Bonjour à toutes et à tous.
Pas encore anéantie, je suis une personne normale triste de la perte de son papa. C'est long, je vous préviens.
Mon papa avait 52 ans et venait de se remarier, en rentrant du travail en moto une voiture lui a refusé une priorité, éjecté sur 5 mètres à peine il a heurté un poteau et est mort sur le coup. A 1 an de la retraite, mon père était policier. Il avait cumulé des jours spéciaux exprès pour partir plus tôt, des espèces de jours supplémentaires si vous préférez, alors des noëls, des anniversaires, des jour de l'an sans mon papa j'en ai fait beaucoup.
Ma première réaction à l'annonce le soir a été de m'asseoir puis de me vautrer par terre pendant de longues minutes, incapable de me relever, mon chéri est vite revenu, il a fallu que je prévienne mon frère et ma mère (ils étaient divorcés) et passer ma première nuit horrifiée de savoir mon père en salle d'autopsie, seul.
Le lendemain, j'ai appelé ma belle-mère dont toute sa vie sentimentale se résume à ça, son précédent mari est mort d'un cancer, ils avaient eu un bébé que mon père a adopté et voilà que le sort s'acharne. Elle était incapable de parler.
Je suis allée voir mon papa en chambre funéraire, le plus dur ayant été de rentrer, les thanatopracteurs avaient fait un travail remarquable, juste une ombre sous l'œil, mais si son visage m'a semblé apaisé, je garde ce souvenir de ses mains croisées, raides.
Je suis restée toute seule quelques instants avec lui, j'ai dit ce que j'avais à dire et je lui ai dit au revoir.
Je n'ai pas voulu participer à la mise en bière, mon père qui pétait le feu mis dans une boîte? Vous rigolez c'était impensable.
L'enterrement a eu lieu 5 jours après, et là ça se transforme en très très mauvais spectacle. J'essaye de faire court sans les détails.
Dans l'église, mon frère et moi sommes relayés au 5 ème rang... La famille de mon père présente au premier rang, ne nous regarde même pas.
Lors des discours, tout le monde parle de sa dernière famille, sa fille, sa fille et sa fille mais nous jamais. Une de ses sœurs, récite son discours rempli d'amertume et précise que lors de la mise en bière ils ont mis une canne à pêche, bon rien de choquant et précise que mon père adorait pratiquer la pêche à la mouche... Au 5 ème rang on s'est tous regardés surpris, il ne pratiquait pas cette pêche. Bref 27 ans de sa vie oubliée.
Au crématorium, l'entrée a été interdite à ma mère avec menaces et tout le tralala.
Dans la salle d'attente, je me suis fait « insulter » par ma grand-mère comme quoi je n'ai même pas accompagné mon père, que c'est une honte et je me suis retrouvée assise sur un banc seule avec cette famille qui me regarde comme une bâtarde. C'est mon oncle (du côté de ma mère) qui réussi à rentrer et me sort de là, pourri ma grand-mère au passage qui continuait à me sermonner dans mon dos.
Pour la dernière cérémonie rebelote, avec mon frère à l'écart sur un banc.
Nous rentrons chez ma mère et reçoit plusieurs coup de fil et on me demande où je suis, ah le pot de l'amitié que nous avons raté, je débarque une heure après avec mon frère, presque tout le monde est parti.
Ma belle-mère est debout toute seule prostrée comme si elle devait apprendre la douleur d'être veuve.
Et là ça recommence, je m'approche de ma grand-mère mettant ça sur le coup de la douleur...
J'ai eu un fils il y a 4 mois, je n'ai pas fait de faire-part et n'ai plus de contact avec la famille de mon père depuis plus de 10 ans.
Voilà ce que j'ai pris dans les dents :
« pas de faire-part, pas de cadeau »
« heureusement qu'on a des petits-enfants gentils EUX! » avec mes cousin(e)s me regardant méchamment
Je lui montre une photo de mon fils « pffff il ne ressemble même pas à son grand-père »
Je vous passe les regards moqueurs, mesquins, haineux.
Je décide donc de prendre mon frère, de nous mettre dans un coin où viendrons nous saluer les collègues de mon père, où me rejoint une amie (nos pères ont travaillé ensemble).
Quand ils partent tous, ils nous jettent un dernier regard haineux et je décide de ne pas aller à la mise en terre, c'est trop dur comme jour et j'en prends plein les dents, non non, j'ai fait ce que j'avais à faire.
Et le pompom, facebook où mes pseudos cousins commencent à remplir leur mur de lamentations alors qu'ils ne se fréquentaient pas 800 km d'écart! A base de RIP tonton, tonton je sais que tu nous attends blablabla, minable.
Ma mère plus tard m'informera que sa famille n'a même pas déposé un bouquet de fleur. Je ne suis toujours pas aller sur sa tombe, je n'y arrive pas.
J'avais de bons rapports avec mon père, il était venu me voir en premier à la maternité, m'appelait toujours en premier pour mon anniversaire enfin c'était mon papa quoi celui qui chauffait avec le fer à repasser le lit quand il faisait froid, qui fabriquait des roues de la fortune pour mes annis ou une crèche pour Noël, qui faisait le pitre avec ses amis et ses collègues, qui m'avait appris à pêcher et à sauver les oiseaux...
Je recevrai quelques jours plus tard un appel du commissariat qui m'expliquera que c'était pitoyable comme attitude et qu'ils savent eux qui nous sommes avec mon frère, que notre père parlait de nous et qu'ils se rendaient disponible pour nous. Mon petit frère va être pris en charge par l'orphelinat de la police.
Par la suite, j'ai été déçu par des amis qui n'ont été d'aucune délicatesse et ont continué à me raconter leur vie, leurs problème sans jamais me demander si j'allais bien, à raconter leurs vacances où ils ont vu un accident de voiture tellement ridicule qu'ils en ont ri, oh oh oh oui ça devait être drôle.
Finalement l'attitude de ces gens m'a fait comprendre qu'ils ne sont pas ma famille, ils se sont appropriés la cérémonie pour se donner une conscience familiale et la chanson tango funèbre de Jacques Brel résume très bien la situation.
J'accepte son départ et l'ai laissé partir, reste dure et me fait violence comme il aurait aimé que je fasse, j'arrive à parler de lui sans problème mais quand vient le soir et que je suis seule avec mes pensées c'est une autre histoire.
Ma dernière démarche est d'essayé de rentrer en contact avec les personnes de la voiture, car si mon père est parti, ces gens vont vivre avec un poids immense sur leurs épaules.
Merci de votre lecture