Bonjour.
Merci pour vos réponses.
Je me rends compte que c’est un peu bête comme image mais je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens. C’est vrai que j’ai l’impression d’avoir tout le temps mon fils dans un coin de ma tête, peu importe ce que je fais mais, et heureusement pour moi, je n’y pense pas de façon consciente tout le temps. C’est en cela que j’ai l’impression qu’il fait partie de moi mais que de temps en temps j’ai un événement, quelque chose qui m’y fait penser plus intensément.
Lorsque j’ai repris le travail après « mon congé maternité », j’ai cru que je n’y arriverais pas. Et pis finalement, je me revois dans les escaliers le premier jour, avec la sensation d’avoir un petit être, comme un papillon, qui me suivait partout. Et quelque part, il m’a donné le courage de revenir au monde après tout ça, d’affronter ces gens qui savaient!
Depuis, j’ai changé de travail et une de mes premières pensées lorsque cela s’est concrétisé, c’est que là où j’irais personne ne connaîtrait l’existence de mon bébé, et ça, ça a été dur. Depuis, je me suis assez rapprochée d’une collègue pour pouvoir lui en parler et cela m’a beaucoup réconfortée, car avec elle, je peux évoquer ma première grossesse, mon premier accouchement, bref, ces moments qui me sont si chers !
Claire, tu parles de courage mais ce n’en est pas particulièrement. Je ne veux pas que ma fille soit pénalisée par ce qui s’est passé avant sa naissance. J’ai l’impression que dès le lendemain de la naissance de son frère, je me suis battue pour elle, pour qu’elle ait une vie la plus normale possible. Je pense que sans le projet de lui donner naissance, je me serais beaucoup plus laissé aller. Moi j’ai tout de suite voulu retomber enceinte et pourtant, ma grossesse a été psychologiquement très difficile. Je n’ai pas pu l’annoncer à qui que ce soit, et lorsque à six mois de grossesse, mes parents ont abordé le sujet, je me suis effondrée en pleurs, incapable d’évoquer le sujet. Mais j’ai toujours eu comme objectif qu’elle serait ma priorité. Et puis je dois avouer que chaque année, je me fais avoir, je me dis que je vais bien gérer et à chaque fois j’y arrive pas et du coup, c’est d’autant plus dur que ça me prend par surprise. Le fait de présumer de mes forces, me donne du courage en quelques sortes. ;-)
Par rapport à cette double date, j’ai essayé de voir les choses autrement. J’ai pris ça au départ comme la continuité de ma démarche : je ne voulais pas qu’il y ait de tabou par rapport à ce que nous avions vécu, qu’il y ait des lieux, des personnes, des dates que nous ne supportions plus. Bien entendu, vous savez tous et toutes, combien c’est compliqué. J’avais particulièrement cet objectif par rapport à la maternité et au suivi de grossesse. Mon conjoint travaille en face de la maternité et je ne voulais pas que tous les jours, il aille au travail en pensant que c’est là que son fils est mort, que ce lieu n’évoque que cela pour lui. J’ai donc choisi d’accoucher au même endroit, avec le même médecin. Le sort, lui, a continué le boulot : j’ai eu la même chambre attribuée (le personnel s’est excusé et n’avait pas le choix et ce sont eux qui ont eu la démarche de m’en parler, j’ai trouvé cette attention très touchante) et j’ai donc accouché le même jour.
Ensuite et j’y ai pensé hier, je me dis que c’est aussi une bonne chose dans la mesure où les personnes qui nous envoient un message pour l’anniversaire de notre fille, évoquent son frère et pour nous c’est important, ils n’oseraient peut-être pas envoyer un message « juste » pour Gabriel. Et ainsi, au fil des années, la date de naissance de Gabriel ne sera pas oubliée. Du moins c’est ce que je pensais, car ma propre mère a quand même réussi cet exploit hier ! Elle n’a pas compris pourquoi je lui disais que c’était « un peu » dur hier !
Merci à tous et toutes d’être présents car même les plus proches ne comprennent décidément vraiment pas ce qu’on traverse !