Auteur Sujet: Six mois si près de toi et puis l'absence...  (Lu 7968 fois)

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lulu56

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Six mois si près de toi et puis l'absence...
« le: 06 août 2011 à 13:42:12 »
Six mois si près de toi  et puis l’Absence




L’annonce :


Nous sommes le 3 septembre,  je me couche après une nuit de travail. Il est 7h30, il fait beau, je me sens sereine et apaisée…

Je conviens avec Chouchou de me réveiller vers 12h30 pour se faire un ciné en duo.

9 Heures : Chouchou me réveille, je suis un peu ébahie par l’horaire. Il me dit : tu dois appeler ton frère de toute urgence…

Il ne m’en dit pas plus. J’insiste pour connaître la mauvaise nouvelle que mon frère doit m’annoncer.

Et là la sentence tombe,  ton père a un cancer du pancréas….

Ma réaction : un cri de douleur immense qui m’atteint en plein cœur, car Papa je sais que pour toi la fin est annoncée ! Que ta retraite tant espérée auprès de Maman n’est plus que chimère !
Je fonds en larmes, car je sais trop Papa le combat que tu dois mener.

Et que nous ta famille, notre seul rôle sera de t’accompagner, t’épauler, te soutenir ; et surtout profiter de ces quelques mois qui s’offrent à nous !

Je crois que le seul cancer que je ne voulais pas entendre, c’était celui là.

Je suis infirmière, donc je sais que le cancer du pancréas c’est l’échéance ultime à court terme, c’est à dire 4 à 6 mois. Pour nous les jours sont comptés….

Maintenant le combat commence, et surtout profiter de toi, Papa à tout prix !

Dès ce jour je sais que je t’accompagnerai jusqu’au bout, je ne vois pas les choses autrement.
Te tenir la main…Etre là comme Maman et toi avez toujours été, dans les bons et les mauvais moments que la vie nous réserve !

Vivre ces derniers mois en famille, entre amis…
Te soutenir, se serrer les coudes pour que tout se passe pour le mieux dans cette douloureuse traversée.

Me préparer à te perdre, préparer Maman, Jérôme, Chouchou, Erwann à ton départ si proche…




 La Bombe Cancer :


Voilà maintenant cette foutue maladie a surgit dans notre famille….

Le diagnostic posé, tout s’écroule, il ya un avant et un après. Les projets que tu avais fais avec Maman sont réduits au néant. A partir d’aujourd’hui c’est la maladie qui va prendre toute la place, et quelle place !

Le parcours du combattant commence, tout le reste n’existe plus. Du lever au coucher et même la nuit c’est le cancer qui régit notre famille.

Pour toi, en plus il ya la douleur physique qui est déjà si présente, qui hélas te suivra jusqu’à la fin…

Allez maintenant direction Nantes, pour avoir un avis au centre Gauducheau. Bien sur ce choix frustre le gentil gastro qui a commencé à te suivre…Oui j’ai bien l’impression que ce Monsieur a un égo surdimensionné et qu’il ne peut comprendre notre désarroi et notre quète ultime vers un soupçon d’espérance !!!

En effet ce parcours du patient atteint de cancer est semé d’embûches, car il faut composer avec les différents professionnels de santé. Par exemple je suis outrée quand Maman me raconte de quelle façon le diagnostic vous a été annoncé !

Je crois rêver car le tact et la diplomatie que Monsieur le radiologue a fait preuve, fait froid dans le dos…..

Et oui petit d’exemple d’annonce de cancer en 2010 :

Rappel des faits scanner passé en urgence suite à un bilan sanguin catastrophique et une écho abdo montrant une masse au niveau du pancréas. Déjà l’angoisse est plus que présente pour vous Papa et Maman…

Donc direction la clinique…Le scanner est fait, petit passage dans le bureau du radiologue et là sans Humanité aucune : « Vous avez un cancer du pancréas, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Cela fera 70 euros. » Nous sommes en 2010, voilà une très belle annonce, je pense que là mes parents peuvent faire le choix de se suicider tout de suite…Car s’il y a bien un cancer qui terrorise c’est le pancréas…



La spirale infernale :


Nous y sommes, vos chères vacances tant méritées après un an de travail sont annulées.
Il faut rentrer dans le système, ne pas perdre de temps, commencer le traitement au plus vite.

Une première anesthésie, pour une biopsie du pancréas pour savoir exactement quel type de cancer te ronge. A ce moment là tu souffres déjà beaucoup, mais tu ne te plains pas. Alors tu es mis sous di-antalvic, bien sur si efficace sur une telle douleur !

 Je pense qu’hélas les médecins ne peuvent soupçonner cette horrible douleur.

