Auteur Sujet: Mon premier dueil  (Lu 7204 fois)

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Sweetie

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Mon premier dueil
« le: 03 novembre 2015 à 20:06:36 »
Je m'excuse par avance pour la longueur du message et ses probables fautes.

Je suis âgée de 19 ans depuis quelques mois et fais mes études loin de ma famille, dans le sud de la France, quant eux sont à Paris. Je suis étudiante en science de l'éducation et j'ai beaucoup de temps libre. J'adorait écrire, j'était une jeune fille très créative et je jouait énormément aux jeux vidéos depuis ma petite enfance.



Il y a environs six mois, mon grand-père est mort d'une hémorragie nasale. (Le 18 juin, pour être exacte.) Je me rappelles très bien cette nuit, ou j'ai décroché le téléphone familiale, puisque revenue sur Paris pour les vacances d'été, avec ma grand-mère au bout de la ligne, qui, paniquée, me confiait que "Pep" (Le petit surnom de mon grand-père) saignait du nez depuis prêt de quinze minutes, sans interruption. 
Sans me départir de mon calme, je file jusqu’à la chambre parentale, tirant mes parents de leur sommeil par un simple "Mamie pense que Pep fait une hémorragie." Ma mère, cadre de santé, bondit jusqu'à ses affaires et cinq minutes plus tard, ils partent vers le domicile de mes grand-parents, qui heureusement logeait à une rue de chez nous.
Supportant mal la vue de sang, je reste chez moi sur les conseils de ma mère. J'étais sonnée par la nouvelle. Ma grand-mère ne nous appelle que pour les urgences et savoir mon grand-père dans cet état m'avait littéralement assommée.

Ces dernières années avaient été difficile avec lui. Ayant fait un AVC, il souffrait de gros troubles mémoriels et présentait une sénilité grandissante. Il avait eu un mauvais cancer à la mâchoire et était en rémission lors de cette nuit.  Lorsque, vers six heures du matin, ma mère m'appelle, je sais.
Je n'aurais pas pu expliquer comment, mais un étau me nouait la gorge depuis ce coup de téléphone et l'annonce de sa mort ne m'a rien fait sur l'instant.

Des jours qui suivent, je n'ai que de vagues souvenirs. J'ai pleurer deux fois, quelques heures après l'annonce de sa mort et lors de l'enterrement. Je revois les gens que nous connaissons et quelques inconnus qui semblaient être de ma famille.  La plupart sont bienveillants, avec quelques mots doux.
Mais ça m'a parut si vide. J'ai répondue à beaucoup avec humour. "C'est pas moi qui suis morte." ou encore le fameux "Il a eu une belle vie."

Ma grand-mère et mon père (son fils) étaient effondrés. J'ai tenu le coup, pour eux. J'ai fête mon premier anniversaire sans mon grand-père. En dix-huit ans, cela ne m'était jamais arrivé. Mes grand-parents sont tous pour moi. Une sorte de deuxièmes parents. Ils ont été si bons avec moi lorsque j'étais enfant que j'ai toujours voulu le rendre ne serait-ce qu'un centième de cet amour.

Cependant, je n'ai jamais eu la force d'affronter la maladie de mon cher pep. J'avais si mal au coeur de le voir, diminué par les médicaments, réduit à balbutier comme un enfant cherchant ses mots, que j'ai négligé ma présence à ses cotés et auprès de ma grand-mère.
C'est probablement cette pensée qui m'a poussée à jouer les dures lors de sa mort.

Depuis aout, je vis dans le sud pour mes études. Seule dans un appartement avec mon chat, j'ai laissé filer les journées jusqu’à la reprise.  Je me suis goinfré de jeu vidéo, de film, de série, cherchant à faire passer le temps d'une manière ou d'une autre. Alors que les cours reprennent, je me rassure en pensant me faire de nombreux amis.
Le blocage. Je n'arrive tout simplement plus à aller vers les autres. C'est même pire. Je n'ai plus envie d'aller vers le gens.  Je sympathise avec quelques filles, histoire d'être bien vue. Mais je n'ai pas envie de les connaitre. Je peine à retenir les noms et rapidement, je relâche mon assiduité, n'allant qu'a quelques cours.
Je fais du sport (du tir à l'arc). J'ai réussie à discuter avec ses élèves la, ayant un vague sentiment de groupe. Ca me convient, je n'ai pas envie de plus de toute façon.

Vient enfin les vacances d’automnes. Je remonte chez mes parents pour l'occasion, faisant plaisir à ma petite mamie. Je passe un peu de temps avec elle et finalement, on reparle de lui. Pendant la discussion je retiens mes larmes. J'ai éprouvé exactement les mêmes sensations que le jour de son enterrement. Mais en mille fois plus douloureux. Je n'ose pas pleurer chez mes parents, alors je dissimules cette conversation.
Avant de partir, j'accompagne ma grand-mère jusqu'au cimetière, déposer des fleurs pour la Toussaint. Nous ne restons pas longtemps, heureusement pour mes nerfs.

Je rentre enfin à Grenoble et je me sens soudainement très mal. Comme si tous ces mois n'avaient rien apaisée chez moi, comme si je m'étais interdit de respirer depuis sa mort et que soudainement, je réalise que je manque d'air. Et finalement, le soir ou j'écris ces mots, je me décide à briser mon silence. Je n'ai pas fait mon deuil. Je doutes même l'avoir juste commencé. J'ai encore du mal à réaliser qu'il n'est plus, six mois après son départ. Je suis en larmes, sans avoir envie de rien de plus que de me rouler en boule et de pleurer toutes les larmes de mon corps.

