Bonjour,
Tout d'abord, si je poste ici, je tiens à préciser que ce n'est pas pour entendre des phrases toutes faites que je déteste telles que "c'est la vie", "la vie continue", "il faut faire son deuil", "il faut avancer", etc, ni pour recevoir des conseils.
Je viens ici pour simplement extérioriser ma douleur avec des personnes qui partagent la même peine, même si chaque vécu est différent.
Dans le monde extérieur, je me sens très incomprise, alors je viens ici dans l'espoir de trouver un endroit où ma souffrance sera simplement respectée.
Je vais tenter de faire un résumé de ma vie (car elle est très longue). Le début de l'histoire n'a aucun rapport avec les deuils, mais je pense qu'il est essentiel de le raconter quand même (car la perte d'un être cher étant déjà une horrible douleur, elle est encore plus atroce lorsqu'on a déjà un passé très difficile !)
J'ai eu une enfance assez heureuse, même si j'étais très timide (je n'ai jamais su pourquoi). A cause de ma timidité, j'ai été harcelée à l'école.
Le harcèlement a atteint le pire lors de mes années de sixième et de cinquième : je me faisais insulter de tous les noms, de "salope", de "pute", de "connasse", on me volait mes affaires, ma nourriture à la cantine, etc. Chez moi, personne ne me soutenait, mon père me mettait la pression et me harcelait psychologiquement.
Suite à ce harcèlement scolaire, je suis tombée dans ce que l'on appelle "la dépendance affective" : je me suis attachée à une professeur qui m'avait un peu aidée, au point de ne plus pouvoir me passer d'elle...
Malheureusement, après lui avoir avoué mes sentiments pour elle, elle avait commencé à me rejeter, à m'ignorer. Je le vivais très mal. J'ai donc commencé à me mutiler (j'avais 13 ans) et à ne plus manger, je maigrissais et j'ai failli tomber dans l'anorexie.
Suite à ces problèmes, j'ai été hospitalisée durant deux mois et demi (de octobre 2008 à janvier 2009). J'ai assez mal vécu cette hospitalisation forcée.
Y étant entrée au bord de l'anorexie, une infirmière me disait : "Tu sortiras pas de table tant que t'auras pas fini ton assiette. Peut-être que ça te plaît de faire des malaises ?"
Une autre, alors que je pleurais, m'avait dit : "arrête ton cinéma, je veux bien que tu sois triste, mais pas 24 h sur 24" (elle croyait que j'étais où, en colonie de vacances ?...)
On me donnait des antidépresseurs et des neuroleptiques (du Zoloft chaque matin et du Tercian, matin, midi et soir).
Le Tercian, c'est vraiment une horreur (de toute façon, les neuroleptiques sont pour moi les pires médicaments qui puissent exister). Cela m'assommait, me shootait, à tel point que je m'étais d'ailleurs endormie sur mon épreuve de Brevet Blanc !
La prof à laquelle j'étais attachée était allée se plaindre au principal. Il paraît qu'elle vivait très mal la situation (je ne sais même plus pourquoi). Plusieurs réunions avec mes parents, mon prof principal et les principales adjoints avaient donc été organisés.
Lors de ces réunions, la principale adjointe me disait toujours qu'il m'était formellement interdit de revoir ma prof, et que si j'osais ne serait-ce que l'approcher, je serai immédiatement renvoyée du collège. Elle m'interdisait également de parler de ma prof à mes amies. Je le vivais comme une privation de liberté, car je suis censée parler de ce que je veux à mes amis...
Ces réunions m'avaient détruite. A tel point que les idées suicidaires m'obsédaient et j'avais bien failli passer à l'acte, car pour moi, une vie sans ma prof était inconcevable. Je vivais pour elle. Et j'étais atrocement jalouse des élèves qu'elle avait en cours.
Le Vendredi 12 juin 2009, j'avais 14 ans, et j'ai appris qu'elle serait mutée dans le Sud de la France... Cette nouvelle m'avait bouleversée autant qu'un deuil bouleverse (je sais que ça parait inconcevable, mais c'est pourtant le cas).
Je crois même que la douleur que j'avais ressenti ce jour là a été pire que lorsque j'ai perdu des êtres chers beaucoup plus tard... j'ai honte de le dire, car je m'en fous de cette prof maintenant, tandis que les êtres chers que j'ai perdu me manqueront à vie, mais je le dis car il faut dire la vérité.
Mais je crois bien que cette atroce douleur était due à la "dépendance affective" (mot "dépendance"...)
Je l'ai vécu comme un arrachement... Elle est partie et je ne l'ai jamais revue...
Plusieurs personnes me disaient que je vivais un deuil, mais je n'aimais pas qu'on me dise ça, car elle n'était pas morte (et maintenant que j'ai connu ce qu'est vraiment la mort d'êtres chers, j'avais raison, ce n'était pas un deuil au sens propre du terme : car si je veux revoir cette prof, là par exemple, même si ça fait plus de 5 ans que je ne l'ai pas vue, c'est très improbable mais ça reste possible, elle est bien vivante et pas dans une boîte sous terre).
Quand on perd des êtres chers par la mort, c'est impossible... c'est ça le plus douloureux.
J'ai redoublé mon année de troisième suite à tous ces problèmes. Je vivais très mal l'année, car ma prof était partie, le collège était "vide" sans elle.
Jusqu'au jour où une autre prof s'est mise à prêter attention à moi. Ma première note de maths était : 6, 5 / 20.
Suite à cette note, mon père n'avait cessé de me hurler dessus, en me disant que c'était nul, qu'on me prendrait pour une folle, que je finirai enfermée, etc.
Quant à ma prof, elle m'avait écrit en commentaire : "Des efforts qu'il faut maintenir. Tu es sur la bonne voie, ne te décourage pas. Je suis là pour t'aider, ne l'oublie pas en cas de besoin."
(Voilà pourquoi je me suis attachée à elle et que je le suis encore aujourd'hui, soit 5 ans plus tard...)
Elle m'avait permis de me sortir la tête de l'eau. Mon ancienne prof me manquait toujours atrocement, mais cette nouvelle prof m'aidait, plus le temps passait, plus je m'attachais à elle, j'ai obtenu mon brevet grâce à elle.
