FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre Le Deuil => Discussion démarrée par: qiguan le 06 juin 2015 à 16:27:58

Titre: la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 06 juin 2015 à 16:27:58
Ce sujet touche tous les endeuillés
voir l'extrait du livre le deuil au jour le jour
http://www.fichier-pdf.fr/2015/06/06/culpabilite/ sur cette fonction de la culpabilité !
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 06 juin 2015 à 16:37:43
je sais qu'ici se croiseront les endeuillés avec beaucoup de culpabilité lié aux circonstances du décès
mais aussi les autres j'espère
pour moi c'est la culpabilité de survivre qui m'a le plus touchée ...
Pour la culpabilité lié aux conflits relationnels avec le défunt : j'ai eu la chance de vivre au cours des moments de sa fin de vie d'avoir avec lui un vrai, beau, grand moment de pardon et dès que de la culpabilité m'assaille je repense à ce moment et ça s'apaise seul !
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 06 juin 2015 à 19:58:08
la culpabilité dans le cadre d'un suicide est très présente et est au paroxysme , et elle est très liées à la colère .nous écoutons, des autres vous n'êtes pour rien , et c'est important de l'entendre mais c'est insuffisant, il faut en parler et en parler ...... d'ou l'importance d'ouvrir un fil relatif à la culpabilité .....

merci qiguan



Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stefy le 06 juin 2015 à 20:09:29
C' est bien que tu lances ce débat Qiguan, c' est important de pouvoir s' exprimer dessus et surement pouvoir y mettre un peu de distance....avec le temps...
Pour moi, c' est la culpabilité de ne pas avoir compris, ne pas avoir percu la gravité de son état. Culpabilité de ne pas avoir pu empécher, alerter.....''''Mais pour qui se prend elle me direz vous, elle pense avoir le controle sur tout? Je sais déja cela, mais c' est mon ressenti malgré tout.
Souvent je me dis, mais comment tu as pu passé a coté de ca, on ne voyait que ca.....oui c est sur me direz vous également,  avec le recul.......
Culpabilité d' etre encore la moi, alors que lui n' est plus.  Culpabilité d' avancer, l' impression de le laisser.....
Souvent j' entends dans mes oreilles, coupable!!!
J' ai lu ton lien Qiguan, je l' avais déja lu, surement du coté du Dr Fauré.
Cette culpabilité a donc une fonction. Meme elle, a une fonction .......
Tout cela est meme dans l' ordre du normal.....je ne fais meme pas exception a la regle. Tu crois crever, tu te débats avec des sentiments dont tu n aurais meme pas imaginé l' existence, des sensations des plus horribles, mais c' est juste normal, c' est le chemin a emprunté, c est balisé.......
Du coup parfois t' oses meme plus exprimer tes sentiments les plus profonds, car toi tu crois qu' ils vont te laisser la sans vie, parce que en fait ben c' est normal.....tout le monde, enfin presque passe par la......
Je sais j ai du mal avec ca.
Je m' égare

Elle permettrait de préserver le lien, surement. J' ai aussi cette impression mais plus dans le sentiment de colère. Colere, cilpabilité étroitement liées en fait.
La colère qui m' envahit parfois ,et la aussi meme  si je sais,  est difficile a gérer. Des montées de rage, je suis prete a exploser et j explose parfois.
Mais c est vrai que parfois je me dis, ca me maintient encore dans la vie, colere contre lui contre moi, je suis au plus proche de lui.....
Concernant la culpabilité apparemment j ai lu, qu elle s apaisait progressivement sans qu on est a y faire grand chose.
En fiat on ne maitrise rien , c est déja tracé  :-\, juste quelqu uns prennent quelques chemins détournés mais au bout du compte on doit tous arriver au meme endroit....
Ce qui est difficile c est que malgré que je sais tout cela, mon ressenti est différent, parfois incompréhensible pour moi. Et ce n est pas parce qu on sait qu on fait.....
Tu vois beaucoup a dire sur tout ca, mais je m arrete la

Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 06 juin 2015 à 20:45:02
j'espère qu'ici les personnes de toutes les sections du forum pourront écrire leur facette de la culpabilité
et qu'en lisant chacun(e) découvrira des facettes, verra des facettes similaires à la sienne voir opposée, et s'enrichira de ces réflexions
un moyen aussi de prendre de la distance oui avec cette culpabilité qui se fait physique ...
de l'observer faute de pouvoir agir ...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Mamoure le 06 juin 2015 à 20:57:00
la culpabilité de survivre , très forte pour moi car avec Alain , son fils est parti
pendant des jours , des semaines , je ne cessais de répéter " pourquoi cet accident n'est-il pas arrivé avec moi comme passagère ? "
je le dis moins mais je le pense encore si fort , très souvent
moi , je suis là , encore , à subir une vie dont je ne veux pas
et cet ado de 15 ans n'est plus...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 06 juin 2015 à 21:24:34
@stefy

je te rejoins complètement .....la meme question que toi ,comment ai je pu ne pas voir?comment ai je pas compris?comment ai je pu passer à coté ....et les scènes qui défilent ,re défilent .....
 et effectivement tu rentres dans un procès de conscience  , des émotions horribles , au point de te sentir coupable ..et puis tu te prends la colère, colère contre toi ,  mon dieu cette colère ......un volcan qui crache  ses Flames 


parait il que ça maintien le lien, dans le suicide, je ne le pense pas ...... j'ai déjà perdu mon père, et je n'ai pas eu toutes ses questions...quelques regrets, oui mais pas cette torture .....

oui ça s'apaise , mais à quel prix .....  quelqu'un a dit sur ce forum , que la personne qui se suicide le fait une fois, pour nous avec la culpabilité, nous rejouons la scène plusieurs fois jusqu'a ce que le corps nous dit STOP......

je ne sais pas si tu  as vécu ça mais moi , mon estime de sois, ainsi que mon capital confiance ce sont pris un coup

enfin je te dirai que le deuil d'un suicide c 'est un feu d'artifice d'émotion ......
























 
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stefy le 07 juin 2015 à 01:14:50
L' estime de soi et le capital confiance, je ne sais pas trop...
 L' estime de soi en chute? C' est paradoxal, je dirai que non et en meme temps oui.
Le capital confiance en l' autre  a dégringolé ,  j' ai vraiment ressenti cela comme un abandon. J' avais confiance, une confiance aveugle, je me suis sentie trahie. Je ne sais pas si je pourrais faire a nouveau confiance a 100%, je ne crois pas.
 La confiance en moi, c' est plus compliqué. J' ai  toujours eu une bonne confiance en moi, assez sure de moi. Mais que lui n ai pas eu assez confiance en moi pour me laisser l aider a ébranlé cela. Je pensais qu il savait que j avais assez de ressources pour etre la, donc qu il pouvait compter sur moi. Il ne l a pas fait, alors peut etre qu' il ne me pensait pas aussi forte que moi je le pensais, et donc surement que je ne le suis pas, malgré ce que je croyais
C est un peu embrouillé mais voila...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Nora le 07 juin 2015 à 09:33:49
Culpabilité ...
Je ne suis pas assaillie par ce sentiment, et pourtant il est là.

Culpabilité des conflits auxquels il n'est pas possible d'échapper en 20 ans de vie commune, certains résolus, d'autres plus mal.
 Cette culpabilité, j'en fais mon affaire. Nous parlions beaucoup, mon mari et moi. Nous n'étions pas d'accord sur tout,  je ne l'idéalise pas, loin de là, je suis bien consciente de ce qui pouvait être source de conflits entre nous. Pourtant, si nous avons continué à cheminer ensemble, et si nous avions encore autant de projets, cela signifie que ces désaccords n'étaient pas rédhibitoires, alors n'en parlons plus.