Puis ensuite vient l’annonce des résultats définitifs qui ne laisse aucune place au doute, tumeur de 7cm inopérable.

Heureusement cette fois ci nous rencontrons une oncologue au centre Gauducheau à l’écoute, avec des mots simples et qui te prescrit enfin de la morphine en comprimés…Ta douleur est reconnue !

Tu sors de cette consultation abattu, car je pense que tu gardais l’espoir d’une erreur dans le diagnostic.

De cette consultation la décision est prise de pratiquer les soins à Lorient, au vu de la fatigue que le traitement par chimio va entrainer. L’oncologue nous recommande à une de ces consœurs.

Ainsi Papa te voici pris en charge à l’hôpital Bodélio, dans le service ou ta Maman est elle aussi passée au même âge. La vie nous réserve de drôles de coïncidences !


En route pour le traitement :


Nous sommes début octobre, déjà un mois que la maladie nous envahit !

Elle a pris le pouvoir dans notre quotidien,  Papa elle se rappelle à toi par cette douleur insidieuse.

La fameuse première chimio arrive, une chance tu ne perdras pas tes cheveux, je crois que c’est la seule bonne nouvelle de ce foutu cancer. Il faut surement s’en réjouir.

Puis dés la première chimio, tu subis les effets secondaires avec des vomissements importants, des aphtes et la fatigue +++++++

C’est la période où tu dois faire le deuil de ta vie professionnelle. Car tout s’est arrêté net.
Tu n’as même pas la chance de dire au revoir à tes collègues. Je pense que cet arrêt brutal a du être dur à supporter, mais une fois de plus tu nous as protégés en gardant cela pour toi.

Les semaines avancent, tu vas courageusement à chaque séance…Sans jamais te plaindre…

Parfois tu vomis tellement, qu’il t’est impossible te prendre tes antalgiques. Dans ces moments si difficiles tu te plie de douleur. Heureusement l’oncologue accepte de te prescrire des injections de morphine et primpéran que je pourrais te faire si nécessaire. Cela nous apaise un peu, car nous tes proches sommes si impuissant face à ce que tu vis…






Un petit tour en hospitalisation :



Fin octobre ton état se dégrade, la douleur te tenaille en permanence malgré une grosse dose d’antalgiques…. C’est l’impasse, l’oncologue te propose une pompe à morphine, pour mettre en route ce traitement il faut être hospitalisé.

Papa te voici en chambre double dans le service d’onco…

Heureusement, car le jour même tu es pris de vomissements fécaloïdes….Cela soulage tout le monde de te savoir en sécurité à l’hôpital.

Avec la morphine injectable,  tu deviens un peu confus et hilare mais enfin tu es soulagé.

Cette hospitalisation m’a énormément marqué, car un matin tu m’as demandé de t’accompagner à la douche. Je dois avouer que ce fut un moment très difficile à  vivre pour moi. J’étais mise face à l’évidence, cette maladie avait puisé dans tes ressources. Tu  m’es apparu amaigri, elle te rongeait de l’intérieur, et je peux supposer que pour toi ce moment intense fut difficile. Tu te retrouvais diminué et cela prouvait que ce foutu cancer continuait son chemin inexorablement.

 Je me demande si dans les soins que je t’ai prodigué par la suite sans aucunes difficultés, c’est cette aide à la douche ce jour du mois d’octobre  qui m’a mis face à la réalité.
Ceci n’était qu’un début l’avenir serait encore plus douloureux.

Par contre il était clair pour moi, dans la mesure du possible, il faudrait éviter l’hospitalisation.
 Car même si les différents soignants rencontrés étaient très humains, si le salon des familles que nous avions investi, était fort agréable, au vu du reste du service.
 
 Tout ceci était impersonnel, l’hôpital ne permettait pas d’être dans notre cocon familial si rassurant.


Une sortie express :


Après 4 jours à l’hôpital pour la mise en route de la pompe, nous sommes vendredi, le médecin prend la décision d’un retour à domicile, et oui weekend du 1 novembre oblige, il faut faire de la place.

Ainsi retour à domicile avec mise en place de l’HAD ! Une vraie expédition….



lulu56

  • Invité
Re : Six mois si près de toi et puis l'absence...
« Réponse #1 le: 06 août 2011 à 13:54:51 »
Voici le début de la douloureuse histoire de mon papa qui nous a quitté le 21 mars 2011 après de terribles souffrances...Il s'est éteint à la maison entouré des siens, dans la sérénité et l'apaisement...

Pour moi ces six mois de maladie ont été un combat qui hélas était déjà perdu d'avance....