Et puis, le temps a passé et j'ai fait un transfert total sur elle (j'en avais plus rien à foutre de la prof qui avait été mutée...)
Je vivais donc pour cette autre prof...
En 2011, j'étais au lycée et je la voyais toutes les semaines, elle savait que j'avais des problèmes, alors elle m'aidait. Mais je ne supportais pas le lycée, car il y avait son fils, et j'étais très jalouse de lui. Jalouse au point de me scarifier.
Aujourd'hui, bien sûr, je me rends compte que c'était complètement débile, mais on se rend malheureusement compte de la chance qu'on a que lorsque les pires horreurs arrivent...
En juin 2011, j'avais demandé à ma prof de la voir pendant les vacances. Mais elle avait refusé, sous-prétexte qu'il s'agissait de sa vie privée.
Cela peut paraître très bête, mais je l'avais extrêmement mal pris, au point que je ne pouvais presque plus respirer...
J'en avais fait des crises d'angoisse.
Son refus m'avait mis dans un tel état de détresse que ma tante avait voulu m'envoyer voir un psychiatre dans un grand hôpital parisien. Je n'en avais pas envie et j'étais très en colère contre ma tante (parfois, je le suis toujours...)
Dans la voiture, je pleurais en disant que je ne voulais pas y aller.
Elle me répondait : "Charles s'est ouvert la tête, alors on fait quoi ? Il pleure et il dit qu'il ne veut pas y aller ? Le psy, c'est pareil, c'est le médecin de la tête..." (Charles est son fils, un de mes cousins).
J'avais trouvé (et trouve toujours) cette phrase complètement absurde, et elle m'avait tellement mise en colère que ma détresse augmentait.
Aucun psy ne pouvait rien changer à mon état, car la seule chose que je voulais, c'était ma prof, qu'elle accepte de me voir pendant les vacances. Et je ne voulais rien d'autre. La psychiatrie me faisait d'ailleurs très peur, étant donné que j'avais déjà vécu une hospitalisation en psychiatrie à 13 ans (soit trois ans auparavant) qui s'était très mal passée et qui m'avait fait plus de mal qu'autre chose...
Arrivée à l'hôpital, la psy m'avait demandé si j'avais des envies suicidaires. Bien sûr, j'avais répondu que non, car je savais que si je disais oui, elle m'internerait d'office...
Même en disant non, elle a failli m'interner. Mais heureusement qu'à l'époque, j'étais mineure et mes parents avaient encore leur mot à dire : ils avaient refusé l'hospitalisation.
Elle m'avait laissé le choix entre retourner dans l'hôpital de ma ville, ou retourner à la Maison de Solenn (centre pour ados en détresse dans lequel j'avais déjà eu un rendez-vous).
Bien sûr, j'avais choisi la Maison de Solenn, car c'était le seul lieu qui ne me semblait pas "torturer" les gens. C'est d'ailleurs une amie qui m'avait conseillé d'y aller.
Mais là-bas, on m'a prescrit des médicaments : antidépresseurs + neuroleptiques (ça, j'en ai pris pendant plus de 6 ans, en fait !)
Et quand je relis les messages que j'écrivais à l'époque sur certains forums, je me dis que mon état avait dû être fortement aggravée par ces médicaments : aujourd'hui, je vis des choses bien pires que ce que je vivais à l'époque, et même si je vais très mal, je n'ai pas de crises aussi fortes que celles que j'avais à cette époque !
Certaines nuits, j'étouffais, j'avais du mal à respirer, j'avais de violentes crises où j'aurais pu sauter par la fenêtre... ça, ça ne m'arrive plus et je ne prends plus aucun médicament, donc je me dis qu'il y avait forcément un lien.
Son refus m'avait tellement fait mal que j'avais déchiré mon passeport afin de ne pas partir en vacances (j'étais censée partir à Cuba cette année là, en août 2011). J'étais donc restée durant trois semaines, chez ma grand-mère...
A ma rentrée en première littéraire, j'ai tout lâché...
Je voulais me venger de ma prof. Je faisais tout pour elle, pour lui faire plaisir, je vivais pour elle. Si j'avais des bonnes notes, c'était exclusivement pour lui faire plaisir (je n'ai jamais pensé à mon avenir, je n'en ai pas, tout ce que je faisais, c'était pour elle).
Et comme elle avait refusé de me voir pendant les vacances, j'avais décidé de ne plus rien faire, de faire exprès de rendre des copies blanches, de me venger. Je ne voulais plus lui faire plaisir, puisqu'elle m'avait "jetée" (enfin, moi je considérais ça comme un rejet même si ça n'en était pas un, c'était dû à la dépendance affective).
J'ai donc fini par totalement arrêté les cours, j'ai été hospitalisée à la Maison de Solenn...
Les hospitalisations dans ce centre se sont beaucoup mieux passées que la première, mais ne m'ont pas guéries...
Ma psychiatre m'a arrêté pour plusieurs mois.
En août 2012, j'ai refusé de partir en vacances aussi et j'ai à nouveau passé trois semaines chez ma grand-mère pendant que mes parents et ma soeur étaient au Vietnam.
Durant les étés 2011 et 2012 chez ma grand-mère, un de mes cousins venait parfois me voir. J'étais donc seule avec lui et ma grand-mère, il restait dormir. Nous parlions parfois jusqu'à plus de 3 heures du matin, nous avons toujours été très proches. Il me racontait des conneries sans arrêt.
En septembre 2012, j'ai refusé de retourner au lycée. Pour moi, je n'avais pas d'avenir, alors ça ne servait plus à rien.
J'ai commencé à aller voir ma prof(dans la rue, car elle habite à côté de chez moi) de plus en plus souvent... ce qui ne lui a pas plu.
Elle m'a rejetée plusieurs fois, et à chaque fois, je l'ai mal pris. Le pire a été atteint le 8 décembre 2012 : elle m'a menacé de porter plainte, dit qu'elle ne voulait pas me voir, etc.
