Bonsoir,
Je viens d'arriver sur ce forum, je viens d'avoir 17 ans et j'espère trouver du réconfort dont j'ai parfois tellement besoin. J'espère aussi que j'aurai assez de temps pour y aller parce que l'école me bouffe beaucoup de temps.
Ce post va être long je vous préviens... Peut-être que ça ne vous intéressera de connaître l'histoire d'un adolescent perturbé, ce que je comprendrai.
Soit, je vais raconter mon histoire mais je sais pas trop par quoi commencer... Bon allez, je me lance!
J'avais 12 ans quand tout a commencé. C'était la fin de l'année en juin, après que je sois allé avec mon père une dernière fois dans un parc d'attractions. Il commençait à être fatigué mais personne ne s'en inquiétait encore surtout qu'il avait déjà eu ça comme il était prof. Mais ça s'est empiré et il s'est mis à avoir des bleues et des boules aux jambes avec de la fièvre. Ma mère l'a donc emmené faire ses premiers examens mais rien paraissait d'anormal. Il est allé ensuite chez le médecin qui lui a diagnostiqué une maladie (je ne sais plus le nom mais ce n'était pas une maladie grave en tout cas). Le médecin lui avait prescrit des médicaments et de plus, on partait en vacances dans le Sud ce qui devait arranger sa maladie. Ca a été le cas la première semaine là-bas car ça allait mieux mais il a de nouveau rechuté et on lui a encore fait passer plusieurs examens (et cette fois beaucoup). Toujours rien d'anormal. Revenu chez nous en Belgique, il a refait ses examens et là, on lui a découvert une leucémie. Il est tout de suite parti à l'hôpital. A vrai dire, ça ne m'avait pas réellement choqué puisque je me disais qu'à notre époque, il avait beaucoup de chance de guérir. Mais à peine 4 jours après son hospitalisation, il a dû être mis en soins intensifs. C'était d'ailleurs le jour de la visite des enfants où on était accompagné d'une infirmière qui nous expliquait comment ça se passait, qu'il ne fallait pas s'inquiéter.
3 jours après notre visite, ma mère était partie seule aller lui rendre visite ce qui devenait une habitude et nous avait déposé, moi et mes deux frères, chez ma marraine, la soeur de mon père. Je me souviens qu'on s'apprêtait à passer à table quand le téléphone s'est mis à sonner. Ma marraine a décroché le téléphone puis l'a raccroché et est devenue toute pâle. Elle nous a dit de nous dépêcher à sortir et nous a dit que mon père avait eu un grave problème. A ce moment-là, je me suis mis à avoir très peur et à m'inquiéter. Nous nous sommes retrouvés à la maison de ma zia, la soeur de ma mère, où y avait déjà plein de monde et qui paniquaient. Les membres de la famille ont préféré nous confier, les enfants, aux amis de la famille. Mes frères sont allés chez des amis à mon père et mon cousin et moi chez des amis à ma zia. Ces amis avaient une fille de mon âge avec qui je suis resté discuter en attendant. Après, je suis rentré chez moi et en arrivant, j'ai vu certains qui avaient des mines choquées et les autres pleuraient. Ma mère s'est approché de moi et m'a dit: "Ton papa nous a quittés".
J'ai eu l'impression que le monde s'écroulait devant moi, voire même de mourir. Ma vie a pris un tournant décisif.
Quelques jours plus tard, on a fait l'enterrement. L'Eglise était bondé, la famille, des vieux amis à lui,... Il y avait même ma prof de théâtre (que j'avais commencé 1 an avant l'événement). Nous avons été assez soutenu pendant les jours qui ont suivi mais le calme est ensuite arrivé.
Mon père était quelqu'un d'admirable, qui était d'une grande joie de vivre, énergique et courageux. Il était aimé par tout le monde et personne ne lui aurait fait du mal car il était d'une extrême gentillesse. Il avait aussi beaucoup d'humour, un peu clown et farceur et nous faisait beaucoup rire. Il a adoré également les enfants et donc, mes frères et moi. Il était cependant très anxieux et stressé mais pouvait gérer ce stress (c'était un véritable faux calme). Il était aussi très introverti et ne parlait jamais de son passé. Je lui ressemble beaucoup y compris dans son énergie même si la plupart des gens me disent que je suis mou. C'est totalement faux au fond mais bon, les gens peuvent pas le deviner non plus puisque c'est intérieur. Mon père avait connu aussi des événements difficiles comme le décès de ses parents. Il ne reste d'ailleurs plus que ma marraine aujourd'hui dans ma famille paternelle. Pourtant, c'était une famille très diversifiée et très honorante (j'ai des origines flamandes, ardenaises et anglaises et mes arrière-grands parents ont participé à la résistance durant la guerre). Bref, avec lui est parti toutes des choses nécessaires à un développement "normal" dans l'adolescent que je devenais mais ça ne s'est pas ce qui s'est passé.