Mais surtout la culpabilité que je ressens est liée à la maladie, et la façon dont je l'ai gérée, sans doute maladroitement parfois. La vitesse de la dégradation m'a prise de court, et je me suis sentie débordée, seule, souvent énervée, fatiguée, impuissante. J'ai bien le sentiment que je n'ai pas toujours été à son écoute, que je n'ai pas toujours fait ce qu'il fallait.

Pourtant je m'en suis occupée jour et nuit, j'ai arrêté de travaillé.   j'ai été infirmière, aide soignante, aide à domicile ( nous avons été sur liste d'attente 3 mois pour obtenir de l'aide, et il est parti avant qu'elle soit mise en place ), je l'ai veillé des nuits entières, j'ai fait pour lui, pour son corps, pour son esprit tout ce qu'il m'était possible de faire à ce moment. Mais ce qui était possible pour moi  n'était pas suffisant pour lui.
Ce sentiment de n'avoir pas été " à la hauteur " est conforté par le fait qu'il m'a rejetée en fin de vie, lorsque j'ai dû le faire hospitaliser car ses os se cassaient tout seul alors qu'il ne pouvait plus bouger de son lit.
Il m'en a voulu, a pensé que je me débarrassait de lui, ne voulant plus que je le touche, que je m'en occupe, ayant l'air toujours fâché contre moi, me disputant lorsqu'il était capable de parler.
J'ai été prise en charge à ce moment par les infirmières qui m'ont expliqué que c'était une réaction courante, que la colère n'était pas dirigée contre moi, que les métastases cérébrales pouvaient expliquer son agressivité, que la morphine altérait son jugement.

Pourtant, elle est bien là, cette culpabilité, tapie dans l'ombre ...



Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 07 juin 2015 à 09:47:48
@stefy
Très bien expliqué et c est ce que j'ai ressentie ... Mon capital confiance et l'estime de soi , que l'acte suicidaire m'a renvoyé ...  Je pense c est ce qui complique le deuil et apparition des crises d'angoisse ...pour ma part le deui apres un suicide c est comme une explosion qui arrache tout ce que l'on a cru comprendre de la vie , de la relation a l'autre.... Et il va falloir reconstruire .... Comment ? Sur quelle base? ... Plein de question se bousculent ....
Titre: Re : Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Oriane le 07 juin 2015 à 15:20:22
Culpabilité ...
Je ne suis pas assaillie par ce sentiment, et pourtant il est là.

Culpabilité des conflits auxquels il n'est pas possible d'échapper en 20 ans de vie commune, certains résolus, d'autres plus mal.
 Cette culpabilité, j'en fais mon affaire. Nous parlions beaucoup, mon mari et moi. Nous n'étions pas d'accord sur tout,  je ne l'idéalise pas, loin de là, je suis bien consciente de ce qui pouvait être source de conflits entre nous. Pourtant, si nous avons continué à cheminer ensemble, et si nous avions encore autant de projets, cela signifie que ces désaccords n'étaient pas rédhibitoires, alors n'en parlons plus.

Mais surtout la culpabilité que je ressens est liée à la maladie, et la façon dont je l'ai gérée, sans doute maladroitement parfois. La vitesse de la dégradation m'a prise de court, et je me suis sentie débordée, seule, souvent énervée, fatiguée, impuissante. J'ai bien le sentiment que je n'ai pas toujours été à son écoute, que je n'ai pas toujours fait ce qu'il fallait.

Pourtant je m'en suis occupée jour et nuit, j'ai arrêté de travaillé.   j'ai été infirmière, aide soignante, aide à domicile ( nous avons été sur liste d'attente 3 mois pour obtenir de l'aide, et il est parti avant qu'elle soit mise en place ), je l'ai veillé des nuits entières, j'ai fait pour lui, pour son corps, pour son esprit tout ce qu'il m'était possible de faire à ce moment. Mais ce qui était possible pour moi  n'était pas suffisant pour lui.
Ce sentiment de n'avoir pas été " à la hauteur " est conforté par le fait qu'il m'a rejetée en fin de vie, lorsque j'ai dû le faire hospitaliser car ses os se cassaient tout seul alors qu'il ne pouvait plus bouger de son lit.
Il m'en a voulu, a pensé que je me débarrassait de lui, ne voulant plus que je le touche, que je m'en occupe, ayant l'air toujours fâché contre moi, me disputant lorsqu'il était capable de parler.
J'ai été prise en charge à ce moment par les infirmières qui m'ont expliqué que c'était une réaction courante, que la colère n'était pas dirigée contre moi, que les métastases cérébrales pouvaient expliquer son agressivité, que la morphine altérait son jugement.

Pourtant, elle est bien là, cette culpabilité, tapie dans l'ombre ...

Je te rejoins Nora dans ton explication..moi aussi j’ aurais voulu faire bcp plus pendant la maladie de ma fille

Mais comme tu le dis tout va vite,tout s’enchaîne...on se sent dépassé,démunie,fatiguée..on a pas le temps de parler car on n y  crois pas,on espe.on change d une heure à l’autre,  c’est tellement compliqué

Alors on fait comme on peut  pas toujours comme on voudrait...et puis plus rie.n

Alors vient la culpabilité de ne pas avoir assez parler,soigner,entourer....mème si autour de nous on nous dit le contraire
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Aujardin le 07 juin 2015 à 22:31:41
On se sent coupable de continuer à vivre sans eux, de pouvoir apprécier encore des choses alors qu'eux ne les  connaitront plus. c'est très ambivalent comme sentiment, car on sait qu'il faut qu'on réapprenne à apprécier les choses pour se reconstruire, pour tenir toutes ces années qu'ils restent à traverser sans eux, ne serait ce que pour continuer à accompagner les enfants et en mem temps, on s'en veut qu'ils ne profitent plus d'un bon verre de vin, d'un beau paysage, d'un bon livre d'un rando, d'une belle journée d'été...Et du coup toutes ces choses simples qu'on aimait faire avec eux n'ont plus d'intéret et sont difficiles à faire sans eux..
On se sent coupable de toutes les choses qu'on a pas pris le le temps de se dire, pris dans le train train quotidien... Maintenant qu'on passe notre temps à penser à eux, plein de choses ressortent , des détails anodins à l'époque de leur vivant, nous les analysons différemment qu'ils ne sont plus là et d'un seul coup on se rend encore plus compte qu'on avait encore tant de chose à se dire... 
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stefy le 08 juin 2015 à 23:53:35
Oui  Fleur de coton, comment reconstruire et sur quelles bases? Ces bases que je croyais si solides, inébranlables......sur quoi construit t on maintenant? ..... si ca peut etre balayé comme ca d' une seconde a l' autre.......
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 09 juin 2015 à 09:38:31
merci Yacine
pour le mail général, le dossier
 :-*
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 09 juin 2015 à 12:55:06
@ Stefy

Oui tout peut être remis en question  en qq seconde .... Je ne sais pas répondre à ces questions .... Je lis , je me renseigne .... Peut être pas assez ... Et Je reste sans réponse ......
 
