Je relance le sujet, car il est pour moi d'actualité, malheureusement.
Je suis plongée dans la culpabilité depuis 3 mois, et je bois la tasse bien souvent.
Je me sens coupable de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour empêcher mon mari de se suicider, et même de l'avoir poussé à cette horreur car je lui parlais de séparation (il me disait qu'il mourrait si je le quittais).
Ma fille m'avait prévenue que son père allait très mal, et il m'a clairement dit par sms ce qu'il allait faire, photo de la corde à l'appui. Il m'a laissé le temps de rentrer (pour l'en empêcher, je suppose), mais je ne l'ai pas cru, j'ai traîné, je suis arrivée trop tard.
Je ne suis pas sûre qu'il y ait une fonction particulière à la culpabilité, à part peut-être trouver un coupable pour un geste insensé. Elle est présente ou non en fonction de notre histoire, des circonstances du décès, et de notre lien au défunt, je crois.
J'essaie, je fais ce que je peux pour en sortir, mais je n'arrive qu'à obtenir un peu de répit. Je sais qu'on ne maîtrise rien de l'autre, mais pourtant, quand cet autre vous appelle au secours et que vous n'accourez pas, que vous n'appelez pas les secours, il est difficile de ne pas se sentir coupable.
Ma culpabilité est de deux ordres, en plus:
- J'étais à l'origine des disputes.
- Je n'ai pas répondu à son appel.
Alors, bien sûr, le contexte a son importance : 6 tentatives de suicide en deux mois, des messages pas toujours très clairs, et plutôt menaçants que désespérés, une grande lassitude.
N'empêche. Je ne peux pas faire autrement que de supporter cette abominable torture.
Si la culpabilité a une fonction, elle a aussi des effets dévastateurs sur le psychisme.
Je préfèrerais 100 fois me sentir impuissante plutôt que de subir ça, mais je n'ai pas le choix.