Bonjour à tous. Je viens sur cette page pour essayer de trouver quelqu'un qui aurait vécu les mêmes drames que moi, afin de partager nos douleurs et trouver des moyens pour y faire face.
Au début de l'été 2013, mon fils de 23 ans s'est suicidé. Ce fut un raz-de-marée dont je n'aurais pas imaginé me remettre.
2 mois plus tard, mon compagnon (qui n'était pas le papa de mon fils) a lui aussi mis fin à ses jours. L'impossibilité pour mon fils de continuer à porter le monde sur ses épaules et sans doute, une prise de conscience qu'il ne parviendrait pas à faire changer notre monde qui ne cultive que la réussite sociale et le mercantilisme, ont fait qu'il a, ce soir là, baissé les bras. Dans sa lettre d'adieu, il a crié tout son désespoir de ne pas parvenir à continuer à vivre, car il n'en pouvait plus. Probablement, un esprit bien plus âgé et expérimenté habitait son âme, en tout cas, qui n'avait pas les 23 ans de son jeune corps.
Mon compagnon, médicamenté à outrance suite à une dépression dont il ne parvenait pas à voir le bout, n'a pas pu trouver la force de m'épauler dans la perte de mon fils, et le chagrin immense que son décès lui a causé à lui aussi, a fait qu'il a descendu la pente pendant 2 mois, espérant sans doute qu'il parviendrait à m'aider. La dure réalité l'a un soir lui aussi, saisi , et il a franchi le pas.
Là, j'ai bien cru mourir de douleur. Je me suis relevée et j'ai fait front pour ma fille, le papa de mes enfants, ma très nombreuse famille et des amis impossibles à compter. Etant déjà un peu dans les énergies, la relaxation, les fleurs de Bach, les séances d'EMDR...., j'ai pu utiliser tout ce qu'il m'était bon pour ne pas me diriger vers les médicaments-oubli.
La 1ère année de ces deux deuils, je l'ai vécue un peu comme dans un nuage. Enormément entourée, famille, collègues, amis, voisins, j'ai survécu. Pour exorciser cette douleur que je qualifierais d'insurmontable, j'ai commencé à écrire un livre, pour parler du suicide, pour nous souvenir de tous les 2, pour tâcher de comprendre et surtout de pardonner. Nombre d'amis de mon fils sont encore, 20 mois plus tard, abasourdis et anéantis par son départ, car il avait un grand charisme et était très aimé. La 2ème année qui a commencé depuis quelques mois, m'a plongé dans un désespoir bien plus grand que la première. Une raison toute simple : pour tous ceux qui m'ont tant entourée, la vie a repris son cours, normal pourrait-on dire, alors que pour moi, elle ne le sera jamais plus. En même temps que j'ai compris cela, j'ai compris qu'il fallait que j'adopte une nouvelle philosophie de vie, que j'apprenne à ne compter que sur moi, et que, surtout je commence à m'aimer et sans doute, à me pardonner. J'ai réagi car je sentais que je descendais la pente à vitesse grand V et sans dire que je me serais suicidée, je suis assez lucide pour avoir senti que si je ne faisais rien, la vie allait devenir compliquée pour moi. Le chagrin immense qui est le mien, ainsi qu'un désespoir sans nom font qu'il est devenu urgent pour moi de changer de vie. Et c'est ce à quoi je m'emploie. Epaulée de mes meilleurs amis qui me guident, je me dirige vers la méditation, la spiritualité, j'ai pris beaucoup de recul avec la vie qui était la mienne, avant la perte de mes 2 amours . Je vis aussi quelque chose d'étrange : le sentiment de me regarder vivre, aller au travail, manger, dormir... comme si j'étais sortie de mon corps. La thérapeute qui m'a suivie m'a dit que c'était là un phénomène normal, que mon cerveau mettait en place pour ne pas mourir de douleur et ainsi, analyser avec un recul tout à fait bénéfique, une situation qui pouvait être celle de tas d'autres personnes.
Voici pourquoi j'aurai grand plaisir à vous lire, vous qui avez vécu comme moi, 2 deuils de personnes proches qui faisaient partie de votre vie, à si peu de temps d'intervalle.
Dernière confidence, positive : bien évidemment, on ne se remet jamais de la perte de la chair de sa chair, mais au moins, devons-nous tout faire pour permettre à leur âme de s'envoler . Les torrents de larmes que je verse encore quotidiennement me le rappellent tous les jours et je sais qu'il faut que je les imagine désormais tous les deux autrement. Par exemple, à côté de moi, en train de sourire quand je fais quelque chose qui les amusait et peut-être même, en train de se fâcher quand quelque chose leur déplaisait ! Bref, la vie, somme toute, la vie encore et toujours.
Merci, à vous lire.