Ce jour là, j'ai eu envie de me jeter sous un train. Ses paroles étaient atrocement douloureuses. Ne pouvant plus les supporter, j'ai d'ailleurs avalé 29 comprimés de Xanax... Mon but n'était pas réellement de mourir, car je savais que pour aboutir à la mort, j'aurais dû en prendre plus. Mon intention était surtout de m'endormir pour ne plus souffrir...
Mes parents m'ont malheureusement trouvé inanimée et m'ont conduite d'urgence à l'hôpital.
On a voulu me garder, mais mon père avait pu signer une décharge afin que je n'y reste pas.
Sauf que j'allais toujours extrêmement mal et demandais des conseils pour me suicider sur Internet. Au fond, il s'agissait plutôt d'un appel au secours qu'autre chose, même si je savais qu'au fond de moi, ça ne servait pas à grand chose...
A force de raconter ma vie sur les forums, j'ai été victime de cyberharcèlement.
Beaucoup d'internautes me disaient des choses du genre : "tu n'es qu'une sale gamine égoïste, capricieuse et immature ! ", "Va te pendre !", "T'attends quoi pour te foutre en l'air, depuis le temps que tu en parles ?" et d'autres phrases pires encore. Autant dire que ça me faisait très, très mal...
Le cyberharcèlement m'a d'ailleurs fait encore plus souffrir que le harcèlement scolaire dont j'avais été victime à l'époque.
Suite à mes menaces suicidaires sur Internet, quelqu'un a malheureusement prévenu la police et les pompiers.
Ceux-ci ont débarqué chez moi...
S'en est alors suivie un véritable enfer...
Voici mon témoignage, que j'ai posté sur un site défendant les victimes de la psychiatrie :
http://www.groupeinfoasiles.org/allfiles/temoignages/130830Temoignage_Nutella_18_ans.pdfAujourd'hui, ça fait plus de deux ans, mais les séquelles restent, et la peur d'être à nouveau enfermée dans un asile de "fous" me hante encore. Dès que je vois une voiture de police ou de pompiers, je suis quasiment au bord de la crise d'angoisse...
Début 2013 : j'ai commencé à me sortir de cet enfer. Ma prof était redevenue gentille avec moi, j'avais cessé de la harceler. Bref, j'allais bien, le bonheur revenait peu à peu !
J'ai même écrit un livre que j'ai auto-publié... La famille était fière de moi...
Malheureusement, en octobre 2013, tout s'est dégradée... Ma prof m'avait à nouveau rejetée, sans aucune raison, et je l'avais mal pris...
Mais le pire restait à venir...
Ma grand-mère avait des problèmes de santé depuis toujours, mais depuis un an, ils se dégradaient. Elle alternait l'hôpital et chez elle. Néanmoins, elle s'en était toujours sortie !
Sauf cette fois-ci...
Le Mardi 29 octobre 2013 est le dernier jour où je l'ai vu de mon vivant. J'étais avec ma mère, ma tante (la fille de ma grand-mère) et mon cousin (le fils d'une autre tante, celui qui venait me voir en août 2011 et 2012 lorsque j'étais chez elle).
Elle était très faible, elle ne voulait plus manger.
Les médecins disaient que son état était très grave et je crois que j'ai compris que c'était la fin, même si dans le fond, j'espérais toujours...
Le Mercredi 30 octobre 2013, au matin, plusieurs appels de ma tante : ma grand-mère est dans le coma, son état s'est dégradé dans la nuit, elle a été transférée en réanimation et mise dans un coma artificiel...
Ce matin-là, j'avais écrit une lettre à mon ange gardien, afin de lui demander que ma grand-mère ne souffre plus...
Et puis, vers 10 h a eu lieu l'appel fatidique... Ma mère a annoncé, en pleurant : "Mamie vient de décéder".
Je n'ai pas vraiment réalisé sur le coup...
Tout le monde s'est apprêté à partir vers l'hôpital. Moi, j'y suis allée aussi, je n'avais pas vraiment pris le temps de réfléchir...
Arrivée à l'hôpital, on m'a dit que je n'étais pas obligée d'aller la voir...
Mais une espèce de curiosité malsaine m'a poussé à entrer dans cette pièce où était allongée son corps...
Je savais que ça me ferait mal, que ça risquait de me traumatiser (surtout pour moi qui ai déjà des antécédents dépressifs...), mais j'étais si proche de la pièce que la curiosité malsaine m'a poussé à y entrer.
J'y suis donc allée avec ma mère et ma soeur, qui pleuraient. Ma soeur disait "mamie, je t'avais dit qu'on avait encore besoin de toi !"
C'est un des moments les plus déchirants de ma vie. J'avais 19 ans et c'était la première fois que je voyais une personne "morte"... Une personne que j'aime...
Elle ne bougeait plus, elle était inerte (même si parfois, j'ai eu "l'impression" que les draps avaient bougé !)
J'ai pensé aux expériences de mort imminente et j'ai regardé en haut de la pièce, en me demandant si son âme était au-dessus ?
Mon obsession envers la mort n'a cessé d'augmenter ce jour là. Je ne comprenais pas (et ne comprends toujours pas...) comment ma grand-mère, qui bougeait hier, qui était là, pouvait tout simplement ne plus être là, être "partie", ne plus bouger, etc. Comment était-ce possible ? Et qu'est-ce que la mort, au juste ?...
Après ce moment déchirant, ma tante, mon oncle, mes cousins et mes parents sont tous partis manger, parce qu'il était midi. Mais je ne comprenais pas comment ils faisaient pour manger. Moi, j'étais tellement malheureuse, je venais de voir ma grand-mère morte, que j'étais carrément INCAPABLE d'avaler quoi que ce soit ! Je ne voulais d'ailleurs plus jamais manger de ma vie...
Je me sentais assez seule... Très seule, même.
L'enterrement a eu lieu 5 jours plus tard, mais je n'y suis pas allée et je ne le regrette pas. J'étais déjà très obsédée par la mort même avant qu'elle ne meurt, et j'avais d'ailleurs très peur de perdre des êtres chers... Voilà que ma plus grande peur arrivait
Quand je passais devant une église et que je voyais un cercueil, même d'une personne que je ne connaissais pas, ça me déprimait pendant des jours entiers. Je n'ose imaginer que cela aurait donné pour une personne que j'aime...
