Bonjour,
Je suis désolée pour vous et pour son meilleur ami. Mais il faut d'abord savoir ce que vous entendez par "se faire aider".
Personnellement, je n'ai que 26 ans, mais j'ai déjà eu une vie de remplie de souffrances (harcèlement scolaire, dépendance affective, maladie chronique des intestins) et j'ai déjà perdu 3 êtres chers par la mort.
J'ai perdu ma mamie à 19 ans, mon cousin que je considérais comme mon frère d'une pancréatite aigüe sévère qui l'a tué en l'espace de 19 jours à l'âge de 42 ans alors que je venais tout juste d'en avoir 20 et il y a deux mois, j'ai perdu un ami proche. Il avait certes 85 ans mais l'amitié n'a pas d'âge.
Je souffre, mais si on me demandait de "me faire aider", c'est à dire de "voir des psys", je refuserais aussi car c'est inutile pour moi. Les psys ne peuvent pas ramener les morts à la vie, ils ne peuvent rien faire contre la douleur du manque et de l'absence.
Plus jeune, à cause de ma dépression chronique, j'avais d'ailleurs été enfermée plusieurs fois en psychiatrie et j'y avais vécu l'enfer. L'un de mes internements avait même été digne du "Pavillon des enfants fous" de Valérie Valère (voire pire encore) : j'avais été attachée par des sangles sur un lit et droguée de neuroleptiques jusqu'à être transformée en légume et faire les pires malaises de ma vie entière...
Oui, il existe encore de graves abus dans certains hôpitaux psychiatriques même aux XXIème siècle...
De mes 13 à 19 ans, on m'a gavé d'innombrables antidépresseurs et neuroleptiques en tout genre : Zoloft, Tercian, Atarax, Xanax, Risperdal, Zoloft, Norset, Prozac, Abilify, Lexomil, Xeroquel, Seroplex...
Bien sûr, cela n'a jamais marché, les neuroleptiques ne servaient qu'à me transformer en légume et les antidépresseurs ne m'étaient d'aucune utilité.
J'ai même peur de perdre tous les gens que j'aime par la mort et qu'ils soient tous remplacés par une farandole de psys et de médicaments...
Pour donner une image, c'est comme si tu vivais heureuse dans une belle famille avec tous les gens que tu aimes, puis d'un coup ils meurent tous et pour les remplacer on t'enferme dans un hôpital psychiatrique. Toutes les personnes que tu aimes sont mortes et il ne reste plus que des milliards de psys et de médicaments pour les remplacer. C'est atroce, c'est cauchemardesque.
La seule chose qui m'aide à tenir, ce sont les personnes que j'aime et qui sont encore là. L'amour. Je pense que l'essentiel est que l'ami de votre compagnon soit entouré et soutenu par des personnes qu'il aime et qui sont encore là.
Mon ami de 85 qui vient malheureusement de mourir et qui n'était encore qu'un inconnu pour moi il y a un an et demi m'a aidé à tenir. Il m'a aidé plus que tous les psys du monde que j'ai pu rencontrer alors que, paradoxalement, je ne lui ai jamais raconté la moindre de mes souffrances.
Il m'aidait parce que nous partagions un vrai lien, une vraie relation, et les liens sociaux sont aussi indispensables à la survie que la nourriture. Oui, je ressentais du plaisir à l'idée d'aller le voir pour discuter ou faire des mots croisés avec lui.
Et quand j'étais avec lui, je pensais beaucoup moins à mes souffrances et je me sentais bien, ou moins mal.
Malheureusement, il est mort aussi et sa mort m'arrache le coeur, j'ai le sentiment que la vie m'arrache tous mes plaisirs un à un...
Mais je ne veux surtout pas de psys, je n'en voudrais jamais. Je ne supporte plus qu'on me retire toutes les personnes que j'aime pour les remplacer par des psys et des médicaments.
Voilà, après bien évidemment je ne suis pas dans la tête de l'ami de votre compagnon et ce n'est qu'un avis personnel, un avis lié à mon vécu douloureux.
Bon courage à vous