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: catita49 le 09 juin 2015 à 15:37:06
En lisant l'article, je me retrouve assez bien dans "je suis en colère contre ce qui s'est passé", bien que je n'ai pas vraiment l'impression d'être en colère, je suis plutôt dans l'incompréhension de ce qui s'est passé, j'ai encore du mal à réaliser, peut être que ce sentiment d'incompréhension évoluera en colère?
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stefy le 09 juin 2015 à 18:48:31
Colère contre lui, colère contre moi, colère de n'avoir pas été la....
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 09 juin 2015 à 21:46:09
l'article
http://deuil.comemo.org/deuil-emotion-colere
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 09 juin 2015 à 22:41:59
A un moment je ne savais plus poser des mots sur mes émotions , quand les mots manquent ..... Depuis peu, grâce à l'ergothérapie , j'ai pu pour la première fois  faire sortir ... Ce qui  y étais là au fond .... Je peux vous dire que l'on se sent libérée
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Micheline DUVAL le 10 juin 2015 à 00:39:06
Cette culpabilité qui nous taraude et nous dit on est constructive ,je veux bien le croire car cette colère et cette culpabilité ont pour but de bien faire ressortir chez moi ce quasi déni, d'avoir refuser de voir et d'accepter qu'il n'allait pas  et ne pourrait pas se relever .Jusqu'au bout nous nous sommes donner le change. Notre chance est que nous ne l'avons pas vu dépérir mais  cela fut brutal (6 mois) j'aurais dû voir arriver ce malheur, décrypter tous ces signes avt coureurs .Mais comment se dire que cette personne qui représente véritablement votre moitié ne sera plus lá c'est inconcevable ,et de ce fait nous avons ignore tant que nous avons pû toutes les mesquineries de cette ignoble maladie .Ma colère devient moins vive peut-être que j'avance dans mon deuil quant á la culpabilité elle est présente mais moins invasive.
Alors à tous et a toutes je vs embrasse en pensant que nous finirons par passer tous ces caps forts douloureux et atteindrons le réconfort de la sérénité  avec elle ou lui en nous.
Merci a Fleurdecoton pour l'info à propos de l'ergotherapie
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 10 juin 2015 à 17:05:37
bonjour Micheline
je vois là que tu es nouvelle et donc triste bienvenue
peut être rejoindras tu en créant ton fil, ce groupe, ce coin http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/?PHPSESSID=sv1fragdui47ha0corh0s70tm6
tu verras le forum aide beaucoup
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: stellarose le 11 juin 2015 à 23:05:31

Au bout de 3 ans je me sens encore coupable et ça  on aura beau me dire que je ne le suis pas, je vais avoir beaucoup de mal à faire semblant.
Bien sûr  ce n'est  pas comme aux premiers jours, mais c'est  là, tapi au fond de moi et ça  refait surface avec violence régulièrement.  Comment ne pas se sentir coupable de ne pas avoir senti que quelque chose ne tournait pas rond, de ne pas avoir trouvé les  mots pour le retenir ? Comment ?
Je l'ai  vu pendant 2h ce jour là,  on a mangé  ensemble, il a couché  son fils pour  la sieste en lui répétant "mon fils, mon fils" tout en l'embrassant et puis il a disparu pendant 48h jusqu'au vendredi, jusqu'à  ce que le train passe.
Coupable de ne pas avoir senti cette détresse,  cette souffrance  et cette détermination d'en finir.....à  cause de quoi ? d'une phrase, d'une dispute..?? d'une goutte d'eau qui a fait déborder  le vase et qui l'a conduit à  ce geste fatal.
Et bien oui, je ne peux m'empêcher en tant que mère de me sentir coupable.
Quant à  la colère, je ne l'ai pas été  contre lui, mais contre moi. Je crois colère  et culpabilité  se rejoignent dans le cas du suicide ou sont très  fortement liées.

Peut-être qu'un  jour je me sentirai moins coupable, peut-être. Mais c'est  un jour bien lointain, si j'y parviens.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 11 juin 2015 à 23:56:56
@ stellarose

Pour trouver les mots, il fallait que l'autre cherche à ouvrir un débat ... L'a t il ouvert ? Non et toi penses tu deviner ce qui se passe dans la tête de ton enfant? Tu reprends les faits à la lumière du tragique événement .... Combien de fois ton fils était il venu manger, discuter ?

Il faut peut être accepter ses limites comme tout être humain . Nous avons nos limites ..... Difficile à l'accepter mais ce n'est que la réalité

Tout comme toi le sentiment de colère est plus présent en moi ... J'ai du mal à comprendre ce dernier .... Et j'ai pris la décision d'emprunter le chemin du pardon ...un mot et un long très long  parcours .... Me pardonner de ne pas avoir su,vu compris, et pardonner à l'autre cette souffrance que son act à générer .... Des mots  mais un voyage au plus profond de mon être et de la réalité humaine ...... Ça sera un peu long mais salvateur car celle que je pleure c'est aussi celle qui m'a apporté de la joie dans ma vie ....et je veux garder ça

Douce nuit

Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Eva Luna le 12 juin 2015 à 01:07:38
@ stellarose
tu te sens coupable... et tu n'es pas coupable...mais tu le ressens comme ça au plus profond de toi...et personne ne peut te dire de ressentir autre chose...tout au plus espérer que ces sentiments là s’allègent et deviennent supportables avec le temps.. user sa culpabilité ...
Comment accepter sereinement que la vie donnée avec amour à son enfant, il "choisisse" de se l’ôter... sans que sa maman ne s'en rende compte, ne mesure sa détresse, ne lui donne assez de forces pour surmonter les difficultés...
Une maman ça protège absolument son enfant..on le croit toutes...une jolie croyance de mère...irrationnelle mais réelle...et la réalité nous a fait violemment tomber de cette certitude...de cette croyance...

Coupable et en colère contre soi...nous le sommes toutes..mais pire pour vous les mamans ayant à affronter , en plus de la mort et de l'absence..le suicide...ça vous fait du pire à éprouver.. des questions taraudantes...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Oriane le 12 juin 2015 à 07:32:25
Je pense que nous maman,nous avons le rôle de protéger nos enfants.......que se soit de la maladie,des accidents ou du suicide.....

Et là nous nous sommes retrouvées impuissantes face à la mort, nous n’avons rien pu faire rien pu prévoir

D’où cette culpabilité ..puis cette colère envers nous...pourquoi je n’ai pas vu...pourquoi je n’ai pas pu faire plus....pourquoi....


Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Méduse le 12 juin 2015 à 08:50:46
Il n'y a que nous qui pouvons nous pardonner et accepter humblement que nous n'étions pas, que nous ne sommes pas parfaites. C'est un long chemin et jamais rien n'est gagné.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 12 juin 2015 à 21:34:12
@Meduse

si t'as des références de bouquin sur ce type de cheminement ...je suis prenante 

Merci

Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Méduse le 13 juin 2015 à 00:27:42
Je me demande si ce n'est pas "Ce lien qui ne meurt jamais" de Lytta Basset qui m'a influencé. Surtout, j'ai appris d'elle que ma fille et moi, nous n'étions pas une et qu'elle avait sa vie à elle et que je ne pouvais pas tout maîtriser.

Mais je crois que tu as déjà lu ce livre.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: fleurdecoton le 13 juin 2015 à 00:42:23
Bonsoir méduse

Oui je l'ai , il est  Très bien .... J'ai trouvé celui ci qui me semble un peu plus approprié :

