FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre Le Deuil => Discussion démarrée par: nana29 le 08 octobre 2018 à 11:44:52
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Bonjour,
C'est la première fois que je vais sur un forum de discussion et je suis complètement perdue, avant je trouvais ça complètement impudique, mais je ne sais plus à qui me confier. Mon mari s'est tué dans un accident il y a un peu plus de 5 mois et je n'arrive pas à surmonter ma douleur. J'ai 2 enfants qui m'aident avec beaucoup d'amour mais je culpabilise énormément car je comprends que je les stresse car ils ont leur vie et ils voudraient tellement que j'aille mieux. Ils m'ont pris des RV chez une psychologue et également chez une sophrologue mais après 4 entretiens avec la psy j'ai arrêté, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait que mes chèques qui l'intéressait. Je sais c'est certainement injuste mais il est vrai qu'une thérapie ça coûte cher et j'ai eu peur de ne pas avoir les moyens financiers. Nous étions tellement heureux, mon mari était en retraite depuis 3 ans et je prenais la mienne à l'automne. Nous avions rêvé de cette nouvelle vie que nous voulions très activé. Mon mari était mon pilier et il m insufflait toute son énergie. Je me sens comme une enfant abandonnée. J'ai peur de l'avenir, nous avons une maison dans laquelle mon mari avait fait énormément de travaux, il savait tout faire mais je crains de ne pas pouvoir la garder, trop d'entretien et tout ça m'angoisse encore plus, je n'ose pas sortir dans mon village par peur du regard des autres, je suis très renfermée et secrète et j'en souffre car je suis lucide et je sais que je ninspirait pas la sympathie, mon mari était sociable et c'est grâce à lui que nous avions des amis. J'aiMais être seule mais une solitude à deux. Maintenant je ne travaille plus et les journées sont longuss, je pense souvent à le rejoindre car je ne vois pas d'autres solutions je n'ai pas envie de vivre, je suis une lâche.
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OUH là! non vous n'êtes pas lâche, ce mot d'ailleurs pour moi ne veut rien dire car on fait ce qu'on peut et suivant les situations, l'émotion du moment... on n'a même dans les mêmes conditions pas toujours les m^mes attitudes
Vous vivez là une période infiniment douloureuse et le choc doit prédominer, alors un pas après l'autre, exprimer la souffrance, puis l'apaisement sans doute bien plus tard
en attendant, sans que cela remplace la psy (tous n'ont pas que les chèques en tête), venez exprimer avec nous votre douleur, venez si vous en avez besoin ou envie nous dire comment votre mari est décédé, on sera là pour vous
d'être derrière un écran protège, et rend plus facile de se confier, et le tout sera accueilli sans jugement car nous vivons tous la même chose
bon courage
katrin
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bonjour nana...oui la vie ,notre vie s'effondre quand notre conjoint nous quitte...pour moi bientôt 6 mois et malgré la douleur , les cris, les pleures et parfois les hurlements et l'envie de mourir ,je suis encore vivante et survivante..il faut garder espoir en un jour plus apaisé, il vient même si on y croit pas au début, tu peut lire mon fil et celui des plus anciens ,je l'ai moi même relu il y a quelques jours et je constate réellement l’évolution...peut être que cela ne t'aidera pas mais au moins tu auras l'impression que ce que tu vie est normal chacun de nous évoluons a notre rythme selon notre vie antérieure ,,il faut renaître pour soi en quelque sorte et c'est cela le chemin du deuil ..avancer et prendre soin de soi. bises biche
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Tout ton chagrin, ta souffrance, tes peurs, tes questions .... nous pouvons les comprendre, nous les connaissons de l'intérieur.
Quand on est aussi mal, c'est difficile à y croire, mais tout doucement, très doucement, petit à petit, ça fait moins mal ...
On apprend à vivre autrement aussi, notre relations aux autres changent aussi, on apprend à trouver de solutions aux problèmes qui nous angoissent ....
Savoir que cette non envie de vivre, cette envie de rejoindre celui ou celle que l'on aime est "normale", que ça ne reste pas .... ça m'avait aidé.
