Chère Lydie,
Je suis de tout coeur avec toi. J'ai également perdu mon papa. Il est décédé le 24 octobre dernier, brûtalement d'un infarctus massif alors qu'il n'avait jamais eu d'alerte. Pour toi, c'est encore vraiment tout récent! Le premier mois m'a personnellement été ATROCE! Jamais de ma vie je n'aurais un jour imaginé souffrir de la sorte. Pourtant j'avais déjà vécu plusieurs deuils. Les fêtes de Noël ont bien évidemment été pénibles. J'ai commencé à me sentir mieux en début d'année et puis la fatigue a repris le dessus entrainant de nouveau un moral bas. J'ai la "chance" de ne pas travailler (c'est aussi bien sur un désavantage d'être au chomage mais je me sens incapable faire des démarches d'emploi pour le moment!) et donc de vivre mon deuil à mon rythme...
Je reprends en bleu certains passages de ton fil...
Mon papa etait mon papa et mon meilleur ami, c est lui qui adolescente restait pres de moi jusqu a pas d heure le soir pour ecouter mes problemes, c est lui qui quand j en ai eu marre de l ecole m a propose un metier. Nous avons travaille cote a cote pendant 13 ans et ensuite j ai repris sa societe.Je sais qu avec le temps on apprivoise sa douleur, mais c est tellement vif......Je comprends à travers c e que tu dis que tu étais très proche de ton papa, et si vous travaillez ensemble cela signifie que vous passiez des moments forcément complices chaque jour et qu'il te manque désormais cruellement au quotidien. Moi c'est pareil, je vivais avec mon papa (et aussi avec ma maman qui a un cancer non curable, et mes jumeaux de 5 ans) malgré mes 42 ans. Comme je suis célibataire et que mes parents vivaient de manière séparés dans la maison (chacun à un étage) depuis plus de 15 ans, j'étais comme toi particulièrement proche de mon papa qui était de plus en plus handicapé et affectivement très seul et celui-ci me le rendait bien, notamment pour m'aider à élever mes enfants qui ne connaissent pas leur propre papa. Je souffre terriblement de l'absence physique de mon papa et j'ai surtout tellement de peine pour lui car il a bien galéré dans sa vie (maintenant ça va mieux mais au début j'avais envie de dire qu'il n'avait eu qu'une vie de M...e!) et ces dernières années il s'épanouissait enfin tellement heureux de voir grandir ses petits enfants (un garçon/une fille) au près de lui!...Mon papa, c'était l'homme de ma vie, plus qu'un papa, un réel compagnon de vie!!!
.Et il y a ma maman qui est complètement anéantie, comment ne pas l etre après 43 ans de vie commune. Et moi je ne sais pas comment l aider, car je ne sais deja pas comment m aider moi meme. Mon compagnon me dit qu il faut aller de l avant, que j ai une famille a m occuper, et vous savez quoi, meme si c est injuste je le sais, il m emmer...
Je ne sais pas si tu as déjà parcouru le site avec les différentes vidéo sur le deuil mais il y a un chapître en particuliers, écrit donc, qui s'adresse plus particulièrement à l'entourage de l'endeuillé, pour l'aider à mieux comprendre ce que l'on vit, les différentes étapes et réactions et surtout ce que les proches peuvent faire et ce qui est au contraire à éviter. Je t'encourage à faire lire ce chapître à ton mari, s'il est d'accord. On ne peut pas comprendre avant d'avoir soi-même vécu un deuil et il faut tenir compte aussi de l'unicité de chaque personne. En moyenne il faut un minimum de un an pour commencer à vraiment pouvoir se reconstruire et pendant tout ce temps on passe par différentes phases, on progresse vers le mieux et on fait aussi des retours en arrière, le deuil impose beaucoup de fluctuations de moral dans le temps.
Je ne sais pas si il faut que j aille voir un psy, et puis il faut trouver le bon aussi.C'est une très bonne idée d'aller voir un psy pour pouvoir se confier et se laisser guider. Mais comme tu le dis, il faut en trouver un qui nous corresponde, avec qui on accroche un minimum. Je suis très vite allée voir quelqu'un (pas un analyste mais un qui utilise la thérapie cognitive et comportementale) en urgence car pendant 15 jours je ne faisais que revivre 10 fois par jour et par nuit le moment où j'ai appris au téléphone le décès de mon papa (car exceptionnellement il était loin de nous depuis 2 mois dans notre maison de campagne et nous nous aprètions justement à le retrouver pour les vacances de La Toussaint à son plus grand bonheur et au notre car nous nous manquions beaucoup!). Au début je le voyais 2 fois par semaine à ma demande puis on a espacé et maintenant je ne le vois plus que une fois tous les 15 jours. Personnellement, je regrette que mon psy ne soit pas spécialisé dans la psychologie du deuil ( il parait qu'il en existe) parce que franchement je pense que cela doit aider et souvent je trouve que c'est plus ce forum avec tout ce que j'y ai appris et les partages de nos ressentis qui me font progresser que de voir le psy!
je mens inutile pour ma maman, inutile a mon fils que j ai un peu de mal a supporter, enfin pas utile a grand monde car le monde me fatigue!Je te comprends à 100°/. Egalement les deux premiers mois, j'étais incapable de m'occuper correctement de mes enfants, incapable d'assurer les rituels surtout l'histoire du soir, je ne supportais plus plus leurs cris, leurs rires, leur énergie, j'avais l'impression d'être devenue intolérante à tout. Maintenant ça va beaucoup mieux par rapport aux enfants même si le matin reste difficile car j'ai tant de mal à mettre en train la journée et nous arrivons presque tous les jours en retard à l'école. Dernièrement c'est plus vis à vis de ma maman qu'il y a de grosses tensions pour ne pas dire de l'agressivité car étant malade (son cancer évolue lentement mais il est incurable et apparemment la nouvelle chimio qu'elle a commencé est inefficace) est hyper stressée, hyper angoissée pour ce qu'on va devenir une fois qu'elle ne sera plus là, je suis épuisée et elle m'épuise nerveusement encore plus!!!
J'essaie de lire des choses qui me font du bien (sur la survivance de l'âme ou dans un autre domaine sur comment m'apaiser, la méditation de pleine conscience, la communication non violente etc...
Continues de te confier, Lydie, tu trouveras toujours quelqu'un pour te lire et certains viendront se confier à leur tout. Nous sommes plusieurs femmes sur ce module d'accompagnement à avoir perdu notre papa que ce soit de manière brutale ou après une longue maladie. Nous te comprenons et partageons ta peine.
Je te serre fort dans mes bras!
