Comme je te comprend.
Oui cela fait vide quand on rentre à la maison, quand les habitudes sont complètement chamboulées et que l'on se rend compte que rien ne redeviendra jamais "normal", rien n'est plus "à sa place", il manque quelqu'un partout où l'on va.
Mes parents et mon frère sont restés 1 semaine lorsque j'ai perdu mon fils. Ma mère m'avait proposé de rester plus longtemps mais comme je lui ai dit "il faut que je réapprenne à vivre seule, tu ne peux pas rester avec moi toute ma vie". Moi aussi cela m'a un peu paniquée de voir combien la douleur reste intense chez beaucoup des mois voir des années après mais au final un peu plus de 3 mois plus tard je constate que la douleur s'atténue tout doucement.
Bien sur je le cherche toujours dans sa chambre (qui est à présent celle de sa soeur), bien sur je panique toujours à l'idée de ne plus le trouver à la maison en rentrant du travail le soir, de devoir vivre sans ce bras droit indispensable, bien sur je pleure encore tous les jours mais je ne souffre plus à longueur de journée. Petit à petit le nombre d'heures sans douleur augmente. Comme je l'ai dit à mon psy "chaque semaine il y a un peu plus de hauts et un peu moins de bas mais si les hauts sont de plus en plus vivable, les bas sont de plus en plus difficiles même si ils sont de courte durée".
Quand aux projets, non je ne peux plus en faire. Je vais de galères en galères et à chaque fois je me bat pour m'en sortir et là depuis 2 ans, séparés de leur papa, on avait enfin trouvé un équilibre, fait des projets d'avenir. J'avais planifié les 2 ou 3 prochaines années. Tout s'est écroulé le jour où mon fils nous a quitté et aucun de nos projets n'a plus de sens sans lui, certains ne sont plus réalisables du tout puisqu'il en était un acteur principal, je ne peux plus en faire, d'abord parce que sans lui cela ne semble plus avoir de sens, ensuite parce que je ne vois plus l'intérêt de prévoir l'avenir quand on peut tout perdre du jour au lendemain. Et puis il y a la peur de perdre à nouveau quelqu'un que j'aime si je stabilise une fois de plus ma vie, c'est comme si plus j'avais été heureuse et plus le destin avait frappé fort, alors je me demande sans cesse quelle sera la prochaine étape si je remonte trop la pente.
Souvent toutes ces émotions sont contradictoires dans notre tête, cela n'a aucun sens et cela ne sert à rien d'essayer de leur en donner un, c'est normal dans le travail de deuil toute cette confusion, surtout en début de deuil, les premiers mois.