Avec tendresse
Catherine
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Merci pour avoir déjà répondu, je me sens un peu moins seule. J'ai besoin du témoignage de personnes qui vivent la même douleur. J'ai 3 petits enfants auquels j'essaie de me raccrocher mais même avec eux c'est difficile. Je sens que les quelques amis qui m'ont soutenus dès le début commencent à se lasser et je comprends chacun a sa vie et ce n'est pas drôle de rendre visite à une personne dépressive. Mon médecin m'a prescrit des anxiolytiques et après avoir refusé plusieurs fois je me suis résolue à prendre des anti depresseur, mais je ne sais pas si c'est une bonne solution.... Le décès brutal de mon mari me plonge dans une espèce de léthargie, j'ai l'impression de vivre continuellement un cauchemar éveillé. Ce fut mon unique amour et après 40 ans de mariage nous étions toujours très complices. Nous faisions toutes nos activités ensemble nous etions très fusionnels et nous vivionx egoistement l'un pour l'autre, nous étions un couple qui parfois n'avait même pas besoin de parler pour se comprendre. Je sais qu'à notre époque ça peut paraitre ridicule mais c'était notre bonheur et je ne suis pas sûrs que nous nous en apercevions. Cette solitude est tellement peusante et je me sens inutile même si parfois je fais la nounou mais ce n'était pas la vie dont nous rêvions. ..J'ai 60 ans, avant ce malheur, je me trouvais encore jeune du moins je faisais tout pour le rester mais depuis j'ai pris 20 ans. Je ne sais pas comment retrouver l'estime de moi même. Merci pour vos témoignages.
Je vous embrasse.
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Bonsoir Nana, je te souhaite la bienvenue parmi nous.
Tu exprimes très bien ce ressenti des premiers mois. La solitude, la perte de repères et d'estime de soi, l'abattement.
Mais tu n'es pas seule, loin de là. Lire les fils des autres, partager ta peine avec nous peut vraiment t'aider.
Un lien peut aussi t'être utile : http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils
Je te souhaite une soirée la plus douce possible.
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Bonjour
Pourquoi après bientôt 6 mois, c'est encore plus dur. Je suis fatiguée j'ai de plus en plus de mal à survivre. J'essaie de tenir pour mes enfants et petits enfants mais je ne sais pas jusqu'à quand je vais pouvoir tenir. Rien ne m'intéresse. Je n'arrive pas à me projeter un avenir. J'ai l'impression de devenir folle. Comment faire, pouvez vous m'aider par vos témoignages. Je suis pourtant sous antidépresseurs et je ne vois pas d'amélioration c'est même le contraire. Merci.
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Bonjour Nana,
As-tu lu les fils des personnes de ce forum ?
Leurs parcours, les allers-retours de la douleur, du désespoir et de l'apaisement peuvent te rassurer.
Nous avons tous des moments d'effondrement. Il ne faut pas que ça t'inquiète.
Pas la peine non plus de lutter contre tes émotions, mais garde en tête que ça passera.
La trajectoire du deuil ressemble à une spirale avec des hauts et des bas et un mouvement vers l'avant.
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Bonjour Nana29.
Beaucoup d'entre nous sur ce forum on été assommés plus ou moins brutalement par un décès direct. Du jour au lendemain, nous avons tou(te)s été catapultés dans un univers où la dure épreuve d'apprendre à mettre des mots sur ce qui n'était pas encore supportable a pris le temps qu'il lui fallait pour émerger. Certainement pas mal d'entre nous ont côtoyé la folie, l'isolement ou le repliement passant parfois de l'abattement le plus profond à une colère sans répit. Un seul mot d'ordre, à mes yeux, tenir bon, coûte que coûte, vaille que vaille, car je pense que les êtres perdus, de là où il(elle)s sont nous veulent vivants, robustes et ardents défenseurs des bienfaits de la vie dont nous restons dépositaires.
C'est ce goût de vivre malgré cette insondable douleur que je te prie de recevoir avec mes profondes, profondes condoléances. C'est si dur.
