-mêmes n'auraient jamais pu gérer comme nous,... Encore une fois tout est relatif et fonction de chacun. Je ne veux pas par mes mots sur ce blog vous offrir un point de comparaison avec votre histoire qui pourrait vous faire souffrir, vous faire dire "mais comment elle fait ?Ne suis-je pas normale ?..." Vous êtes comme vous êtes avec votre histoire et votre vécu.
Avant d'affronter un tel évènement, personne ne peut dire comment il réagirait, nous ne sommes pas préparés à réagir à de tels chocs. Moi-même je n'en savais rien. J'avais déjà discuté avec une collègue qui a perdu son enfant de la mort subite du nourrisson et j'avais essayé de me mettre à sa place. Mais c'était trop énorme.

J'ai réagi et je réagis encore en fonction de mes émotions, de mon entourage, des mots que j'entends, de ma foi. Je n'ai pas vraiment d'astuces à vous donner si ce n'est de parler. Parlez de votre enfant, parlez de votre ressenti, parlez quand cela ne va pas (ou écrivez), n'ayez pas peur de mettre les gens en face de vous mal à l'aise (ils géreront). Surtout ne laissez pas le "tabou" s'installer. Je sais que c'est difficile, j'en ai fait l'expérience, mais je me "force" à dire les choses, à ne pas laisser des situations blessantes persister. J'utilise tout: le mail, le courrier, le sms, le téléphone.

Ne pas dire les choses c'est pour moi une façon de mettre un mouchoir sur sa douleur, sa peine sans l'atténuer simplement pour "épargner" les gens. Nous avons vécu quelque chose d'horrible, d'impensable il faut le partager. Ne partageons pas que nos moments de joie.

Dernière chose: vous êtes forts! nous sommes forts! Ne serait ce que parce que nous sommes sur ce forum, que nous cherchons des gens qui ont traversé  notre épreuve et qui vont mieux.
Tout cela démontre une envie de comprendre, d'assimiler et d'aller de l'avant.

Nous progressons j'en suis sûre

Un jour de plus.

Nicole je viens de m'apercevoir que je n'avais pas répondu à tes questions, je suis désolée. Concernant les photos qu'ils ont prises, ils les conservent ad vitam aeternam à la clinique et nous pouvons les récupérer quand on le souhaite. Nous ne souhaitions pas les emporter au mois de juin car nous ne savions pas comment gérer ces photos et surtout quoi en faire. Pour les empreintes, cela se fait lorsque le bébé est décédé récemment. Pour nous il était parti depuis trois jours et sa peau était devenue bien trop fine pour ce type de manipulation... On aurait bien aimé car, selon la sage-femme, il avait de très grands pieds
Concernant la chambre de bébé que vous avez eu du mal à réinvestir, la question ne se posait pas pour nous. Nous sommes en train de rénover une maison et Valéry aurait été dans notre chambre pour un temps. Je pense que sinon comme toi j'y aurais passé beaucoup d'heures...

Merci Catita49 pour ton message. Je pense qu'il n'y a pas vraiment d'échelle de douleur et que perdre sa maman doit être une épreuve  tout aussi difficile. J'ai la chance d'avoir encore la mienne et je ne peux imaginer ce qui se passera quand elle partira. Je te souhaite plein de courage pour poursuivre ton chemin de deuil.

Aujourd'hui je vais vous parler de notre visite auprès de notre fils. Comme je vous l'avez dit, nous avions fait le choix de mettre ses cendres en montagne à côté d'une petite chapelle. Ce coin tranquille nous apaise et nous souhaitions y retourner avant l'hiver (et la neige). De plus nos familles souhaitaient découvrir l'endroit que nous avions choisi.
Nous voilà partis ce dimanche sous le brouillard... mais heureusement le ciel se dégage et arrivés au point de départ nous sommes sous un magnifique ciel bleu ! Merci Valéry
Cette journée fut superbe, nous avons pu pique-niquer à côté de Valéry sous le soleil et en t-shirts, partager ce moment tous ensemble et discuter. Mon père lui a même raconté une histoire de marmottes . Instant magnifique !

Nous avons beaucoup apprécié ce moment partagé et nous sommes repartis le cœur plus léger.

J'imagine ce lieu.....et je le vois si paisible, si tranquille, cette communion avec la nature doit aider à se ressourcer.

Oui, comme Bulle 777 merci de ce partage.

Un jour de plus.

Merci pour vos mercis ! Cela fait chaud au cœur

Aujourd'hui je vais vous parler une fois encore d'une réaction positive à notre envie de parler, de mettre des mots sur notre tristesse.
J'ai une collègue de travail dont je suis proche qui a accouché en urgence le samedi 20 juin, jour de la cérémonie de Valéry, d'un petit garçon. Autant vous dire que je n'ai pas encore pu voir ce petit bonhomme. Nos histoires sont maintenant très liées et je savais qu'il faudrait qu'on se voit pour en parler, de préférence avant son retour de congé maternité.

C'est chose faite. Je lui ai proposé d'aller manger ensemble un midi toutes les deux. Nous avons pu ainsi partager nos histoires. Sa peur de perdre son enfant né prématurément (1 mois et demi), les jours en soins intensifs, sa fausse couche précédente (dont on n'avait jamais parlé), sa grossesse vécue dans l'angoisse et Valéry. J'ai beaucoup pleuré   et elle avait les larmes aux yeux. C'était nécessaire.
Nous avons posé nos mots et confronté nos expériences. Nous sommes toutes les deux plus "fortes" aujourd'hui et aussi plus proches. Je peux maintenant envisager d'aller faire la connaissance de son petit garçon plus sereinement.

A demain peut être (ce ne sera pas facile : jour des 4 mois de Valéry et journée du deuil périnatal)

Un jour de plus.

Aujourd'hui jour mémoire et recueillement dédié à Valéry.