     Vers la lumière, le chemin du pardon, par Marie-Lou et Claude, aux éditions Médiapaul.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 27 juillet 2015 à 13:52:54
pour mettre le lien vers un sujet precis :
sur le post cliquer sur le Re suivi du rappel du titre en ROSE
juste au dessus du numero de reponse et date heure.
 ;)
puis aller en haut dans le navigateur a la barre d'adresse et la copier


ou clic droit de souris sur la fameuse ligne rose et faire copier url

la http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/mon-ang-est-parti- 3782/msg61896/#msg61896
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: ER le 20 août 2015 à 14:52:49
Je viens de lire avec une attention toute particulière le pdf sur la culpabilité, lien mis par toi Qiguan. Pour moi je ne parlerai pas seulement de culpabilité mais de punition. J'ose expliquer mon ressenti parce-qu'ici personne ne juge personne. Couple fusionnel nous avons toujours et ce depuis des années (1978) refusé de prendre avec nous ma mère qui a toujours souhaité cela, mais qui ne s'est jamais rendue vraiment compte qu'accepter de la prendre cela aurait été accepter d'avoir un témoin gênant et envahissant de notre bonheur, à domicile. Mon mari aurait été moins réticent que moi en fait mais moi je n'ai jamais vu cette cohabitation éventuelle d'un bon oeil, ma mère m'a répété un nombre incalculable de fois que quand on a des enfants il est normal que ceux-ci prennent soin de leurs parents, c'était comme ça "de son temps". Alors ns avons pris soin d'elle à notre manière c'est-à-dire qu'après qq mois dans un EHPAD en 2014 qu'elle ne supportait pas et du chantage (suicide), ns avons loué un studio pour elle pas loin de chez nous mais où elle avait son indépendance, nous aussi, et elle sa solitude en plus. A deux c'était gérable pas sans mal mais gérable, le tél en pleine nuit pcq elle a fait un cauchemar, pcq elle a cru que quelqu'un frappait à sa porte et j'en passe... de plus  il y a souvent des petites choses à réparer, à arranger... l'un de nous se déplaçait, nous étions contents d'avoir préservé notre intimité et je le suis toujours d'ailleurs mais j'en arrive à penser que je/nous n'avons pas été à la hauteur et que le départ de mon homme, mais ç'aurait aussi bien pu être moi, est un retour du bâton, je ne suis pas bien claire ds mes propos c'est diffiicle d'expliquer ce que je ressens je ne comprends pas... elle est très handicapée, a besoin d'une aide pour tout (s'habiller, se laver...) et moi je ne peux pas faire tout ça surtout en ce moment je le sais. Elle est rentrée ds un autre EHPAD le 10 août. Je ne l'ai revue que le 12 août, pendant plus d'un mois je n'ai pas pu aller la voir... je lui ai aussi téléphoné il y a 2 jours, chacun de nos contacts se solde par un échec pour moi pcq elle me demande toujours la même chose, je finirai par me contenter de payer la m de r et c'est tout. J'ai perdu mon amour, j'en souffre à en crever, et je pense que c'est en quelque sorte une punition qui m'est tombée dessus mais qui aurait pu tomber sur mon homme de la même façon. La douleur me perturbe sans doute... mais c'est pourquoi je pense recourir à un psy
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 20 août 2015 à 15:35:35
Tu as raison ER de venir écrire ici
de vouloir te faire aider ...
à l'inverse de toi face au chantage (au suicide) de ma mère après le décès de mon père (elle avait 52 ans)

 :-*
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: ER le 20 août 2015 à 16:03:01
Qiguan, ma mère avait 56 ans (pas loin de l'âge de la tienne) qd mon père est décédé. C'est difficile de ne pas céder au chantage affectif. Je vais voir ce que donne l'hypnose ericksonienne et aussi l'EMDR, si ça peut aider un peu.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Nora le 20 août 2015 à 23:07:49
Vous n'avez pas cédé au chantage affectif et vous vous êtes occupés, ton mari et toi, de ta maman comme il le fallait, sans sacrifier ta vie de couple.
Je pense sincèrement que tu n'as pas à culpabiliser, et encore moins à considérer que tu subis une punition.
Cependant, ta culpabilité existe probablement car tu n'as pas accédé, ou cédé,  aux souhaits de ta maman, mais elle n'a rien à faire dans ton deuil, cela n'a rien à voir.
Tes sentiments se mélangent car tu te sens démunie. Tu cherche une explication à la mort de ton mari, parce que pour toi elle n'a aucun sens, mais ce n'est pas là que tu vas la trouver.
Il se peut aussi que tu en veuilles à ta maman, car elle est encore là alors que ton mari n'est plus. Ce n'était pas le "scénario "que tu avais envisagé, auquel tu t'étais préparé.

Ne te fais pas plus de mal que ce que tu subis déjà, c'est si douloureux de perdre l'homme de sa vie ...

Il va te falloir " décortiquer " tous ces sentiments, mais c'est encore trop tôt.

Je fais des séances d'hypnose ericksonnienne, je trouve que cela donne de bons résultats sur ces idées " tordues " qui trottent dans la tête, et j'en ai plein ...

Je t'embrasse
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stefy le 21 août 2015 à 00:08:17
ER, des idées " tordues", moi aussi j' en ai plein........on fait des liens, des sacrés liens qui n' ont parfois pas de sens.... Comme tout cela n' a aucun sens, alors on cherche, et on en trouve..... Enfin ca ! dit on, on a trouvé du sens.... Ben non parfois il n' y a en pas...c' est ce qui est difficile a vivre......
Je t'embrasse
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: ER le 21 août 2015 à 08:58:32
Bonjour,
Des "idées tordues" on ne peut pas appeler ça autrement... Merci Nora, merci Stefy, oui j'en veux à ma mère d'être là, alors que Robert n'y est plus, mais ds ce genre de choses il n'y a aucune logique, je sais bien qu'elle n'y est pour rien mais c'est ainsi, et tout en culpabilisant je me dis que mon homme a toujours été ma priorité et ça m'est doux. La psy m'a dit qu'on pouvait commencer très tôt l'hypnose, donc on va voir? Bises à vs 2.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: stellarose le 24 août 2015 à 15:50:47

Nora à raison ET,  il faut arriver à  démêler  toutes ces émotions,  tous ces sentiments qui te traversent et t'empêchent  d'y voir clair.
La mort de ton mari n'est pas une punition parceque tu as mis un peu de distance entre ta mère  et toi, essaies de ne pas voir ta situation sous cet angle. Pourquoi  serais-tu punie ? Qu'as tu fait de mal ? Rien, tu as préservé ton couplé,  c'est tout.
Je crois comprendre que tu es la seule enfant ? .....c'est d'autant plus difficile lorsqu'on est seul, à  plusieurs on peut se partager la tâche, quoique......y a de l'ambiance dans certaines familles avec les parents vieillissants!

Tu as fait au mieux et personne ne peut te le reprocher,  alors ne te culpabilises pas pour rien.  Je sais, c'est  plus vite ditqu'à  faire.
Essaies de trouver  de l'aide , de prendre soin de toi, de vivre le deuil  et laisses la un peu mijoter dans sa culpabilité. Et y en a marre de se sacrifier pour les autres, ceux qui ne sont même  pas reconnaissants de ce quel'on fait.
Prends un peu de distance et dis lui que tu ne l'abandonnes pas, que tu as besoin de temps pour toi après  ce que tu as vécu.
Elle peut comprendre  si elle le veut.
Tu vois, ma mère  n'arrêtait depuis 3 mois de me demander pourquoi  mon fils s'était suicidé,  et bien j'en ai eu ras le bol, et lui ai donné  le livre de Christophe Fauré,  et miracle, elle m'a dit " Merci  ". Pas sûr  qu'elle ait tout compris, pas sûr que je n'ai pas encore droit à la même  question, mais j'ai  gagné  un peu de paix.

Je te souhaite de trouver l'aide dont tu as besoin pour te protéger  et te défendre aussi.
Sois douce avec toi.

Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: cathymoug le 03 décembre 2015 à 21:04:24
bonjour,

Mon fils de 14 s'est suicidé il y a un mois. Je me demande très souvent si je me sens coupable parceque c'est un gros défaut contre lequel je luttais depuis toujours ou est-ce que ce que le pédopsychiatre de mon fils qui a tant mis le doute sur ma responsabilité dans les difficultés de mon fils avait raison ??
J'ai eu droit aux services sociaux à une mesure judiciaire car il y a un an j'ai craqué, pris des cachets (peu mais assez pour être malade) car la gestion de mon fils colérique, diabétique se mettant en danger, menaçant au suicide, les conflits avec son père, avec  mon ex copain (quitté pour cette raison) qui  m'a jugé et condamné pour cet acte stupide mais désespéré).
Je m'en veux de cette faiblesse mais la lutte était incessante. C'est un tel échec et je l'aimais, je 'aimais tant, j'ai l'impression que l'on m'a contesté ce droit cela me consume presque plus que sa disparition et je m'en veux aussi de cela...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: souci le 03 décembre 2015 à 23:41:28

    Bonsoir Cathymoug,

    Je suis désolée d'apprendre le suicide de ton ado, un de plus hélas, notre Kalahan, fils aîné de mon frère, s'est tué lui aussi à cet âge invraisemblable, le 28 mars 2013, et j'en chie encore crois-moi, quelle HORREUR !

    Personne n'a le droit de juger que les parents sont "coupables", la société DANS SON ENSEMBLE est responsable du mal-être de sa jeunesse.

   Aubin, un bien joli prénom.
   Une âme sensible et donc malmenée par le monde cruel et stupide dans lequel on vit.
   On ne peut hélas pas les protéger de tout.
   Je suis certaine que tu as fait tout ce que tu pouvais pour ton garçon.

   On sait que l'abattement, la fatigue, les troubles du sommeil sont des symptômes de dépression.
   On ne sait PAS ASSEZ que les états de colère "injustifiés" en sont également.
   Et on met souvent ces crises sur le dos "de l'adolescence", ou des conflits familiaux: c'est beaucoup plus compliqué que cela.

    Chère Cathymoug, si un parent aimant est responsable de soi-disant "erreurs d'éducation", aucun châtiment n'égale la perte d'un enfant !
    Et c'est fort malheureusement ton fardeau.
    Il n'y a PAS de parent parfait, pas d'enfant parfait, et les psys parfaits pas davantage.
    Le psychisme reste bien mystérieux ... beaucoup de progrès sont à accomplir dans ce domaine sensible ... mais "le sensible" n'est pas à la mode dans notre civilisation pressée de foncer droit vers sa "croissance" ???

    C'est là sans doute un autre débat, mais il est attesté que notre société pourtant nantie de ressources matérielles, est fortement suicidogène.

    Notre jeunesse a du mal ... depuis le suicide de mon neveu, je tente de remuer Ciel et Terre pour faire passer des messages ... qui ne passent pas.
    Non, c'est "les psys d'un côté, les "malades" de l'autre", et les administrations pour faire barrage : tu parles !!!

    Solidairement et amicalement, Martine.
    PS: tu as inséré ton sujet dans celui d'un autre membre ... Federico l'Héroïque, qui ne t'en voudra pas de squatter sa maison de campagne en son absence !
    Toutefois, si tu en as envie, tu peux demander à notre mexicain d'honneur "Webmester", administrateur aux doigts de fée, de remettre de l'ordre dans le tiroir à couverts ?
   
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stana le 13 janvier 2016 à 21:08:24
  La culpabilité-même irrationnelle, même très brève-je l'ai connue plusieurs fois depuis le début de mon deuil, il y a maintenant 7 mois et demi  :'(  j'ai dépassé ce stade, mais il m'arrive encore d'y penser. C'ètait vraiment très dur sur le moment.

  Premièrement, mon ami est tombé dans ses escaliers alors que je venais de le quitter pour aller passer la seule nuit de la semaine où je dormais dans mon logement officiel, 10 minutes après mon départ exactement. Je sais que c'est irrationnel-je ne pouvais pas deviner ce qui allait se passer, et puis il ètait en pleine forme-mais il m'est arrivé, par intermittence, de culpabiliser en sachant qu'il avait fait cette chute mortelle alors que je remontait paisiblement à mon appartement, le cœur léger, et que pendant que je vivais normalement, il est resté ètendu là une heure, son espèrance de vie diminuant probablement de minute en minute. Ne pas avoir été là pour empêcher cette chute, ou même appeler tout de suite les secours après ladite chute, si je n'avais pas pus l'èviter.
  Heureusement c'est vite passé: je sais que ce n'ètait pas ma faute, même si le fait de n'avoir pas été là est très douloureux.

  J'ai culpabilisé aussi d'avoir été dans le déni durant tout le temps où Pierre était dans le coma, de ne pas avoir passé assez de temps auprès de lui, de ne pas lui avoir dit vraiment adieu. Je me dis maintenant que j'aurais dû lui parler plus-puisqu'il pouvait probablement m'entendre.-de ne pas avoir passé plus de temps avec lui, ce temps précieux qui nous restait-même s'il devait déjà être loin...je n'ètais pas allé le voire depuis deux jours quand il s'est éteint, pensant que son état était stable pour un bon bout de temps. De ne pas avoir été auprès de lui à linstant de sa mort, même si je sais que savoir, avec certitude, qu'il allait mourir aurait rendu ces derniers instants que j'ai partagé avec lui insoutenables-et bien plus encore s'il ètait mort sous mes yeux.  Je l'aurais fait si j'avais vraiement sus, mais ça m'aurait probablement détruite.
  Je sais qu'il vaut sûrement mieux,  pour que je puisse continuer à vivre, qu'il n'en ai pas été ainsi, et que d'ailleurs il est partis en paix, que je lui ai dis adieu à ma manière, mais il m'arrive d'y penser encore.

  Il y a aussi le fait que je n'ai pas eu le courage ni la force de voire sa dépouille mortelle dans son cerceuil-j'ai accompagné, touché celui-ci durant l'enterrement, je suppose que c'est le principal, mais parfois, je me demande: "Est-ce-que j'aurais dû faire l'effort de regarder son corps, de le veiller? D'autant plus qu'il est resté au funérarium du 03  au 12 mai." J'ai prèfèré gardé de lui le souvenir bien vivant, y compris celui de la dernière fois où je l'ai vu, assis sur ce banc devant chez lui, quand il m'a fait un petit signe de la main tandis que je m'éloignais et qu'un rayon de soleil a joué dans ses cheveux  :) même l'image de lui alors qu'il ètaitdans le coma: il n'avait pas changé physiquement, il avait l'air de dormir paisiblement. Une amie à moi m'a dit que j'aurais eu la même impression si j'avais vu sa dépouille, grace au travail des employés des pompres funèbres, mais ne plus voire se soulever sa poitrine, le savoir mort aurait été extrêmement traumatisant je crois, et cette vision se serait peut-être toujours superposée à celles de nos plus beaux souvenirs.
  J'ai longuement hésité mais je n'ai pas pus. Me forcer à contempler jusqu'au bout, alors que les mottes de terre tombaient dessus, ce cerceuil fermé était suffisament éprouvant...
  Pourtant une partie de moi continue à culpabiliser un peu par moment, même si j'ai la conviction que le corps n'est pas ce qu'il y a de plus importance. UNe connaissance à moi m'a dit: "Moi j'y serais allé tout de suite!" Comme si je n'avais pas assez cuylpabilisé comme ça  >:(
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Noëlle le 13 janvier 2016 à 22:41:14
bonsoir Stana,

ça fait un peu plus de trois semaines que j'ai perdu mon amour, pas ma moitié comme le disait quelqu'un, mais mon tout.  Et  chaque jour qui passe je suis plus dévastée que la veille ; et tu vois Stana , les premiers jours j'ai aussi retourné les derniers moments dans ma tête et toute mon interprétation justifiait une culpabilité. Et j'ai compris que ça ne servait à rien, que l'essentiel sont ces moments et cet amour partagés, tant que c'était possible, qu'on ne refait pas le passé et que perdre son amour est déjà terrible, ce n'est pas la peine de se faire encore davantage de mal.

