FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre Le Deuil => Discussion démarrée par: Antonia Sophia le 17 juillet 2016 à 23:37:49
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LE ROUGE DU SANG
Il fait deuil aujourd'hui au sombre royaume des portes
Et l'on voit des fleurs oubliées aux pétales tombants
S'incliner lentement en très grandes larmes de sang
Comme pour pleurer en silences la noirceur d'une vie
Où je reste seule sans toi dans ce désert vide et gris.
Antonia de Réus de la Torre
Extrait de : La Mort Soleil
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LES AMPLES MURMURES
Ce jour maudit d'avant l'automne Où pour toujours le glas résonne
Sans rien pouvoir dire tu es parti Et depuis lors moi je meurs aussi
Dans les amples murmures des fantômes passés
Le grand silence a pris place sur le visage creusé
Et je reste là seule dorénavant à nous écouter parler
Quand tout cela devient subitement si précieux
Mais que sans toi il n'existe plus rien de sérieux.
Antonia de Réus de la Torre
Extrait du recueil: La Mort Soleil
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TEMPS DÈLABRE
Le printemps revient déjà mais toi n'es pas là.
Le temps est cruel qui passe et ne s'arrête pas.
L'entends tu rire maintenant dans le grand vide du silence?
Et comme il se moque de toi et comme il se moque de moi?
On voudrait le tenir. Pouvoir le retenir. On demande un instant. On quémande un moment. Comme avant. Mais il passe le temps. Il s'en fout bien d'avant. Lui Il regarde devant.
On voudrait le tenir L'arracher par lambeaux Juste un moment Juste pour un temps Mais il s'en va déjà et nous laisse là Sur le bord du chemin Avec du vide dans les mains.
Et Nous on reste là Avec les bras ballants
En se demandant Vraiment bien comment
On fera sans avant Pour aller de l'avant.
Antonia de Réus de la Torre
Extrait du recueil: La Mort Soleil
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LE POÈME D'AMBRE
Dans les solitudes glacées de ces hivers profonds
Où se noient tristement les larmes givre des amants
Leurs mains se sont mêlées à leurs regards nacrés
Pour jamais prisonniers des caprices ardus du temps
Qui les tient immobiles sur les clairs rivages tremblants
Evanescents et glorieux dans les errances des vents.
Séparés pour un temps seulement............................
............................De chaque côté de ce vaste néant.
Antonia de Réus de la Torre.
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LE CYGNE NOIR
Sur la courbe de sa nuque repliée d'élégances
La ballerine se penche en écoutant la romance.
Evanescente de grâce entre les nuages du voile
Elle pleure son chagrin dans la danse d'une étoile.
Effleurant des accords pour caresser une absence
D'une grande ombre déliée, elle ondule le silence
Et sa cheville si fine enlaçée par un long satin ivoire
Cisèle dans l'air soyeux des arcs en ciels de moire.
Pour venir se faner de ta lumière tout doucement
Dans un soupir elle abaisse son corps très lentement
Et son beau turban de plumes étincelé de diamants
Tremble dans les derniers frissons d'un cygne mourant.
Elle avait dessiné un ballet dans le ciel
La danse éphémère d'un tableau irréel
Une perle nacrée comme une larme d'argent
Dans le frémissement d'un cristal transparent.
Antonia de Réus de la Torre
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LA STÈLE DU ROI
Avec toute la douceur d'un papillon qui se pose
J'imprimerai sur ta stèle noire en nuages de roses
La caresse délicate du tracé long de mes doigts
Qui te parlera ainsi sans que tu entendes ma voix
Et suivra lentement comme en autant de méandres
Les contours de ta bouche sur ma carte de Tendre.
Antonia de Réus de la Torre.
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:'( ces poémes sont très beaux, ils expriment ce que tous ici nous vivons
un grand Merci
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Je voulais appeler mon recueil " les fleurs du mal " mais le titre était déjà pris.
La Mort Soleil exprime tout aussi bien ce que nous éprouvons tous à la perte d'un être aimé.
Même si je ressens mon vrai titre comme " Les Fleurs Du Mal "
car je n'aime pas trop évoquer la mort dans les mots de présentation.
Toujours est-il que je vous remercie pour votre compliment qui me va droit au coeur.
Un baiser doux sur votre âme.
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LE SERMENT DE NOVEMBRE
Ils se sont dit adieu par un soir lourd de novembre
Avec des larmes froides qui ont givré leurs yeux
Quand pour la dernière fois ils se sont regardés
Pris dans le silence grave d'un moment d'éternel.
Elle a pris dans ses mains ce beau visage éteint
Avec un geste ample et lent de tendresse infinie
Quand il semble déjà mort et ne tremble même plus
Sous la caresse ombrée de ses longs doigts exilés.
Il a touché ses cheveux et puis a caressé ses yeux
Lui a enfin dit les mots qui les a pour jamais réunis
Lorsqu'avec la douleur des amants qu'on démembre
Ils se sont dit adieu par un soir lourd de novembre.
Antonia de Réus de la Torre
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LE TEMPLE D'OR
J'avais cueilli à l'aube triomphante La corolle blanche d'une infante
Qui ébouriffait son échancrure Dans un écrin de sombre verdure
Et je te l'ai apportée frémissante Dans sa beauté toute ruisselante
Avec le sentiment d'un cher trésor Que j'aurais volé à un temple d'or.