Certains disent que "l'enterrement permet de faire le deuil".
Pour moi, déjà, cette expression n'a aucun sens car le deuil n'est pas une activité à faire, c'est quelque chose qui se vit... et je crois que si j'y étais allée, ça m'aurait surtout permis d'être encore plus malheureuse que je ne le suis (quand on est déjà mal dans sa tête avec des antécédents dépressifs, si en plus on va à un enterrement où tout le monde pleure, si on voit le cercueil d'une personne qu'on aime partir sous terre, je crois que c'est le meilleur moyen pour être encore plus malheureux, jusqu'à passer à l'acte !)
D'autres disent que le fait de "voir le corps permet de faire le deuil". J'ai vu le corps de ma grand-mère, et ça m'a surtout permis d'être traumatisée à vie...
Un an et demi après sa mort, c'est encore l'image de son corps sans vie, sur son lit de mort, qui me hante
Je ne suis jamais allée au cimetière... Je crois que je ne supporterai pas de voir son nom dessus...
Parfois, je me demande dans quel état elle doit être, dans son cercueil, un an et demi après ? ça me terrifie !
J'essaie de me dire : "mais tu sais, on s'en fout dans quel état elle est, parce que ce n'est pas elle ! Les cimetières sont vides ! Son corps n'était qu'un vêtement qu'elle a utilisé du temps de sa vie terrestre, mais maintenant, elle l'a quitté, comme toi, tu enlèves ton manteau d'hiver pour mettre une veste à la place au printemps ! C'est tout ! Son âme est ailleurs !"
J'y crois vraiment, mais bon, le fait d'imaginer l'état de son corps me fait quand même très peur...
Certains disent que ça fait du bien d'aller au cimetière, qu'on se sent plus proche de l'être cher. Mais je ne crois pas que ce serait mon cas... Parce que moi, quand je dis que "je vais voir quelqu'un", je veux voir la personne en vraie, en chair et en os, échanger avec elle , lui parler !
Pas aller voir une tombe, une pierre ou il n'y a personne et où personne ne peut répondre...
D'ailleurs, de mon vivant, je n'allais pas souvent chez ma grand-mère alors qu'elle habitait à côté de chez moi, par "flemme" (comme tous les ados...). Et maintenant, je le regrette...
Quand elle venait chez moi, c'est pareil, je restais souvent sur mon ordinateur au lieu de rester auprès d'elle... car on avait pas grand chose à se dire, mais je l'aimais (et l'aime toujours) quand même énormément. Maintenant, je regrette aussi et j'espère qu'elle ne m'en veux pas et qu'elle me pardonne...
Après son décès, nous avons également dû... vider son appartement. Alors ça aussi, ç'a été extrêmement déchirant...
J'ai fait en sorte de récupérer un maximum d'affaires.
Après un décès, beaucoup de personnes veulent se débarrasser des affaires. Sauf moi... Je me demande d'ailleurs si je suis la seule à être autant sentimentale vis à vis des objets ? Car tout le rappelait ma grand-mère et je voulais tout garder... ça peut paraître complètement débile, mais en jetant quelque chose qui lui appartenait, j'avais l'impression de la perdre encore !
J'ai donc récupéré un maximum d'affaires...
Ma tante (sa fille) m'a donné un de ses bracelets, mais je l'ai perdu... ça m'a fait très mal, j'espère qu'elle ne m'en veux pas de là où elle est...
Plus le temps passait, plus l'appartement de ma grand-mère se vidait, jusqu'à ce qu'il devienne... entièrement vide.
A chaque fois, c'était l'horreur... Oui, vraiment, l'horreur !
De voir un appartement où j'ai passé la majeure partie de mon enfance, et où j'avais passé l'été il y a à peine un et deux ans (août 2011 et 2012) complètement saccagé, c'était une torture !
J'avais non seulement l'impression de perdre ma grand-mère une seconde fois, mais également cette sensation de perdre toute mon enfance, toute une partie de ma vie...
C'était l'horreur
Aujourd'hui encore, j'ai mal lorsque l'on passe près de son appartement, très mal. J'essaie de m'en éloigner le plus possible, car je crois que si j'y retournais (tout en sachant que maintenant, il doit y avoir une nouvelle locataire à sa place, en plus), mon chagrin attendrait le summum...
Ma grand-mère avait 82 ans.
Sans oublier la suite... Car malheureusement, l'horreur ne s'arrête pas là, le pire reste même à venir...
J'ai passé les mois suivants dans une terrible détresse, j'étais très mal et angoissée. Heureusement, ma prof était gentille avec moi.
J'ai commencé à me sentir un peu mieux vers le mois de juin 2014...
En août 2014, ça allait un peu mieux (même si ma grand-mère me manquait toujours et qu'elle me manquera toujours
), nous avons invité chez moi mon cousin (celui qui venait me voir chez ma grand-mère et qui avait été, lui aussi, très affectée par sa disparition même s'il n'était pas de sa famille).
Il racontait des conneries à longueur de journée et il n'y avait pas meilleur que lui pour remonter le moral à quelqu'un dans la peine !
Nous discutions jusqu'à plus de 3 heures du matin, à dire des conneries, etc... Nous faisions des jeux, nous voulions retourner à la piscine (comme l'an d'avant) mais on avait pas pu à cause du temps, alors nous étions allées à la fête des loges...
On passait des heures au téléphone, etc...
En novembre 2014, il m'a informé que le film "Léon" passait au cinéma. Il savait que j'adorais ce film, qu'il s'agissait de mon film préféré et d'ailleurs, il m'appelait "Mathilda" lol
Le film passait au cinéma pour fêter les 20 ans (sorti le 14 septembre 1994).
Nous avons donc décidé d'aller le voir ensemble, dans son cinéma, le 25 novembre 2014... Son cinéma était magnifique, on aurait dit un hôtel et j'aurais tant aimé pouvoir y retourner avec lui...
Ce jour-là, jamais je ne me serais doutée ne serait-ce qu'une seule seconde qu'il s'agirait de la dernière sortie de ma vie que j'effectuerai avec lui...
