Auteur Sujet: Elle est partie  (Lu 4515 fois)

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Simon55

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Elle est partie
« le: 05 août 2013 à 12:37:37 »
Il ya quelques jours, ma femme est partie, épuisée par un combat perdu d'avance contre sa maladie.
Cancer de l'estomac avec métastases hépatiques, diagnostiqué il y a environ 10 mois. Autant dire aucune chance.Curieusement elle n'a pas souffert sur la fin et s'est éteinte en douceur du moins j'ose l'espérer. Je lis tous vos témoignages qui me font du bien et en même temps me paniquent un peu quand je vois que la douleur pour certains d'entre vous ne s'apaise pas après plusieurs mois. Comment vivre avec ça alors que je suis anéanti, le coeur en morceau et complètement désemparé. Quel sens peut-on encore trouver à une vie qui n'en a plus et qui me semble totalement absurde ?
Bien entendu j'ai mes deux enfants qui sont d'un précieux soutien et que j'aime plus que tout mais mon moteur est cassé, je me sens comme vidé de l'intérieur, impossible d'avancer, de raisonner, le mot prévoir me paralyse. Alors je me dis un jour après l'autre, je fais les choses mécaniquement mais quand les pensées sombres m'assaillent je suis tétanisé et d'une tristesse infinie. Tout ceci est d'une absurdité sans nom, n'a aucun sens.
Seul voir un peu de monde m'apaise un peu, provisoirement. Mais les gens ne peuvent pas me tenir la main continuellement, chacun a sa vie qui continue et je le comprends parfaitement mais Dieu que c'est dur et éprouvant de se retrouver seul. Vous tous sur ce site vous savez malheureusement déjà tout ça et je suppose que chacun d'entre vous gère ceci à sa manière, comme il peut avec plus ou moins de réussite. Bien sur il n'y a pas de recette miracle ça se saurait mais les conseils et les messages de réconfort sont d'un précieux secours et je suis preneur de tout ce que vous pourrez m'apporter de même si je peux être d'une quelconque utilité à certains d'entre vous ce sera avec plaisir si je peux employer un tel mot
Merci à tous et amitiés
Jean-marc

Hors ligne MonAnge4

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Re : Elle est partie
« Réponse #1 le: 10 août 2013 à 09:10:25 »
Bonjour Jean Marc ;

C´est avec beaucoup d´émotions que je viens de lire ton message.

Le vide doit être immense et je sais combien ton chagrin est grand. Personnellement, j´ai perdu mon petit frère de 31 ans, et souvent je me suis dit que le vide dans une maison ou il y avait tant de souvenirs devait être une douleur supplémentaire.

Le vide dans ton cœur et ta tête sont normaux, comment pourrait il en être autrement ? Concernant le temps du deuil, ne t´inquiètes pas, chacun avance à son rythme, et tout diffère d´un individu à l´autre, tout comme les étapes du deuil.

Je te souhaite beaucoup de courage Jean Marc. N´hésites pas à venir ici, n´hésites pas à vider ton cœur...C´est la meilleure des thérapies.

Tendrement

Nadège

« Modifié: 04 décembre 2014 à 20:51:32 par Webmaster »

N@t

  • Invité
Re : Elle est partie
« Réponse #2 le: 10 août 2013 à 11:12:41 »
Comme je te comprend.

Oui cela fait vide quand on rentre à la maison, quand les habitudes sont complètement chamboulées et que l'on se rend compte que rien ne redeviendra jamais "normal", rien n'est plus "à sa place", il manque quelqu'un partout où l'on va.
Mes parents et mon frère sont restés 1 semaine lorsque j'ai perdu mon fils. Ma mère m'avait proposé de rester plus longtemps mais comme je lui ai dit "il faut que je réapprenne à vivre seule, tu ne peux pas rester avec moi toute ma vie". Moi aussi cela m'a un peu paniquée de voir combien la douleur reste intense chez beaucoup des mois voir des années après mais au final un peu plus de 3 mois plus tard je constate que la douleur s'atténue tout doucement.

Bien sur je le cherche toujours dans sa chambre (qui est à présent celle de sa soeur), bien sur je panique toujours à l'idée de ne plus le trouver à la maison en rentrant du travail le soir, de devoir vivre sans ce bras droit indispensable, bien sur je pleure encore tous les jours mais je ne souffre plus à longueur de journée. Petit à petit le nombre d'heures sans douleur augmente. Comme je l'ai dit à mon psy "chaque semaine il y a un peu plus de hauts et un peu moins de bas mais si les hauts sont de plus en plus vivable, les bas sont de plus en plus difficiles même si ils sont de courte durée".

Quand aux projets, non je ne peux plus en faire. Je vais de galères en galères et à chaque fois je me bat pour m'en sortir et là depuis 2 ans, séparés de leur papa, on avait enfin trouvé un équilibre, fait des projets d'avenir. J'avais planifié les 2 ou 3 prochaines années. Tout s'est écroulé le jour où mon fils nous a quitté et aucun de nos projets n'a plus de sens sans lui, certains ne sont plus réalisables du tout puisqu'il en était un acteur principal, je ne peux plus en faire, d'abord parce que sans lui cela ne semble plus avoir de sens, ensuite parce que je ne vois plus l'intérêt de prévoir l'avenir quand on peut tout perdre du jour au lendemain. Et puis il y a la peur de perdre à nouveau quelqu'un que j'aime si je  stabilise une fois de plus ma vie, c'est comme si plus j'avais été heureuse et plus le destin avait frappé fort, alors je me demande sans cesse quelle sera la prochaine étape si je remonte trop la pente.
Souvent toutes ces émotions sont contradictoires dans notre tête, cela n'a aucun sens et cela ne sert à rien d'essayer de leur en donner un, c'est normal dans le travail de deuil toute cette confusion, surtout en début de deuil, les premiers mois.