" Dis Pépé, il nous manque un pilier / Le comptoir, il est bancal / Où c'est-y qu't'es passé? " chante très justement La Rue Ketanou...
J'ai mis très longtemps à venir prendre la plume ici. Je ne sais pas pourquoi, je me suis toujours dit que sur un forum d'endeuillé-e-s, la perte de mon grand père passerait tantôt pour banale tantôt pour indigne du chagrin des autres... Je sais que j'ai tort en pensant ainsi, mais c'est ce genre de pensées qui vous habite... Alors, j'ose ce soir écrire et vous prie donc d'indulgence... J'ai tendance à livrer les mots tels qu'ils me viennent, sans forcément être structurés...
On a beau avoir coûtume de dire " qu'avec le temps va, tout s'en va ", en réalité, le 15 février cela fera un an que pépé est parti et pour moi la douleur est toujours aussi vive.
Si l'on croit en l'échelle de Kubler, je pense que je n'aurais toujours pas passé l'étape 1 du déni... Pour moi, Pépé n'est pas mort, je ne peux pas l'accepter : je l'ai vu des mes yeux pourtant, je l'ai accompagné dans son dernier voyage, mais je ne peux l'accepter. Il va forcément revenir ici, présider la tablée familiale. D'ailleurs, depuis 1 an, je n'ai pas pu remettre les pieds dans la maison familiale...
Pépé était une force de la nature : 1m96, 114 kilos, des mains de la taille de mes cuisses, une vie rocambolesque et sans pareille - vraiment !
Première crise cardiaque en fin des années 70 a à peine 30 ans : on lui donne alors entre 6 mois et 1 an d'espérance de vie ; mais c'était sans compter sur le Trompe la mort qu'il était (tel que son médecin l'avait d'ailleurs surnommé), avec les premiers défibrillateurs, c'est une seconde vie qui lui est offerte : ponctuée de nouvelles interventions toujours aussi risquées mais un second souffle, réellement.
Finalement, à 65 ans, il n'est pas parvenu à la tromper, la maudite faucheuse...
C'est drôle, mais au fil de ces quelques lignes mes larmes cessent de couler et je sens mon visage sourire, je me souviens de tous ces souvenirs merveilleux. Pépé et Mémé m'ont véritablement élevé jusqu'à mes 9 ans, tant que mes parents travaillent, alors comme nous avions beaucoup voyagé, j'ai eu la chance d'avoir autant de souvenirs...
Aujourd'hui, je m'en veux. J'ai l'impression de ne pas suffisemment le pleurer : c'est triste mais ces derniers mois j'ai plus souvent pleurer ce grand amour impossible que je vis avec mon meilleur ami, je n'ai pas versée une seule larme pour pépé. Pas une. Même pas à la crémation. Même pas dans l'ambulance. Pas une.
Alors que je parle à peine de Théo et je fonds en larme. C'est que je ne l'aimais pas, c'est ça ?
J'imagine que des dizaines de gens ici ont connu des chagrins bien plus grands, je paraît bien peu à côté de celles et ceux qui ont perdu un parent, un enfant, un conjoint-e puisque comme le chantait Brel " celui des deux qui reste vit en enfer "... Je témoigne toute ma gratitude à toutes les personnes qui ici partagent de tels chagrins. Je suis désolé de ces quelques lignes, bien égoïstes je trouve.
Que 2015 nous apporte du réconfort.
Bonne nuit.