Jamais je ne me serais doutée que ce serait la dernière fois que je monterai dans sa voiture...
Lorsqu'il nous a ramené chez nous, moi et ma mère, ma mère lui avait proposé de monter boire un verre. Il avait répondu "Non, là ça va plus me frustrer qu'autre chose" (car mes parents bossaient le lendemain).
Il avait dit "Je reviendrai un week end".
Malheureusement... Il n'est jamais revenu et ne pourra jamais revenir...
Le 29 novembre, quatre jours après, j'ai vu ma prof qui a été très gentille avec moi... Bref, je commençais à sortir un peu la tête de l'eau...
Le 7 décembre, nous nous parlions sur Facebook. Il me disait qu'il avait un peu de fièvre, mais bon, comment aurais-je pu m'imaginer que cette fièvre en apparence anodine était le signe annonciateur d'une maladie grave et mortelle ? !
D'ailleurs, vous savez quoi, je m'en veux...
Parce qu'en avril 2014, une de mes anciennes profs du lycée est morte subitement, d'une rupture d'anévrisme, à 42 ans (mon cousin avait aussi 42 ans).
Et depuis ce drame, j'avais toujours eu peur qu'il arrive quelque chose de similaire à l'un de mes proches : qu'un être cher meurt de manière subite...
J'avais surtout peur pour mes parents : ma mère a 55 ans, elle fume plus de 20 clopes par jour depuis l'âge de 17 ans !
Mon père fume le cigare, a du diabète, du cholestérol, est obèse, fait de l'hypertension et il a 60 ans, ne peut pas marcher, bref, lui, il a TOUS les symptômes... (heureusement, il prend des médicaments).
Mais jamais, au grand jamais je n'aurais pu imaginer que la mort toucherait mon cousin... car lui était si jeune ! D'ailleurs, il faisait 10 ans de moins que son âge, il avait 42 ans, mais tout le monde lui en donnait 30...
Il avait, en plus, arrêté de fumer...
Mais il faut croire que la mort frappe ceux à qui s'on y attend le moins...
Je suis tout le temps parano, si ma mère me dit qu'elle a mal dans le bras gauche, je psychote et me dit que c'est annonciateur d'une crise cardiaque, si elle a mal à la tête, je psychote et m'imagine que c'est annonciateur de la rupture d'anévrisme, etc... (alors que dans la plupart du temps, évidemment, c'est anodin, c'est banal).
Mais là... Là, pour mon cousin, sa fièvre était réellement annonciatrice de quelque chose de grave, mais je n'ai pas eu peur, j'ai cru qu'il s'agissait d'une banale grippe ou angine !!!
C'est quand on ne s'y attend pas que c'est grave
Il m'a donc dit qu'il avait de la fièvre le 7 décembre, mais ce jour là, on avait quand même bien parlé sur Facebook... Si j'avais su que 20 jours plus tard, il serait mort !!
Le lendemain, le 8, nous avons appris qu'il était entré à l'hôpital : il avait été victime de douleurs ventrales extrêmement violentes dans la nuit, et ni les Spasfons ni les dolipranes ne le soulageaient.
Il avait donc été voir son médecin, qui lui avait conseillé d'aller d'urgence à l'hôpital : à l'hôpital, ils l'ont tout de suite gardé...
Diagnostic : Pancréatite aïgue nécrosante...
Mais même si on savait que c'était "grave", personne ne s'attendait à ce qu'il meurt, nous pensions que nous pourrions le sauver...
Une semaine après son entrée, nous sommes allées le voir, ma mère et ma soeur, à l'hôpital. Il n'avait pas le droit de boire ni de manger, il était nourri par une sonde naso gastrique qui lui faisait mal. Mais ça ne le dérangeait pas, il n'avait pas faim.
Il parlait déjà de sa future sortie... Il ne s'attendait pas du tout à mourir... D'ailleurs, je me souviens même que ce jour là, le Samedi 20 décembre, il avait dit : "J'ai pas peur, car on m'a dit que le pronostic vital n'était pas engagé".
Pas engagé ? Et pourtant, pile une semaine plus tard, le 27, il a succombé...
Il a été opéré deux fois : la première, une petite opération...
Et la deuxième... La fatale
C'était le Vendredi 26 décembre. Il avait envoyé un texto à ma soeur pour lui dire : "Opération beaucoup plus compliquée et plus invasive".
Avant l'opération, ma soeur lui avait téléphoné, et paradoxalement... il lui avait dit qu'il était en forme, qu'il se sentait bien, en forme ! Ils avaient également parlé de choses banales comme des séries télévisées. Mon cousin lui avait répondu "on en reparlera après".
Malheureusement, il n'y a jamais eu d'après... !
Mon cousin lui a envoyé un texto "Départ pour le bloc"...
Si nous avions su que c'était en réalité un départ pour la morgue
Pendant l'opération, les chirurgiens ont apparemment découvert que tous ses organes étaient infectés... Il a fait une hémorragie, a dû recevoir une transfusion sanguine...
Mais je ne sais pas si les chirurgiens pensaient qu'il mourrait, même à ce moment là...
Il s'est tout de même réveillé après l'opération. Il avait même écrit sur un bout de papier "Pourquoi les menottes ?" (parce qu'on lui avait attaché les mains afin qu'il ne touche pas à quelque chose, même par réflexe, enfin je n'ai pas très bien compris).
Malheureusement, il s'est réveillée pour... Pour repartir et ne plus se réveiller !
Pourtant, les médecins ne s'attendaient peut-être pas à sa mort, car ils lui avaient dit "Si demain ça va mieux, on vous enlèvera ce truc"
Mais son état s'est dégradé dans la nuit...
Le Samedi matin, ses parents ont été appelés en urgence (c'est sa mère qui nous a raconté tout ça) pour nous dire qu'il était dans un état "très grave". Pour elle, ça a été une journée terrible, selon ses dires (évident, c'est le jour où elle a vu son fils unique mourir sous ses yeux...)
A l'hôpital, ils ont vu sa tension chuter : de 19 jusqu'à 2, 5...
Les médecins ont tenté une dialyse, ça n'a rien fait.
