Bonsoir Liane37,
Je viens de te lire et je dois te dire que je comprends plus que tout les peines que tu traverses en ce moment. J'ai perdu mon grand-père, puis ma marraine de coeur, et bien plus tard, mon grand frère (mon plus grand amour, le plus sincère et le plus beau !). J'ignore si je peux encore supporter d'autres décès... Mais le fait que je sois encore debout me suffit à tenir le coup chaque jour. Je dois dire que celui de mon frère m'a fait tombé plus bas que terre. Comme si, tout d'un coup, on m'a arraché une moitié de mon corps, aussi brutalement sans douceur.
Cette année, ce sera le deuxième Noël sans mon frère, surtout lui. Je n'oublie jamais mon papy et ma marraine, mais dans leur vivant, je n'ai pas passé Noël avec ces deux personnes chères à mon coeur, malheureusement.
Le premier Noël était quand même "joyeux", mais insatiablement triste. En plus de cela, ma maman a le cancer (elle qui n'a jamais rien fait de mauvais pour sa santé !) et est en rémission pour l'instant. Donc, je m'occupais seule de tout. Je me souviens, en fait, je voulais faire quelque chose pour Noël... Parce que je voulais que ce soit comme avant, comme d'habitude. Pour moi, fêter Noël comme avant était un moyen de ne pas couper court les souvenirs que j'avais de mon frère. Je ne voulais pas faire un Noël dans une maison vide de sens (c'était bien le cas avant décembre !), je voulais faire revivre tous nos moments à travers les décors, les repas... En fait, pour moi, interrompre la magie de Noël, c'est comme admettre que mon frère n'est plus là, lui qui adorait ces fameux moments autour de la table. C'est comme recevoir en pleine face la douleur de son absence. Et je ne voulais pas. J'ai toujours dit qu'il est là, avec nous. Alors, pour moi, c'était impossible de ne rien faire... J'ai réuni tous mes efforts pour un Noël que mon frère aurait aimé, pour un Noël comme on l'a toujours fait.
La matinée, j'ai préparé les repas du soir. Et toute la journée, nous sommes restés auprès de lui, un peu jusqu'à 22h. Le soir, on est revenus pour manger. Et le lendemain matin (Noël), on est repartis le voir pour y rester jusqu'au soir. C'étaient quand même de belles journées. Moi, j'étais heureuse, car en même temps, on mangeait à la maison comme d'habitude puis, dès qu'on a fini, on courait vite le rejoindre ! C'était comme si il était toujours là. Enfin, encore aujourd'hui, je crois dur comme fer qu'il est toujours parmi nous.
Voilà ce que j'ai pensé des fêtes de fin d'année. "Comme d'habitude". Qu'est-ce que je ne ferais pas rien que pour le sourire de mon frère... L'imaginer sourire me donne de la force, vraiment. Je n'ai pas pensé ça au début. C'est au fur et à mesure que les jours passent, j'ai commencé à me poser des questions sur ce qu'il fait en ce moment, ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il pense... Depuis, j'ai essayé de faire de mon mieux, prendre le meilleur et ignorer le reste.
Si tu vois les autres sourire, ne te pose pas de questions sur le pourquoi du comment. Tu ne souris pas, tant pis, ce n'est pas leur problème. Certains vont te juger (oh oui, on m'a souvent critiqué pour mon comportement stoïque), mais tu t'en fiches, ils ne savent pas ce que tu endures. Donc laisse tomber. Cependant, d'autres vont s'intéresser à toi d'une certaine façon. Et si, malgré tout, ils continuent à être à tes côtés, que tu souris ou pas, que tu pleures ou pas, que tu aies des sautes d'humeur, que tu sois comme ci puis comme ça aussi soudainement, ne les lâche surtout pas. C'est un conseil qui, je prie pour ça, te servira bien plus tard...
Enfin, fêter Noël n'est, en rien, une obligation. Pour le fêter, il faut en avoir le coeur. Moi, j'en ai eu le coeur pour le sourire joyeux de mon frère, pour Maman, mais aussi pour tous ces enfants qui viennent nous rendre visite. Ces enfants, ces sales gosses (haha), mes neveux/nièces, mes p'tits cousins n'ont rien demandé. Ils méritent chacun d'avoir les étoiles plein les yeux. Alors, j'ai fais en sorte de faire joli joli la maison, avec un sapin et des bling bling de Noël malgré mon coeur déchiré. Oui en fait, il faut avoir de la force rien que pour ça...
Je te souhaite aussi autant de force, même un tout petit petit peu, pour accueillir cette imminente nouvelle année... A moi aussi, j'espère avoir encore cette force, même infirme, pour préparer la Noël et supporter encore la nouvelle année !
Des bisous !
Riata