Je ne savais vers qui me tourner quand je suis arrivée ici, par le plus grand des hasards. Depuis qu'il est parti, j'ai beaucoup de mal à écrire alors qu'avant, j'y passait la moitié de mon temps libre.  Je n'ai pas la force d'en parler à ma famille et je n'arrive tout simplement pas à aborder le sujet avec mes amis. (Mes vrais amis, ceux avec qui je parles tout les jours par skype)
Je me sens seule, isolée et vulnérable, n'arrivant pas à reprendre le dessus sur ma vie.



Je ne sais pas trop quoi dire pour conclure. J'avais besoin de vider mon sac et c'est devenu plus facile pour moi d'en parler à de parfaits inconnus qu'a ma propre famille ou mes amis. (Cherchez l'erreur.)

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Re : Mon premier dueil
« Réponse #1 le: 04 novembre 2015 à 17:22:08 »
Bonjour Swetie,

Merci d'avoir pris la peine de partager ton témoignage, il me parle beaucoup, surement car il fait écho à mon propre vécu. Comme toi j'ai perdu un parent à 18 ans et puis je suis parti étudier dans le sud, comme toi au début je ne pensais pas que la perte m'affecterait autant car à 18 ans on sait finalement peut de chose de la mort. Et puis durant mes études dans le sud je me suis senti isolé et je ne comprenais pas vraiment ce que je vivais, je n'en parlais pas. Le deuil, c'est un très long processus et les premiers temps ne sont pas forcement les plus dur, ce que tu vis après un an n'est pas anormal. Tu as l'air très intelligente et sensible, je pense que tu devrais essayer d'en parler avec quelqu'un, une association ou autre si tu as du mal à aborder le sujet en famille ou avec des amis. Ça peut faire du bien de dire les choses, en tout cas, je te félicite d'avoir eu le courage de les écrire, c'est un premier pas.
N'hésite pas à venir mettre des mots sur ce que tu ressens, à t'entourer et voir plus tard à en parler en famille, parler de ces derniers instants etc...
En tout cas, je suis de tout cœur avec toi, accroche toi et fais attention à ne pas trop t'isoler.

Chaleureusement,

Yacine

Sweetie

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Re : Mon premier dueil
« Réponse #2 le: 05 novembre 2015 à 14:23:19 »
Bonjour Yacine,

Merci pour ton petit mot qui m'a vraiment remonté le moral. Le soir ou j'ai écris, j'ai vraiment senti que j'étais au plus mal et ça n'a pas vraiment suffit pour me soulager. Pendant l'espace d'un instant, j'ai voulu mettre fin à la douleur que je ressentais mais dans un éclair de luminosité j'ai eu l'idée de prévenir mon meilleur ami avant de faire une énorme bêtise.
Je pense que d'écrire ici m'a donné envie d'être aider et que c'était une forme d'appel au secours. Je ne vais pas mieux en seulement deux jours. Mais mes amis ont compris qu'il y avait un réel problème et m'entoure beaucoup. La plupart ne comprenne pas. Cependant, ils font leur maximum pour me sortir de la dépression dans laquelle je me suis empêtré. Je penses que j'ai fais le premier pas vers une forme de guérison et que cela soulagera à long terme ce qui actuellement me broie le cœur.

J'aimais mon grand-père de tout mon cœur. J'imagine que si je décide de mettre fin à mes jours, c'est comme si je renonçais à la chose la plus importante qu'il m'est appris : La ténacité. Il ne s'est jamais plaint de son sort, même avant son cancer quant les choses étaient déjà difficile pour lui.

Merci beaucoup.

Hors ligne Helpa

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Re : Mon premier dueil
« Réponse #3 le: 05 novembre 2015 à 15:53:50 »
Bonjour Sweetie,

Je ne sais pas quelles sont tes croyances, mais mettre fin à tes jours ne règlera pas tes problèmes et ta douleur, je peux te l'assurer. Je sais que tu souffres, j'ai vécu la même chose que toi en perdant ma fille. Mais si tu fais ça, tu souffriras encore plus de l'autre côté car tu vas faire souffrir tes parents et toute ta famille. Et tu ressentiras aussi cette souffrance.

Il n'y a pas pire souffrance pour des parents que de perdre leur enfant, et surtout par un suicide. Penses-y. Même si c'est très dur pour toi, tu dois t'accrocher, te faire aider et repartir de l'avant. Tu es très jeune et tu as ta vie à construire. Ca ne t'empêche pas de penser à ton grand-père et de lui envoyer des pensées d'amour. Je sûr qu'il les recevra.

Affectueuses pensées.

Sweetie

  • Invité
Re : Mon premier dueil
« Réponse #4 le: 05 novembre 2015 à 16:04:55 »
Bonjour Helpha,

Bien que l'idée m'est traversé l'esprit, mes amis m'ont dit la même chose et ont empêcher le pire, heureusement. Actuellement, je cherche simplement à soulager ma conscience et à remettre les pieds sur les bons rails. Je ne veux pas vraiment mettre fin à mes jours, au final. Je voulais juste trouver une délivrance, qui finalement, ne viendra pas comme ça.

Merci de ton petit mot.