Sur le rapport d'hospitalisation, il est écrit "Décès par survenue d'asystolie"
Sa mère lui disait de s'accrocher... Jusqu'à ce que l'infirmière annonce : "ça y est, il est parti".
Mon Dieu, quelle horreur ça a dû être pour elle...
Nous avons appris cette atroce nouvelle seulement le Dimanche matin, alors qu'il est parti le Samedi 27 décembre à 11 h 55.
Lorsque je me suis réveillée, j'étais dans mon lit et j'ai entendu mes parents pleurer... Je n'ai même pas demandé ce qu'il se passait, car si mes parents pleurent, ça veut dire qu'il y a eu un drame. J'ai tout de suite compris que mon cousin était mort, même si je n'avais pas vraiment réalisé...
Ma mère pleurait et je l'ai entendu dire "Pauvre Micheline, elle va se retrouver toute seule !"
Micheline est donc sa soeur, la mère de mon cousin...
Elle va se retrouver toute seule, car mon cousin vivait toujours chez elle à 42 ans. Et je me demande d'ailleurs parfois si ce n'est pas "pour ça" qu'il est mort...
Dans le sens où je savais très bien que mon cousin vivait mal le fait de vivre chez sa mère à 42 ans, de ne pas trouver de boulot et de ne pas avoir de vie sentimentale. Il n'y a d'ailleurs sûrement qu'à moi qu'il se confiait, car étant dans la même situation (sans statut social : ni études, ni travail), j'étais sûrement l'une des seules à ne pas le juger sur sa situation.
Beaucoup de personnes de la famille le critiquaient, le jugeaient, et je pense qu'il le vivait très mal. C'est sûrement pourquoi il buvait beaucoup d'alcool, et l'alcool joue énormément dans la pancréatite aigue nécrosante
J'en veux donc à ceux qui le jugeaient, c'est dégueulasse...
Il cachait à tout le monde qu'il buvait, personne ne le savait... Et il se nourrissait n'importe comment : jamais de légumes, très rarement des fruits et souvent, que de la graisse...
De son côté en plus, ils ont le pancréas fragile. Il n'empêche qu'il a été le seul à en MOURIR... Mais ça, c'était sûrement car en plus d'avoir le pancréas fragile, il buvait et mangeait n'importe quoi
Depuis, voilà, je suis anéantie...
Nous sommes allées chez sa mère il y a quelques semaines. Elle ne va pas bien du tout...
Elle culpabilise et n'arrête pas de dire que c'est de sa faute s'il est mort, qu'elle ne s'est pas assez bien occupée de lui, etc
Elle a mis des photos de lui partout dans la maison, elle en a fait un mausolée...
Quand elle mange, elle se réserve un tout petit coin sur la table, car le restant de la table est remplie de photos !
C'est affreux...
Elle ne cesse de dire "c'est moi qui devrait être à sa place". C'est sûr, quand on a 71 ans, on est pas censée voir son fils unique mourir sous ses yeux...
Elle n'a pas d'autres enfants à qui se raccrocher, elle n'a pas de petit-enfant, et plus vraiment de mari (ils sont divorcés depuis longtemps). Elle est donc vraiment seule.
Il lui reste juste ses soeurs, ses neveux et nièces...
Mon cousin a été enterré avec ses grands-parents : quand elle va au cimetière, elle va donc sur la tombe de ses 2 parents et de son fils unique... :sweat:
Elle faisait tout pour lui, elle projetait de lui offrir un voyage au Canada, elle lui mettait de l'argent de côté pour qu'il puisse garder la maison quand elle serait morte, etc... Tout ça pour rien !
C'est horrible
Qu'a-t-elle fait pour mériter ça ? Elle est très gentille...
Et quand je vois qu'à côté de ça, y'a plein d'ordures qui sont super heureux, ça me dégoûte et me détruit, je me dis : mais dans quel monde vit-on ?!
Elle est vraiment SEULE en plus, chez elle, y'a plus personne, maintenant...
Son fils unique, avec qui elle a vécu durant 42 ans, est mort... D'un coup... Comme elle nous l'a dit "ça nous est vraiment tombé dessus d'un coup" ! L'horreur absolue...
Nous devions partir au Futuroscope (moi, ma mère et ma soeur) les lundis et mardis qui ont suivi le samedi de sa mort.
Au début, je ne voulais plus y aller, mais nous y sommes allés quand même, car mon cousin n'aurait pas voulu qu'on annule à cause de lui...
On me disait "ça va te changer les idées".
Sauf que j'y suis allée et... Non, sa mort était beaucoup trop récente pour que ça puisse me changer les idées. J'avais tout le temps envie de pleurer. Tout le temps.
Ce séjour a été gâché...
Vendredi, ça fera trois mois qu'il est mort, et la douleur est toujours exactement la même qu'au départ.
Son départ m'anéantie encore plus que celui de ma grand-mère, je ne sais pas pourquoi ?
Si en fait, c'est sûrement car personne ne s'attendait à sa mort : d'abord, on est pas censé mourir à 42 ans (ma grand-mère en avait 82, c'est déjà plus logique...), et ensuite, c'est arrivé extrêmement brutalement.
Imaginez-vous que vous parliez à une personne de votre famille, qui est jeune. Elle va très bien. Et puis demain, elle attrape une maladie grave, et hop, dans deux semaines, elle est morte !
C'est vraiment affreux...
Je ne supporte pas la brutalité...
Et je me dis : pourquoi moi ?
Avec tout ce que j'ai déjà vécu !
A 13 ans, j'allais mal, on me disait "tu verras, avec le temps, ça ira mieux".
A 18 ans, soit 6 ans plus tard, j'ai vécu une telle horreur en psychiatrie que j'allais encore plus mal qu'à 13.
A 19 ans, j'allais encore plus mal, car ma grand-mère est morte.
Et maintenant, à 20 ans, c'est encore pire, et c'est d'ailleurs la pire année de toutes, là je pense... J'ai passé le pire jour de l'an de ma vie !
Il est mort le 27 décembre 2014, ces "fêtes de fin d'année" seront pour moi maudites à tout jamais...
Je crois bien que pour moi, le temps aggrave les choses !