Personne,  je pense qui aime son conjoint vraiment et sincèrement, ne peut accepter qu'il va "partir" pour de bon, même si dans notre tête, une petite voix nous le dit quand même. J'ai accompagné Philippe pendant 4 ans, tout au long de ses traitements, et à plusieurs reprises, il était moins une, j'ai eu des frayeurs terribles, et merci : le bonheur, ce n'était qu'un épisode critique, il sortait de l'hôpital, il fallait du temps, et il,remontait la pente ..... jusqu'au dernier épisode en décembre, où il est rentré de l'hôpital "pour mourir à la maison". Et jusqu'à la fin j'attendais le miracle. Donc rassure toi, je pense que c'est un instant de survie pour nous de ne pas anticiper la mort de l'autre ; ce n'est pas possible tout  simplement ; l'être qu'on aime tellement, sans lequel la vie n'est pas envisageable, ne peut pas disparaitre. Je suis restée avec Philippe, couchée à côté de lui toute la nuit, à lui parler, à le toucher,  à m'endormir par moment contre lui, et c'est quand je me suis absentée de la chambre une vingtaine de minutes et que je suis revenue qu'il est "parti" ; je me suis aussi dit que j'étais stupide de m'être absentée, mais je n'ai pas culpabilisé longtemps, parce que j'ai aussi pensé que ça été plus facile pour lui de "lâcher" pendant que je n'étais pas contre lui à lui dire cent fois que je l'aimais.  La douleur est déjà tellement insupportable, qu'il n'est pas utile de se faire des films en ayant des regrets, de la culpabilité ou en voulant refaire l'histoire ; c'est mon avis.

Je suis allée voir mon homme dans la chambre funéraire et ça m'a fait beaucoup de bien.  Parce qu'effectivement les personnes qui s'occupent de préparer les défunts, font en sorte qu'ils soient "comme avant" en prennent soin de façon que les gens qui viennent leur rendre un dernier hommage ne soient pas confrontés à une image difficile. Et bien moi, Philippe a été tellement bien "préparé" que j'ai tout de suite compris que ce n'était pas lui, ce n'était plus lui qui était là. C'était son corps, ce n'était que quelque chose de matériel et l'homme que j'aimais, que j'aime encore n'était plus là.  Son âme, son esprit, son essence, une autre forme de lui était déjà partie. Et même si aujourd'hui, je voudrais qu'il revienne, qu'il me prenne  la main, qu'il me fasse un bisou dans le cou,  toute la tendresse qu'il me donnait me manque à tel point que quelquefois j'en ai le souffle coupé, réaliser que la vie n'est plus dans ce corps, me permet aussi de l'espérer ailleurs, dans la lumière, débarrassé de ses souffrances, et me guide de temps en temps sur mon chemin spirituel.

Je pense qu'il est important de faire les choses comme on le sent personnellement, pas pour les autres, ou pour ce que les autres penseraient, mais pour soi, par rapport à son ressenti, à notre histoire avec l'être aimé, même et justement si on a envie de faire les choses pour nous protéger, parce qu'on ne se sent pas capable de faire autrement, c'est toujours dans un instinct de survie.
On ne peut pas refaire l'histoire, et je pense que chacun fait de son mieux, dans des circonstances aussi difficiles.

Je t'embrasse,  prends soin de toi

Noëlle





Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Stana le 15 janvier 2016 à 14:54:37
  Merci pour toutes ces paroles Noelle  :) :-*

  Oui je sais, au fond de moi, que sur le moment je ne pouvais pas agir autrement que je l'ai fait aux alentours de son décès. Je me devais de survivre, et pas seulement pour moi mais aussi pour lui, parce-que c'est ce qu'il m'avait demandé de faire le cas échéant.  J'ai pus lui dire adieu à ma manière, l'accompagner sans en avoir l'air, je pense qu'il le savait.
 
  Si c'était à refaire j'entrerais peut-être dans cette pièce au funérarium, mais ce ne serait probablement pas une bonne idée...je garde de lui une image "vivante", que ne trouble pas le fait que je l'ai vu dans le coma.

