Bonsoir Valérie,
Quoi de plus normal que de vouloir s'autoriser à faire ce que nous voulons ?
Vouloir s'autoriser à se libérer de certaines contraintes ?
Comment ne pas le comprendre pour nous, qui avons traversé l'impensable ?
L'épreuve la plus cruelle que la vie mette sur notre chemin : la mort d'un être très cher ?
Nous avons subi, mais nous avons appris.
Appris que le temps est précieux ; que la vie est précieuse.
Appris pour certains d'entre nous, qu'il était urgent de laisser tomber quelques unes des chaînes qui nous entravent et nous maintiennent dans la douleur.
Tu expliques si bien ce que tu vis, ce que tu ressens.
Tes mots sonnent juste. Sans agressivité, sans rancœur...
Pourrais-tu, si tu ne l'as déjà fait, expliquer à tes enfants que pour le moment, il est trop difficile pour toi d'aller dans ta belle-famille, mais qu'ils sont libres, eux, d'y retourner ?
Penses-tu qu'il serait envisageable d'expliquer à ta belle-famille que, toujours pour le moment, tu as besoin de te recentrer, et que c'est douloureux pour toi, de te retrouver parmi eux ?
Tu n'es pas coupable de vouloir avancer ; continuer à vivre.
Tu n'es coupable de rien.
Et bien sur que ce n'est ni renier ton amour pour celui qui n'est plus, ni chercher l'oubli.
Combien de fois ai-je écrit ici que nos aimés, parce qu'ils nous aimaient, justement, n'auraient voulu pour nous que le meilleur.
Mais ni la douleur, ni les larmes, ni le refus de la vie.
Tu as le droit de vivre ; d'aimer la vie.
Le droit d'éviter ce qui te replonge dans le souvenir de l'horreur.
J'ai foi dans le pouvoir de la parole.
Et je crois que mettre des mots sur nos ressentis peut aider les autres à mieux nous comprendre.
Nul conflit entre ta belle-famille et toi . Et c'est bien ainsi.
Ils ont leur chagrin ; cette nécessité d'accrocher partout l'image de leur fils, c'est sans doute leur façon à eux d'affronter cette épreuve.
Tu as ta propre peine, et tu es ailleurs ; tu as besoin d'autre chose.
Tu as le droit d'avancer sur ton propre chemin.
Ton désir de te protéger est bien légitime.
Tu le vois, nul conseil de ma part.
D'ailleurs, qui serais-je pour donner quelque conseil que ce soit ?
Non, juste quelques idées ; quelques pensées glissées sur le clavier.
Merci pour tes lignes, car tu n'es pas la seule à éprouver ce que tu éprouves.
Et ce que tu partages avec nous, nous aide à réfléchir.
A bientôt, si tu le veux bien.