Et à chaque fois que je vais un peu mieux, que je me sors un peu la tête de l'eau, il y a toujours un affreux drame pour me replonger sous l'eau !!!
Après l'enfer psychiatrique, j'allais mieux... Mais la mort de ma grand-mère m'a fait replonger.
Et une fois que je commençais à aller un peu mieux, la mort de mon cousin est venu me replonger la tête sous l'eau encore !
Maintenant, j'ai peur d'aller mieux, car ça ne sert à rien si c'est pour qu'on nouveau drame vienne tout détruite.
C'est comme si une maison avait été détruite par un ouragan, qu'on prenait du temps pour la reconstruire... pour qu'au final, un nouvel ouragan arrive et la détruise à nouveau
Et Pourquoi LUI ?
J'ai plus d'une vingtaine de cousins / cousines... Mais je m'en fous d'eux et d'elles, nous ne sommes pas proches, on ne se parle jamais, on ne se voit jamais.
Lui, c'était le SEUL ET UNIQUE dont j'étais proche. Et c'est LUI qui meurt... alors ça, je ne le supporterai jamais, vraiment
La mort de ma grand-mère n'a pas été suffisante, il a fallu qu'on m'arrache encore un autre être cher
(alors que même avant de perdre personne, j'avais déjà des antécédents dépressifs !)
Et l'une des pires choses, c'est le fait de penser qu'on aurait pu le sauver...
Il était dans un hôpital de banlieue : s'il avait été transféré dans un grand hôpital, peut-être serait-il toujours en vie ?...
Toute ma famille se demande pourquoi ils ont attendu la veille de son opération (soit 19 jours) pour le mettre sous antibiotiques : ses organes ont eu le temps de s'infecter !
Selon ma soeur, étudiante infirmière, ils auraient dû le mettre sous antibiotiques tout de suite, dès le départ !
Et on ne cesse de de se demander s'ils n'ont pas attendu trop longtemps avant de l'opérer...
Je me sens très seule, car je vois bien que la plupart des jeunes de mon âge ne connaissent pas l'atroce douleur de perdre un être cher. Ni celle de l'enfer psychiatrique (les deux sont atroces, et moi, je connais les 2).
D'ailleurs, je n'ai pas perdu qu'un seul être cher, mais deux...
Un seul, c'est déjà horrible, alors deux...
Sur mon mur Facebook, ils postent avec le sourire : "dans 3 jours, le ski
" ou des choses comme ça.
(je sais que quand on va mal, on ne le dit pas forcément sur Facebook, mais quand on va mal ou qu'on perd un être cher, on ne poste pas qu'on va partir en vacances au ski avec un énorme smiley sourire, donc voilà, j'en conclus qu'ils vont très bien).
La première question, quand je croise un ancien ami du collège ou lycée "alors ça va les études ? " (question que je n'aime pas d'ailleurs, étant donné que j'ai arrêté les études...)
Puis, quand je dis "et toi ?", ils répondent qu'ils vont super bien, que leurs études leurs plaisent, etc.
Tant mieux pour eux... Je ne leur souhaite pas de malheur, mais pourquoi moi ?
Quel horrible crime ai-je donc commis pour mériter cet horrible châtiment ?
Alors qu'eux, qui ont mon âge, voir plus encore, sont parfaitement heureux et ont l'immense bonheur de ne jamais avoir perdu personne...
J'ai 20 ans, mais parfois, j'ai l'impression d'en avoir 70...
Parce qu'à 20 ans, la plupart des jeunes ne pensent qu'aux études, à s'amuser et à sortir en boîtes !
Moi, je pense au néant, au vide, à l'absence terrible de mes êtres chers disparus qui me manquent atrocement, je pense aussi à l'horreur de la psychiatrie, etc...
Quand un lycéen rentre du lycée, ses premières pensées sont : "Bon, je vais goûter et puis faire mes devoirs, faut que j'ai une bonne note" ou des choses banales du genre.
Eh bien, ce monde me semble tellement lointain, voir même irréel...
Moi, mes pensées sont : "vous me manquez atrocement, mon coeur saigne de votre absence, je suis pressée de vous rejoindre" etc
Je ne me sens pas comme les jeunes de mon âge. J'avais d'ailleurs annoncé la mort de mon cousin à un "ami" (enfin une connaissance) qui m'avait proposé une sortie.
Il m'avait répondu "toutes mes condoléances, je comprends".
2 mois après sa mort, il me renvoie un texto pour me dire : "Coucou, tu vas bien ? ça va mieux ?"
Qu'aurais-je dû répondre ?
"Oui, ça va mieux. Sa mort m'a fait mal, mais bon, ça fait 2 mois, le temps a fait son affaire, c'est bon, je m'en fiche maintenant, il ne manque plus" = ??
Quiconque connait l'atroce douleur de perdre un être très cher sait très bien qu'on ne peut pas "aller bien" ni mieux seulement DEUX MOIS (c'est quoi deux mois, c'est rien du tout) après la mort de l'être cher, voilà aussi pourquoi je viens poster ici, dans l'espoir d'être un peu mieux comprise et non jugée...
Dans mon cas, d'ailleurs, j'ai perdu 2 êtres chers, pas qu'un seul...
Je ne veux plus traîner avec lui, car je me sens trop incomprise (en plus, il n'est pas au courant de mes antécédents dépressifs).
Je pense que pour penser qu'on puisse aller bien 2 mois après la mort d'un être cher, c'est qu'il n'a jamais connu la mort d'un être très cher...
Et mon cousin était un être très cher, je partageais tout avec lui. Il était d'ailleurs l'une des seules personnes à me soutenir dans mon mal-être !!!
Voilà pourquoi, depuis sa mort, je me sens tellement abandonnée, d'autant plus qu'il m'avait dit de son vivant "je serai toujours là pour toi"
Ah oui, mais où est-il ?
Parfois, je lui en veux et je suis en colère contre lui, même si je sais paradoxalement qu'il n'a pas fait exprès...
Est-ce de ma faute ? Nous parlions très souvent ensemble de la vie après la mort. Le dernier livre que je lui ai prêté, en février 2014, était "les 7 bonnes raisons de croire à l'au-delà"...
