Bonsoir.
J'ai envie de vous dire ce soir ce que je ressens.
Il y a un mois que mon cœur a traversé le chemin.
Je l'ai accompagné tout au long de sa maladie pendant 3 ans et il s'est endormi comme moi, sa main dans les miennes. Lui ne s'est pas réveillé. Il était sur son lit d'hôpital, moi installée par l'infirmière de nuit sur un lit à son côté.
Durant tous ces mois d'accompagnement, je me suis oubliée, terribles maux de dos, de ventre. Je ne pensai qu'à lui, son bien-être au maximum.
La fatigue est arrivée la dernière année.
Fatigue intense, morale, physique. Incompressible. Insurmontable. Inavouable à celui qui souffrait tant. Et qui, grâce à l'amour qui nous unissait, a bien compris le chemin que je parcourais avec lui puisqu'il disait aux soignants de le laisser tranquille mais de s'occuper de sa femme qui avait plus besoin que lui !
Je garderai toujours ses paroles en tête, pleines d'amour et de tendresse !
La fatigue, je connais. Je connais encore mais je garde "la tête dans le guidon" pour avancer et faire "ce qu'il faut faire".
Je fais tant que j'ai encore de l'énergie.
Je sens que celle-ci faiblit et cela m'angoisse.
Je me dépêche donc de terminer toutes les formalités, de vider ses affaires, j'essaie de reprendre ma maison en main, je me fixe des objectifs de sortie avec des amis, de la famille.
Tout cela pour ne pas m'écrouler.
J'ai aussi repris le travail à temps complet dans le même objectif, ne pas m'écrouler.
Mais je n'ai plus de goût à rien. Ce que j'aimerai ? Me mettre sur mon canapé, sous le plaid, ma vieille chatte à mes côtés et attendre.
Attendre. Attendre......
Dormir, Dormir, ne plus me réveiller !
Je suis si fatiguée, moralement, psychiquement, physiquement.
Que faire ?
Coeur.
(Tenir, toujours tenir !)