Depuis je suis K.O , même cette foutue maladie me manque car au moins il était là près de nous...Nous pouvions prendre soin de lui comme il l'a toujours fait...

Maintenant c'est une grande fatigue, une lassitude, je me demande comment j'arrive à me lever le matin , à faire semblant au quotidien , continuer à sourire ,à travailler, continuer à vivre sans lui c'est l'enfer...

Je sais il faut s'accrocher et avancer....Facile à dire mais difficile à vivre....

Je ne demande qu'une chose le revoir 1 minute....

Bien sur nous avons eu la chance de l'accompagner , de se dire tout l'amour que nous avions les uns pour les autres...Je pensais que cet accompagnement me permettrait de " mieux vivre mon deuil " , mais tout ceci n'était qu'illusion maintenant c'est le grand vide...

Il nous manque tellement....

Et la vie continue malgré tout....

Courage à vous tous.............

ChristineM

  • Invité
Re : Six mois si près de toi et puis l'absence...
« Réponse #2 le: 06 août 2011 à 21:05:58 »
Chère Lulu,
Je suis profondément émue en te lisant. C'est tellement vrai : les combats, les luttes, l'espérance envers et contre tous, puis la défaite puisque cette saloperie gagne toujours. Vois-tu, j'ai perdu mon mari que j'adorais le 5 décembre dernier d'une récidive de ce foutu cancer qui l'avait privé 8 ans plus tôt de l'usage d'une alimentation normale. Nous ne pouvions croire à la récidive quand l'horrible nouvelle nous est tombée dessus en avril 2010 et pourtant mon pauvre amour a repris le combat : chimio médicamenteuse qu'il avait tant de mal à avaler mais jamais une plainte et moi je voulais croire jusqu'au bout qu'on serait les plus forts.
Hélas, il a été emporté en 24 heures d'une hémorragie buccale que les spécialistes n'ont pu stopper. Il était conscient qu'il allait partir; il m'a fait appeler et nous avons eu que quelques instants avant qu'il ne s'endorme pour ne plus se réveiller.
L'horrible manque, l'absence, le désir de le revoir encore une fois, ne fut-ce qu'une minute comme tu dis, et se dire mêmes malades, ils étaient là près de nous, tout cela je connais trop bien. Pourtant, devant l'immense courage dont ils ont fait preuve, tout l'amour qu'ils nous ont donné car c'est bien pour nous qu'ils se sont battus, je crois que nous devons nous interdire de souhaiter qu'ils soient encore là car ils ont donné jusqu'à leurs limites : nous ne pouvions leur en demander davantage...
Maintenant, même si c'est horrible pour nous, il faut essayer de penser qu'ils ont trouvé la paix et qu'où ils sont, ils connaissent le repos qu'ils ont tant gagné et veillent sur nous.
Sache que je pense très fort à toi.
Christine

lulu56

  • Invité
Re : Six mois si près de toi et puis l'absence...
« Réponse #3 le: 06 août 2011 à 22:16:16 »
Merci beaucoup Christine , en effet il était temps pour eux de partir... Mon papa quelques jours avant son départ a pu nous l'exprimer.

Il m'a dit que ses souffrances étaient devenues insupportables et qu'il était temps  qu'il parte vers un monde meilleur sans souffrance.

Ce fut des  moments intenses ces derniers jours auprès de lui ; où nous avons eu la chance de pouvoir échanger et partager de grands moments intenses en émotion.

Je me rassure en me disant qu'il est bien mieux là haut à veiller sur nous ici bas...Mais en effet cette absence est si pesante...

Et ce foutu cancer qui touche dans de personnes autour de nous , la médecine fait des progrès certes , mais tout ceci me parait tellement injuste..

Mais Christine tu as raison ,ils sont bien là haut nos chers disparus , loin de toute la souffrance qu'ils ont subi avec tant de courage.

Merci pour ton message ,je te souhaite une bonne nuit ...

A bientôt sur le forum et prend soin de toi...

ChristineM

  • Invité
Re : Six mois si près de toi et puis l'absence...
« Réponse #4 le: 07 août 2011 à 20:06:16 »
Bonsoir Lulu, et merci de m'avoir répondu : je crois que nous nous sommes comprises toutes les deux et de tout coeur, je te souhaite de trouver un peu de paix que ton cher papa t'enverra pour adoucir ta douleur et celle des tiens, de ta maman pour qui cela doit être bien difficile même si vous, ses chers enfants vous êtes là.
Plein de douces pensées.
Christine

lulu56

  • Invité
Re : Six mois si près de toi et puis l'absence...
« Réponse #5 le: 07 août 2011 à 20:52:13 »
Merci beaucoup bonne soirée à toi . A bientot....