Après son décès, je ne voulais pas du tout aller chez un psy et faire comme si tout allait bien avec moi (pensant même à moi même que je n'avais pas besoin de soutien psychologique) ce qui a réussi dans un premier temps. C'était l'année où je rentrais en secondaire et je n'avais même pas manqué le premier jour. Et pourtant, ça a lentement commencé à dégénérer. On me considérait comme quelqu'un de bizarre ou de trop coincé et timide (j'étais déjà timide en primaire).
Une acné sévère est apparue brutalement durant ma 2e secondaire et j'en ai toujours aujourd'hui. Moins forte certes mais toujours quand même. Aucun traitement n'avait d'effet réel mais j'essaie toujours tout traitement pour tenter de me soigner. Cet acné a été douloureuse aussi bien au plan psychologique qu'au plan physiologique car les gros boutons faisaient mal (ça formait même des bosses).
A ma 3e secondaire, j'ai voulu devenir plus extraverti ce qui a réussi pendant un petit moment. J'ai commencé à porter des lentilles (que je porte toujours aujourd'hui) à la place des lunettes car ça m'allait pas trop. J'étais devenu un peu celui qui se tapait beaucoup de délires. Cette année-là, je suis parti en Italie avec mon grand-père maternel qui est d'origine italienne et qui a toujours de la famille là-bas où j'ai fait la connaissance d'un cousin un peu éloigné qui avait 17 ans à cette époque. Il m'a fait rencontrer ses amis avec qui je me suis vraiment bien marré. Je sortais chaque soir avec eux. Les meilleurs vacances en Italie. Je suis parti après en voyage organisé pour jeunes en Croatie où je me suis fait aussi des amis qui venaient de la même région que moi en Belgique. Désormais, j'ai malheureusement perdu presque la totalité de ces contacts à part mon cousin d'Italie mais il m'a promis qu'on irait avec ses amis ressortir ensemble cette année en été.
A ma 4e secondaire, j'ai fait une rechute psychologique. Avec ma volonté de "m'extravertir", j'avais ouvert les portes des mes refoulements qui dataient du décès de mon père. Un retour en arrière et au deuil donc. J'ai même fait de l'hypocondrie où j'avais pris peur de tomber malade comme lui. Mais avec ça, j'ai pris conscience que je ne pouvais pas toujours refouler mes problèmes et passer au-dessus comme ça. J'ai compris seulement cette année-là que je devais régler ce problème. Je me suis mis à faire du vélo, plus particulièrement du vélo extrême, grâce à quelqu'un du groupe de théâtre avec qui je suis devenu ami. Cette personne m'a d'ailleurs beaucoup aidé, même sans s'en rendre compte et je lui en dois beaucoup. En fait, c'est un peu la seule qui m'ait vraiment aidé puisque mon entourage ne s'était pas inquiété au décès de mon père et ne remarquait donc plus rien d'anormal, des "problèmes d'adolescents" comme ils disaient et comme ils disent toujours aujourd'hui (et pourtant, il y a des signes...). J'ai aussi voulu me faire me soutenir psychologiquement en allant d'abord chez une naturopathe chez qui je vais toujours et chez un psy. Cependant, avec ce psy, ça s'est mal passé. Il ne m'a pas du tout aidé, pensant que je ne voulais pas me bouger alors que c'était totalement faux. Le problème était qu'il ne me suivait pas. Ses petits exercices contre la timidité ne servaient à rien du tout. Alors se croyant sûrement supérieur, il a trouvé une excuse. Je l'ai donc quitté.
Je voulais et veux juste qu'on reconnaisse que j'ai souffert, que je souffrais et que je souffre. Que j'ai donné beaucoup de mon courage et de mon énergie pour garder la tête et ne pas sombrer dans la dépression ou autre chose. Je me bats encore à l'heure actuelle pour cette reconnaissance.
La 5e secondaire a commencé aussi plutôt mal mais aujourd'hui, il faut bien avouer que ça va mieux. Je me sens déjà plus à l'aise mais je sais que ce n'est pas fini. J'ai toujours des périodes où je me sens plus triste et où ça va moins bien comme ça a été le cas pour mes examens de noël malheureusement (j'ai eu plusieurs échecs à la surprise de ma mère ignorante alors que je suis plutôt quelqu'un qui travaille bien à l'école).
M'en voilà aujourd'hui. Quand j'ai parfois des idées suicidaires ou quand je suis mal, je repense à tout ce que j'ai pu faire. Le paradoxe à ceci est que je me sens encore plus proche de mon père aujourd'hui que ça ne l'a été quand il était vivant. Probablement parce que je suis peut-être en train de vivre ce que mon père a vécu avec la mort de ses parents ce qui a sûrement dû être pire. Et puis, je lui ressemble tellement que je pourrais être un deuxième "lui".
Je crois qu'avec ce genre de deuil, on ne guérit pas vraiment. On apprend à vivre avec ça ce qui n'est pas une mauvaise chose. Pour moi, quelqu'un d'endeuillé (quand on peut dire qu'il va bien) va avoir plus d'énergie, va réaliser plus de choses, va rebondir plus facilement que les autres voire même passser au-dessus à des petits problèmes quotidiens.
Je ne sais pas si des gens auront lu mon post. Si tel est le cas, je les en remercie