Pascal.
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Bonjour
Pourquoi après bientôt 6 mois, c'est encore plus dur. Je suis fatiguée j'ai de plus en plus de mal à survivre. J'essaie de tenir pour mes enfants et petits enfants mais je ne sais pas jusqu'à quand je vais pouvoir tenir. Rien ne m'intéresse. Je n'arrive pas à me projeter un avenir. J'ai l'impression de devenir folle. Comment faire, pouvez vous m'aider par vos témoignages. Je suis pourtant sous antidépresseurs et je ne vois pas d'amélioration c'est même le contraire. Merci.
je crois t'avoir en Mp indiqué d'aller lire le coin conjoint
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/
où tu liras de nombreux témoignage
et de fouiller
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/
où il y a des liens vers les explications sur les étapes du deuil de Dr Fauré
tu vas plus mal car le cerveau a "moins" de protection et l'ampleur de la perte dans ses détails émerge de plus en plus ...
c'est un passage de plusieurs mois, plus ou moins long
qui sera entrecoupé de moments plus tranquilles où tu te sentira plus apte à survivre ...
lire les autres dans la section conjoint en a sauvé plus d'un (e) sur ce forum ..
tu peux suivre ce chemin :-*
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Bonjour Nana29,
En écho aux liens proposés hier par Qiguan et à la relecture de ton dernier post, 2 éléments d'expérience à transmettre qui peuvent aussi t'être utiles dans ces moments où la survie dicte avant tout :
D'une part, l'essai d'antidépresseurs ayant eu un effet plutôt désastreux sur mon propre parcours, en accord avec mon médecin traitant j'ai eu recours plutôt aux anxiolytiques, à dosage de moins en moins important au fil du temps. Je me permets d'insister sur le "en accord avec", n'hésitant pas le moins du monde à faire état de la réalité la plus objective possible de ce que je ressentais alors (au-delà de mes 2 paquets de clopes par jour/nuit, de mon absence de sommeil et de mon hyperactivité d'alors quasi maniaque des premiers mois).
D'autre part, la prescription d' anxiolytiques doit impérativement être assortie d'un soutien psy ADAPTE, sinon pour reprendre le propos d'un de mes anciens collègues médecin, "ça revient à mettre un cautère sur une jambe de bois". Et il est important à mon avis de ne pas se prendre les pieds dans ce tapis...Et pour ce faire, tout aussi important d'être "en accord avec": explication! Une thérapie de soutien nécessite un dialogue entre le clinicien et le patient et il ne s'agit pas alors d'être dans un cadre de seule écoute bienveillante adaptée à une pure psychanalyse. Ce recours à une démarche psychanalytique n'est adapté que lorsqu'un minimum de défenses se sont reconstruites, pas avant, je dirai même surtout pas avant qu'elles le soient!!!! Et en période de survie, eh bien nos défenses, elles sont précieuses et pas question de les affaiblir, pas plus que celles des proches qui fatiguent! Et comme le souligne Qiguan, il est bon de fouiller aussi dans ce réseau pour trouver le bon endroit, le (la) bon(ne) clinicien(ne), voire en essayer plusieurs si besoin et, ce, de plein droit, de façon ouverte.
Malheureusement la panacée est un mythe, mais heureusement particulière à chacun(e); les chemins sont multiples, c'est aussi une force de proposer des carrefours.
A la croisée des chemins, courage!
Pascal.
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Merci encore pour vos messages de soutien, je me sens complètement égoïste car je suis pour le moment incapable de soutenir qui que ce soit, je suis focalisée sur mon propre malheur. J'en veux à la vie qui m'a joué cet horrible tour. Hier ma fille m'a envoyé un message ou elle me disait qu'après avoir perdu son papa, elle avait maintenant l'impression de perdre sa maman, je me suis sentie coupable de la rendre encore plus malheureuse. Le soleil brille mais le ciel est si noir.
Je ne peux que souhaiter plus de courage que j'en ai, à celles et ceux qui souffrent.
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Chère Nana, le courage, c'est parfois de continuer à vivre tout simplement.