  Ton témoignage m'a beaucoup touchée: oui, je pense aussi que ton conjoint a préféré partir, "lâcher prise" alors que tu n'ètais pas auprès de lui, il y a de nombreux témoignages qui vont en ce sens  :)
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Fleur78 le 26 avril 2016 à 12:30:09
Mon père s'est suicidé il y a 11 ans.
J'ai ressenti beaucoup de culpabilité: oui j'aurais voulu pouvoir lui dire je t'aime davantage, j'aurais voulu être davantage présente à ces côtés, moins chiante, moins désagréable et être suffisante pour qu'il ne veuille pas passer à l'acte.
Mon père était trop en souffrance pour réfléchir comme nous, il n'a pas trouver d'autre solution à ses difficultés financières, à son mal-être et quelque part je me suis sentie abandonnée.
Aujourd'hui je vais mieux, j'ai avancé dans mes ressentis, la colère et la culpabilité ne sont plus omniprésentes, mais je ressens de façon naturelle la manque.
La culpabilité m'a emmené moi personnellement dans une spirale d'autodestruction car je ne m'aimais pas, ni dans mon enveloppe corporelle (liée à une autre problématique personnelle) mais non plus ce que j'étais. Je ne valais pas grand chose puisque mon père n'était pas restée pour moi et puis je me punissais d'avoir agi de telle ou telle sorte avec lui pensant que ça avait aggravé son état dépressif. J'ai maltraité mon corps en me scarifiant, et en me mettant régulièrement dans des états seconds car tout était plus supportable, ou pas à des moments donnés. Je m'en suis sortie grâce à une amie, plus âgée et qui travaillait en psy, donc expérimentée, et qui m'a permis de voir les choses autrement et au fur et à mesure je me suis sortie de tout ça. La culpabilité vient souvent de façon naturelle surtout lors d'un suicide mais ne doit pas perdurer car même si quand on y pense on s'en voudra toujours un peu quelque part de quelque chose, mais malheureusement le fait de se punir, de se morfondre, de rester dans la douleur et la peine, vous empêchera d'avancer et de continuer à vivre comme la personne décédée l'aurait souhaité.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: cabrau78 le 27 avril 2016 à 14:38:57
Aéline ma fille s'est suicidée, il y a 4 mois.
Elle n'était pas bien dans sa peau  depuis un harcèlement qu' elle avait subi au collège. En revenant sur Paris, elle avait été suivie par une psy et semblait aller mieux , avait bcp d'amis et réussissait ses études de médecine.
Que de la poudre aux yeux
donc nous culpabilisons car nous n'avons pas su l'aider depuis sa sixième ou elle nous a demandé de l'aide puis après de manière détournée que nous n'avons pas compris? jusqu'en 3ieme (comment peut être aussi C.. pour ne pas avoir vu ça?)
et plus récemment de ne pas avoir su/pu l'aider dans son extrême souffrance que nous avons découverte avec ses amis après son décès
comme en plus un de ses proches amis s'est suicidé suite à sa disparition 3 semaines après nous sommes au fond du gouffre de la culpabilité
je rembobine l'histoire à longueur de journée ou de nuit selon
je n'arrive pas à sortir de cette spirale de j'aurais du faire ceci, j'aurais du comprendre cela ,...
je refais l'histoire à l'envers pour essayer de changer le dénouement mais la fin est la me^me
ma chérie d'amour n'est plus là et ne sera plus jamais là
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Fleur78 le 28 avril 2016 à 14:36:41
J'ai beau avoir culpabiliser et ne plus le faire aujourd'hui, je me rends compte en lisant vos témoignages que je n'ai sûrement pas les mots pour vous aider à surmonter cette épreuve, car ce sont des sentiments naturels.
Mais nous ne sommes pas des surhommes (ou femmes) qui peuvent sauver les autres, même si ce sont des personnes proches, ni même la famille. Car paradoxalement plus on est proche de la personne moins on est à même de l'aider, car trop impliquée, pas objectif et donc on ne peut pas voir les choses comme la personne en souffrance les ressent surtout si elle ne communique pas et ne laisse transparaître que peu de choses. On ne peut pas deviner ce qu'elle ressent... Je n'ai jamais parlé de scarification avec ma mère alors que nous sommes hyper proches et de vraies confidentes mais j'avais honte, je ne voulais pas l'inquiéter et elle ne s'en est jamais douté et ne sait pas à quel point j'ai souffert.
Je pense malheureusement de façon très bateau que le temps permet de rendre les sentiments moins compliqués, et moins douloureux. Et je vous le souhaite cabrau78. Je ne suis pas mère moi-même et ne peut donc qu'imaginer votre douleur. Néanmoins, je reste persuadée que vous ne devez pas vous rendre responsable de la mort de l'ami de votre fille qui devait lui aussi avoir sa propre problématique et souffrance qui l'ont mené à un tel acte extrême.
Je comprend tout à fait la spirale dans laquelle vous pouvez être, mais malheureusement vous ne pouvez vous rendre responsable du mal-être d'un proche, fut-ce-t-elle votre fille, car de part votre message, je suis certaine que vous avez été présente, à l'aider dans ses difficultés notamment au collège mais malheureusement il y a des souffrances indicibles et quasi indétectables.
N'hésitez pas à continuer à en parler ici ou ailleurs, c'est comme cela qu'on arrive au fur et à mesure à avancer mais ça prend du temps, car le chagrin est tel qu'on ne peut envisager les choses autrement et on se dit que ça nous poursuivra toute notre vie, mais ce n'est pas si vrai que ça.
Je vous souhaite beaucoup de courage dans votre épreuve,
Fleur
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: vanech le 07 mai 2016 à 20:34:38
 Car paradoxalement plus on est proche de la personne moins on est à même de l'aider, car trop impliquée, pas objectif "
C'est tellement vrai Fleur et même quand on sait que la personne est mal, on ne peut pas penser au pire, impossible de s'imaginer une telle chose.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Cécilou le 08 mai 2016 à 00:20:26
Je ne sais pas quelle est la fonction précise de la culpabilité.
Ce que je sais c'est que je ne comprend pas comment je n'ai pas vu que ma maman était malade.
Puis quand on la découvert je n'ai pas cru que c'était très grave. Je voulais croire en l'espoir et j'ai perdu du temps précieux que j'aurais pu passer avec ma maman et je m'en veux parce-que je n'ai pas pu lui dire tout ce que je voulais, lui dire combien je l'aime et ça m'étouffe
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Fleur78 le 08 mai 2016 à 11:12:47
Je ne sais pas s'il y a réellement une fonction dans cette culpabilité. C'est un sentiment qui s'impose à nous et dont il faut parvenir à se détacher avec le temps. J'ai l'impression Cécilou que ce sentiment d'étouffer est justement lié à cette culpabilité très présente.
Ca me rappelle comment moi je me suis sentie après le suicide de mon père. Et si ça paraît très bateau, c'est vrai que le temps aide beaucoup et surtout ce qu'on fait de ce temps. On est obligé c'est vrai de faire semblant parfois mais il faut aussi savoir se relacher auprès de très bon amis, de craquer en famille ou de voir quelqu'un d'extérieur à qui on peut se confier.
Je savais aussi que mon père allait mal mais je ne me doutais pas à quel point et j'étais persuadée que les choses allaient s'arranger. Comme vous l'avez compris ça n'a pas été le cas et j'aurais aussi voulu lui dire certaines choses. Mais en tant qu'enfant on ne peut pas s'imaginer que notre parent va aussi mal, à passer à un tel acte (comme les parents ne peuvent pas le voir chez leur enfant); et on peut se disputer en famille, c'est normal, c'est sain. Ca ne veut pas dire qu'on ne s'aime pas et que l'autre ne le sait pas. Ca faisait des années que je n'avais pas dit à mon père que je l'aimais, et j'ai été dure avec lui quand il allait mal et je m'en suis voulue et même rendue responsable. Mais malgré tout je pense au fond qu'il savait que je l'aimais mais de toute façon il n'était plus réceptif les derniers mois à ce qui se passait dans notre monde, il était déjà un peu parti... Et il est très probable que ce soit pareil pour toi Cécilou. Bon courage et n'hésite pas à partager tes sentiments pour ne pas te laisser submergée par cette culpabilité qui au fond n'a pas lieu d'être
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: sgrob93 le 27 septembre 2016 à 13:55:21
Bonjour à tous je viens de découvrir ce forum et il me semble important de partager sur le théme de la culpabilité dans le deuil.Mon enfance à été baigner dans le deuil ,lorsque je suis arrivé sur terre ma mère avais perdu deux enfants de la mucoviscidose et une de mes soeur l avais également .Donc j ai toujours vécu  à coté de moi la maladie donc la mort  et dont j en avais aussi les conséquences comme le manque t attention et bien d autre choses,à l âge de 15 mon père décède d un cancer.En pleine crise d adolescence,j ai pu avoir des comportement de provocation de colère etc .......Ce qui s en suivi c est une culpabilité d avoir envie  que mon père meure et de l avoir dis,il m a fallut du temps avant de comprendre que je n étais pas responsable de cela. L une des choses les dure à été d accepter d être  impuissant face à la mort ,ce qui entraine très souvent ce flo d émotion incontrôlable d en un premier temps mais nécessaire pour une reconstruction ou une construction de soi .La culpabilité a ébranler l image de moi que j avais ,un balancement c est fais tantôt une vision positif et après une vision négative .Toute ma vie j ai été  face ( et le suis encore ) consciement ou inconsciemment à l impuissance ce qui m a permis de me structurer mentalement ,à l heure actuelle je m intéresse à la méditation au laché prise à l aïkido un art martial basé sur la relation avec l autre.Je m aperçois que la vie que j ai,je ne la regrette pas je parle quelque fois à mon père et lui dis que j ai compris que c étais son choix et que je l accepte et que cette évement m apporte énormément , c est ainsi.Je me suis occupé de ma mère face à ses évènements et il y a quelque année je me suis aperçu que je ne pouvais que l écouter .Voila un premier jet comme on dis
Les pensées et les émotions peuvent être comme des nuages qui passent.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Injustice le 15 décembre 2016 à 23:38:34
Pour moi, cela m a aidée, cette culpabilité qui ne me quitte pas.

Merci infiniment pour ces documents fort intéressants

Injustice
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 09 février 2017 à 11:29:25
lien avec les colères contre les attitudes des soignants
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/mon-tendre-amour/msg81694/#msg81694
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Mononoké le 12 février 2017 à 02:45:32
seuls les êtres humains connaissent la culpabilité, les animaux, eux ne connaissent pas ce sentiment, ils ne connaissent que l'impuissance.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Bmylove le 30 juin 2018 à 17:35:22
Je relance le sujet, car il est pour moi d'actualité, malheureusement.
Je suis plongée dans la culpabilité depuis 3 mois, et je bois la tasse bien souvent.

Je me sens coupable de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour empêcher mon mari de se suicider, et même de l'avoir poussé à cette horreur car je lui parlais de séparation (il me disait qu'il mourrait si je le quittais).
Ma fille m'avait prévenue que son père allait très mal, et il m'a clairement dit par sms ce qu'il allait faire, photo de la corde à l'appui. Il m'a laissé le temps de rentrer (pour l'en empêcher, je suppose), mais je ne l'ai pas cru, j'ai traîné, je suis arrivée trop tard.