Cette rose, je te l'avais offerte Sur la coupole de ma main ouverte
Comme un doux secret qu'on respire Dans le coeur d'une fleur qui chavire.
Mais cette rose tu l'as laissée là comme si elle n'existait même pas
Alors que pour tout cet amour de toi
Moi un jour j'ai fait mourir le soleil de froid
Antonia de Réus de la Torre
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L'ENFANT I
C'est une tombe effacée à fleur de terre
A peine renflée au lit froid d'un cimetière
Plus rien que la trace légère d'un souvenir
Seulement une empreinte qui va aussi mourir.
Abandonnée des vivants à sa décrépitude
Dans un petit coin désespérant de solitude
Loin là bas, tout au fond de l'allée déserte,
Gît l'ombre évanescente de son corps inerte.
Pas de fleurs qui éclairent sa longue tristesse
Aucune main adoucie venant offrir sa caresse
Plus personne ne vient la bercer de sa voix.
Et nulle couronne pour embrasser cette croix.
Antonia de Réus de la Torre
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CHRYSANTÈMES II
Ce matin d'un automne embrumé de pleurs
Je suis venue les mains pleines de tes fleurs
Quand j'ai vu une blanche stèle de marbre
Sous l'ombre indifférente d'un grand arbre.
Il semble bien qu'elle attende et appelle
Une main douce et aimante qui la fera belle
En lui rendant un peu des splendeurs d'alors
Par ce jour de Novembre tout avalanché d'ors.
Aussi j'ai déposé près des ailes blêmes
Un fin collier de légers chrysanthèmes
Comme l'hommage muet d'une inconnue
Sur la chappe froide de sa pierre nue.
Car il n'est rien de plus triste au monde
Que la tombe d'une enfant sans la ronde
D'une jolie couronne aux pétales clairs
Se déployant d'ors et de jades dans les airs.
Antonia de Réus la Torre
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L'ANGE BLANC III
La fine dentelle d'une mousse froissée
Pleure sur un ange blanc à l'aile fracassée
Et cisèle dans l'air une fine arabesque jaspée
A la couche glaciale de la belle enfant enterrée.
Son prénom s'est évanoui depuis déjà longtemps
Qui l'enneige endormie sur les flocons du temps
Et j'ai rêvé à ce cadeau d'un berceau embrumé
Qui la fera alors jeune princesse d'un palais éthéré.
Hélas c'est la tombe ruinée d'un amour oublié
Un royaume givré dans le brouillard gris irisé
Tout scintillant d'une chaude lumière dorée
Aux gouttes voilées d'une lune empourprée.
Car il n'est pas de granit blanc au mica assez beau
Pour l'enfermer dans la chape marbrée du tombeau.
Antonia de Réus de la Torre
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BIENTÔT L' AURORE SURRÉALE I
Sous la grisaille d'un nuage se plombe
Toute la cruelle solitude de la tombe
Qui s'emmarbre des lentes musiques sourdes
De pompeux chrysanthèmes aux têtes lourdes.
Le soir tombe lentement sur la ville des ombres.
Comme de longues traînées d'azur déjà mort
Défigurent au ciel plombé ces nuages tremblants
Et n'étale de sa nuit l'ardent poison des sombres
Antonia de Réus de la Torre
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LES ORS DE NOVEMBRE II
C'est la fête triste d'un jour de Novembre
Où s'étire un vent lassant qui démembre
D'une longue torture les cyprès sombres
Gardes sévères du royaume des ombres.
Par moments on entend que résonne le glas
Qui encombre le silence sur des airs las
Comme si hurlant d'une grotte profonde
Il pleurait toute la misère noire du monde.
S'alourdit l'âme d'une grande souffrance
Qui se déchire de malheur et d'errances
Quand nous appelle une couronne raide
Nous suppliant tous de lui venir en aide.
Antonia de Réus de la Torre
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LE CHER SOUVENIR III
Dans la froide et calme indifférence
D'un vaste jardin alourdi de silence
Se déroulent d'une traîne mensongère
Des fleurs gisantes enrobées de misère.
Les roses délavées aux nacres effeuillées
S'alarmant d'oubli sur les tombes endeuillées
Se prennent d'un long baiser tourmaline
Attristé aux lettres dorées de claire citrine.
Mais se fond d'une larme le ciel glabre
Qui refleurit d'une étoile givrée le marbre
Au cimetière délabré étreint d'une fête
Morte bientôt de ses fleurs que l'on jette.
Antonia de Réus de la Torre
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LE JARDIN DES TÉNÈBRES IV
Se plaît d'un grandiose funéraire
Le vaste désert du jardin cinéraire
Prisonnier d'un enfer brûlant d'ébène
Dans la mort sombre comme une arène.
Des fleurs naccarats le sanglant madrépore
Naufrage le marbre d'un blanc d'hellébore
Et l'embrase aux larmes rouges d'une tenture
Sur le velours brun des roses d'Estremadure.
Des profonds tabernacles les durs mausolés
Engisent le secret défunt des âmes désolées
Qui s'enflamment aux pétales recourbés d'ors
Des lourds capitules déployant leurs trésors.
Et se reluit de mouvantes arabesques
Dans des opulences de jardin mauresque
Le vaste cimetière somptueux d'éclatant
Qui au matin glauque se fanera pourtant.
Antonia de Réus de la Torre