Ta fille est inquiète, ce qui est légitime.
Si tu ne sais pas comment la rassurer, propose lui de lire des ouvrages sur le deuil.
Ce que tu traverses, cette douleur épouvantable et ce désespoir qui obscurcit tout sont nécessaires, et même encourageants.
Il y aura des moments moins durs, mais il faut du temps.
Les endeuillés sont des marathoniens.
Prends bien soin de toi.
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Bonjour N29, (perso : je suis un H, j'ai perdu d'abord ma maman il y a quelques années, puis mon papa assez récemment)
je confirme les derniers propos qui viennent d'être écrit pour te répondre, j'en reprendrai pour mon compte l'expression suivant qui résume pas mal les choses : Les endeuillés sont des marathoniens.
A interpréter dans tous les sens !
Un des sens qui semble le plus évident : la fatigue, la lassitude induite par un marathon.
Un autre : le besoin, la recherche de repos.
Encore un : chaque chose (à faire) relève du parcours marathonien : même pour effectuer des actes courants de la vie quotidienne, cela demande une énergie parfois considérable.
Un de plus : on a l'impression que ça ne finira jamais.
Presque tous les endeuillés passent par là, ce sont des années non pas perdues, mais qui te sont nécessaires pour évoluer afin de t'en sortir, c'est hélàs une étape obligée.
A contrario, une chose est certaine : même lorsque tu iras (beaucoup) mieux, ne nous leurrons pas : un deuil aussi profond te marquera jusqu'à la fin.
C'est aussi ça qui fait que nous sommes des humains.
Lourd à porter et à assumer, je sais.
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Bonjour nana29,
J'ai le regret et la douleur d'être sur ce forum depuis peu.
Mon amoureuse est partie le jour où tu as posté ton premier appel, ça fait trois semaines aujourd'hui.
J'écris un journal, je lui écris, ça me permet de parler d'elle.
Je suis encore sous le choc, j'erre sur ce forum pour me convaincre que je ne deviens pas fou.
J'avais décidé avant d'arrêter de vivre après sa mort, je ne sais pas si c'est un manque de courage de ne pas l'avoir fait.
Je pense qu'il faut beaucoup de courage pour rester, pour les enfants et parce qu'elle penserait que je suis lâche de partir alors qu'elle s'est tant battue pour vivre.
Je compatis à ta douleur.
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pscar
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Passer des heures, des nuits, des journées à survivre en lisant les fils des autres a été ma bouée ...
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Après plusieurs semaines d'absence ou j'étais incapable de communiquer, je ressens â nouveau le besoin de savoir comment vous évoluez dans votre deuil, je suis toujours dans l'attente de témoignages. J'ai parfois des moments de répit, mais j'ai toujours des moments de désespoir qui me font songer à opter pour une solution définitive, je suis tellement fatiguée de souffrir, je me sens inutile et la vie est si terne. Quand parfois, je me sens un peu plus sereine, je culpabilise en pensant à tout ce que mon amour ne peut plus voir. Je suis toujours sous antidépresseurs et anxiolytiques et j'ai peur de devenir dépendante. Mes enfants me disent avoir besoin de moi mais je les stresse avec mes sautes d'humeur. Merci encore pour vos messages de sympathie.
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Bonjour,
tout ce que tu ressens est normal : on est englué dans un rouleau compresseur, qui nous emporte sur des montagnes russes. les phases de désespoir absolu alterne avec des moments plus rares de répits, puis peit à petit , les répits deviennent plus fréquents et plus longs. Il faut y croire !
Personnellement, je suis dans la recherche de l'hyperactivité pour tenir, mais chacun doit trouver sa propre méthode, il n'y a malheureusement pas de recette miracle. Les enfants , aussi peuvent être d'un grand soutien . On avance pour eux, pour ne pas leur faire de peine.
On culpabilise presque tous, pour ce qu'on n'a pas fait, pas dit ou ce qu'on ne peut plus faire avec eux. Il faut l'accepter et c'est très dur.
Je te souhaite un moment de calme et de sérénité. Bises