Je ne suis pas sûre qu'il y ait une fonction particulière à la culpabilité, à part peut-être trouver un coupable pour un geste insensé. Elle est présente ou non en fonction de notre histoire, des circonstances du décès, et de notre lien au défunt, je crois.

J'essaie, je fais ce que je peux pour en sortir, mais je n'arrive qu'à obtenir un peu de répit. Je sais qu'on ne maîtrise rien de l'autre, mais pourtant, quand cet autre vous appelle au secours et que vous n'accourez pas, que vous n'appelez pas les secours, il est difficile de ne pas se sentir coupable.

Ma culpabilité est de deux ordres, en plus:
- J'étais à l'origine des disputes.
- Je n'ai pas répondu à son appel.

Alors, bien sûr, le contexte a son importance : 6 tentatives de suicide en deux mois, des messages pas toujours très clairs, et plutôt menaçants que désespérés, une grande lassitude.

N'empêche. Je ne peux pas faire autrement que de supporter cette abominable torture.
Si la culpabilité a une fonction, elle a aussi des effets dévastateurs sur le psychisme.
Je préfèrerais 100 fois me sentir impuissante plutôt que de subir ça, mais je n'ai pas le choix.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Catherine Th le 30 juin 2018 à 19:30:31
Dans notre situation, les partages de Fleurdecoton, de Stefy ça me parle beaucoup.

Les questions du docteur Fauré : "dans ce moment précis, pourquoi ai-je fait ce que j'ai fait? Quelle était ma motivation profonde ? Mon intention était-elle un désir délibéré de nuire à cette personne? Jusqu'où doit-on se faire payer ? pourquoi ? Dans quel but ? la personne disparue accepterait-elle  que l'on se fasse tant souffrir en son souvenir ? ....
Se poser pour répondre à ces questions .....
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Bmylove le 30 juin 2018 à 19:59:33
J'ai lu les fils de Stefy, pas de Fleurdecoton pour l'instant.
Cela donne à réfléchir, c'est vrai.

Quand aux questions du Dr Fauré, je les ai bien moulinées. Sa dernière question me laisse perplexe.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: qiguan le 30 juin 2018 à 20:40:10
Citer
J'étais à l'origine des disputes.
est ce bien réel
ou bien les disputes découlaient de tes positionnement par rapport à la facette de lui qui émergeait ... ???

oui lire les autres est si utile voire relire Stefy a écrit près de 850 messages qui attestent de son cheminement ...
Titre: Re : Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Bmylove le 30 juin 2018 à 20:45:28
Citer
J'étais à l'origine des disputes.
est ce bien réel
ou bien les disputes découlaient de tes positionnement par rapport à la facette de lui qui émergeait ... ???

Oui, je suis assez d'accord avec toi, en fait... Tout à fait, même. ^^
Disons que j'ai refusé de me rendormir, même s'il chantait de magnifiques berceuses...
Merci Qiguan. :-*

S...é de culpabilité. Il faut lui faire la peau.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: résilience et silence le 04 juillet 2018 à 08:43:11
Bonjour,
a la lecture de toutes ces luttes de toutes ces élaborations douloureuses, déchirantes parfois sur le sujet de la culpabilité, Mon ressenti est que je ne crois à aucune potion magique autre de tenter en permanence de "tirer des bords entre responsabilité et culpabilité".  Si j'en réfère à la pensée systémique, "nul système ne se pose de problèmes autres que ceux qu'il soit en capacité de résoudre", c'est pour moi la seule solution "supportable" que j'entrevois.
Pascal.
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: katrinap le 04 juillet 2018 à 09:23:51
une facette de la culpabilité?
mon père n'a fait que glisser de son lit, je continue et c'est obsédant à me dire que jamais il n'aurait du mourir et que cette dégradation liée et due au premier SSR (service de soins et de rééducation) qui a présenté des négligences graves l'a conduit à décéder
je le voyais tous les jours, et je me disais tout le temps de le sortir de l'hopital je sentais que ce n'était pas le lieu où il se rétablirait, quand le médecin m'a annoncé qu'il ne marcherait plus, tout s'est bousculé j'ai cherché à mon corps et coeur défendant une maison de retraite en me disant qu'il ne voulait surtout pas aller là bas, mais mon appartement ne permettait pas de l'accueillir chez moi
1ère grosse culpabilité, puis j'ai cherché à aménager son appartement pour faire une hospitalisation à domicile, je n'ai pas eu ce temps, je continue en boucle à me dire que j'aurai pu et n'ai pas su le sauver, quand lui a toujours été là pour moi
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Bmylove le 04 juillet 2018 à 09:56:45
Katrinap,

Il a toujours été là pour toi, mais toi aussi, apparemment. Tu allais le voir tous les jours, tu as cherché des solutions.
La culpabilité se nourrit des scénarios qui commencent par "Si...", elle ne lâche pas prise facilement, et elle revient par la porte de derrière si on la met dehors.
Et ça tourne en boucle, comme tu dis.
Je crois que tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir, comme lui l'aurait fait pour toi.
Qu'aurais-tu pu faire de plus ?

Notre amour a beau être incommensurable, nous ne sommes pas tout-puissants, nous ne connaissons pas l'avenir, mais nous faisons tout ce que nous pouvons. Tu n'as pas eu le temps, c'est tout... Et ça, tu n'y peux rien.

C'est difficile d'admettre notre impuissance face aux événements, mais c'est nécessaire.

Je t'embrasse.

Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Faïk le 04 juillet 2018 à 10:32:05
"Si j'en réfère à la pensée systémique, "nul système ne se pose de problèmes autres que ceux qu'il soit en capacité de résoudre", c'est pour moi la seule solution "supportable" que j'entrevois"  Pascal


Je l'ai entendu un peu différemment, mais cela participe de la même proposition :
Tout problème a une solution, s'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.

La bonne « attitude » serait en effet de se focaliser sur les solutions à entreprendre plutôt que sur le problème lui-même mais il est difficile de « rationaliser » sa pensée quand l'émotion prend toujours le pas, perso ça m'a paru toujours bien compliqué.
Mais comme y'en a qui pensent pas du tout non plus, je me dis que tout n'est pas perdu pour moi ... Mais tirer des bords en permanence, ça fatigue à la longue ...

Petit florilège des problèmes et des solutions :

« Ne me dites pas que ce problème est difficile ; s’il n’était pas difficile, ce ne serait pas un problème. »

« Dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent. »

« Il n’y a pas de problèmes qu’une absence de solutions ne finisse à la longue par résoudre. »

« Un problème sans solution est un problème mal posé. »

« Il n’y a pas de problème ; il n’y a que des solutions. L’esprit de l’homme invente ensuite le problème. Il voit des problèmes partout. C’est marrant. »  (heu ... )

« La question attend la réponse, mais la réponse n’apaise pas la question et, même si elle y met fin, elle ne met pas fin à l’attente qui est la question de la question. »


Bien Faïkement,
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: katrinap le 04 juillet 2018 à 10:37:31
merci bmy love je t'embrasse aussi
oui je sais qu'on se nourrit de cette culpabilité et que cela nous freine dans le processus d'apaisement, d'aucuns diraient que je suis masochiste
possible
mais c'est tellement fou de se dire qu'on meurt finalement de rien (dans son cas) comme une forme d'épuisement alors qu'on vante tout le temps les progrès de la médecine
je crois que très bêtement je m'étais figurée qu'il vivrait comme ma grand mère, sa maman jusqu'à 105 ans et que je pensais avoir du temps, temps que je n'ai plus
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: Bmylove le 04 juillet 2018 à 12:42:23
Et moi, très bêtement j'ai cru que notre lien était indestructible...
Titre: Re : la fonction de la culpabilité dans le deuil
Posté par: katrinap le 04 juillet 2018 à 16:56:55
il l'est dans ton coeur