Jamais je n'aurais pu m'imaginer qu'il y partirait si vite, dans cet au-delà...
Il n'y croyait pas. Il était très cartésien : pour lui, après la mort, il n'y avait rien et on se faisait dévorer par les vers. Mais il était ouvert d'esprit et ça l'intéressait quand même de parler du sujet...
Je lui avais dit, un jour alors que nous en parlions : "Un jour, tu auras la réponse !"
Il m'avait répondu : "Je l'aurai si je suis dans le tort".
Eh bien maintenant, il l'a... j'espère tellement, qu'il était dans le tort !!
Sauf que depuis sa mort, je n'ai jamais eu aucun signe de lui, rien, comme s'il avait disparu à jamais (idem pour ma grand-mère)... et ça, ça me terrifie
Mais je ne peux concevoir qu'on puisse disparaître ainsi...
Les gens vont bien, sont là, et d'un seul coup, ils disparaissent et ne donnent plus jamais de nouvelles, c'est horrible
J'ai essayé de l'appeler sur son portable : "Le numéro que vous demandez n'est plus attribué" : ça aussi, c'est HORRIBLE d'entendre ça !!
C'était LA seule personne avec qui je parlais des heures au téléphone...
Avec qui je vais rire maintenant ? Qui va me raconter des conneries ? Que vais-je faire ? etc, etc..
Le printemps est là, l'été approche... Avant, j'adorais ça. Mais maintenant, je déteste...
Depuis 4 ans, j'avais l'habitude de passer tous mes étés avec lui, alors... Là, ce serait vide, fade, nulle
Et ça ne devrait pas être comme ça à 20 ans... Normalement, ce sont les personnes beaucoup plus âgés qui parlent ainsi, à 70 ans, par exemple (car à cet âge, tout le monde a déjà perdu un ou plusieurs êtres chers).
Voilà pourquoi, parfois, j'ai l'impression d'avoir 70 ans et non 20 ans...
Je connais même des personnes de 50 ans qui n'ont jamais perdu aucun être très cher, d'ailleurs : moi, 20 ans, déjà 2...
(sans compter l'enfer psychiatrique etc).
Et je ne supporte plus le fait que l'on me dise d'aller voir des psys, étant donné l'enfer que j'ai vécu en psychiatrie !
Je ne suis donc pas venue ici pour qu'on me dise d'aller en voir...
D'ailleurs, un jour, mon cousin m'avait dit : "moi, je vaux beaucoup mieux que tous les psys du monde !"
Et il avait entièrement raison.
Alors depuis sa mort, lorsqu'on me parle de psys, mon sentiment d'abandon ne fait que se renforcer et me terrifie : j'en fais des cauchemars éveillés, où j'imagine que tous les gens que j'aime meurent, et qu'à la place, pour les remplacer, il y a plein de psys et de médicaments !
Mon Dieu quelle horreur...
Même à la Maison de Solenn, le seul lieu où je n'ai pas été torturée, je ne me suis pas du tout, mais alors PAS DU TOUT, sentie épaulée.
Lorsque j'ai dit à une infirmière que j'avais perdu mon cousin, elle m'a simplement répondu "Faut faire son deuil", limite avec un sourire... je l'ai tellement mal pris, que je ne veux plus jamais la revoir...
Elle a également dit que je traversais une période "un peu" difficile, ce que je trouve fou !
A la base, si je viens à la Maison de Solenn, c'est que je vais déjà mal (c'est un centre pour ados en souffrance, pas une colonie de vacances, elle a oublié ?), donc la mort de mon cousin ne peut qu'aggraver cette souffrance déjà existante !
Mais pour elle, ce n'est rien, ce n'est pas dramatique, c'est juste "un peu" difficile... J'ai halluciné !
Elle aussi, qui a pourtant 10 à 15 ans de plus que moi, ne doit jamais avoir connu l'atroce douleur de perdre un être cher pour oser me sortir ça et minimiser ma souffrance à ce point...
J'allais aussi à un groupe de parole là-bas. Après la mort de mon cousin, j'ai loupé une séance. Une infirmière m'a appelé pour me demander pourquoi je n'étais pas venue, je lui ai dit pourquoi. Pas un mot de condoléances. Rien.
Lorsque je suis retournée au groupe la semaine d'après, pareil : pas un mot de condoléances, pas un "je suis désolée", rien... RIEN.
EXACTEMENT comme si je n'avais jamais vécu aucun drame dans ma vie. Exactement comme si rien n'avait jamais eu lieu...
ça aussi, je l'ai très mal pris, et depuis, je ne suis jamais retournée au groupe !
Quand on va dans ce genre de centre, c'est pour être épaulée dans sa souffrance, que la souffrance soit reconnue : ben alors là, c'était carrément l'exact INVERSE !!
Et puis, j'ai réalisé que finalement, ce centre n'était pas pour moi... La plupart des filles du groupe souffrent d'anorexie ou de boulimie.
Ce centre, c'est surtout pour les anorexiques ou les boulimiques, ils sont spécialisés là-dedans...
Sauf que moi, même si je me nourris très mal, je ne suis ni anorexique, ni boulimique. Je suis "endeuillée".
Mais contrairement à l'anorexie et à la boulimie, le deuil n'est pas quelque chose qui se guérit... Ce n'est pas une maladie...
C'est malheureusement une souffrance incurable...
En effet, que faire contre l'absence physique d'une personne aimée ? Contre le manque ? Il n'y a rien à faire.
"Chaque problème a une solution" ---> quiconque connaît la perte d'un être cher sait bien que non, il n'y a pas de solutions à la perte d'un être cher, hélas...
J'ai donc tout arrêté et je passe mes journées à ne rien faire, chez moi, en pyjama. De toute façon, je n'ai plus envie de rien.
Mon cousin me manque atrocement, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase... comme si le décès de ma grand-mère n'avait pas été suffisant...
Une vie brisée, à seulement 20 ans
Bref, voilà, je suis désolée pour le roman...
Je répète que je n'ai pas envie de conseils ni de phrases toutes faites, j'ai juste posté pour extérioriser tout ça et me sentir un peu moins seule, voilà...
Et courage à vous tous qui êtes également dans la douleur.