Bonsoir Isadeline,
je te réécris comme promis...
mon papa est décédé brutalement, on l'a retrouvé mort chez lui, seul..................j
nous devions nous revoir mais la vie en a décidé autrement! je suis encore sous le choc, j'ai l'impression que tout cela n'est pas vrai, que c'est surréaliste..............
tout mon passé me revient, ma vie de petite-fille, de jeune-femme, de femme etc..les joies, les peines... j'ai aussi de la culpabilité et certains remords.
j'ai vécu de nombreux décès (grand-mère, amis etc..) mais là c'est tout à fait différend, cela me touche au plus profond de moi, comme une partie de moi qui s'en va.............
mes convictions et croyances s'ébranlent, moi qui croyait en la vie après la mort je ne sais plus si j'y crois etc........
Moi j'ai 42 ans, bientôt 43 et des jumeaux de 5 ans et demi (un garçon/une fille) et nous vivons chez mes parents qui étaient restés mariés aussi mais qui vivaient depuis plus de 15 ans de manière séparée dans la maison...ma maman est malade, elle a un cancer de la moelle osseuse. Mon papa se trouvait seul dans notre maison de campagne quand le probable infarctus s'est produit, je l'appelais tous les deux ou 3 jours après avoir récupéré mes enfants à l'école l'après-midi, le mercredi 24 octobre (le jour où il est mort donc cela fait exactement 4 mois aujourd'hui dimanche!), j'ai appelé plus tard que d'habitude car la journée avait été tendue, on attendait un rdv de l'hopital pour une ponction de moelle osseuse, un genre d'examen que ma maman redoute toujours énormément...le téléphone a sonné dans le vide mais je ne me suis pas trop inquiétée car il n'y a pas de réseau là-bas et il fallait que mon père aille sur le pas de la porte, quasiment dehors pour qu'on puisse se joindre sur nos portables. Le lendemain soir, rebelote et là l'angoisse a augmenté pendent 2h jusqu'à ce coup de fil fatidique de mon oncle où j'ai cru devenir folle!!! le médecin dépéché auprès de lui a estimé le décès à la veille au soir vers 19h, ce qui signifie que j'ai probablement "loupé" mon papa à quelques minutes près...je l'avais eu au téléphone le mardi soir, c'est lui qui m'avait appelée ce coup là et je m'étais effondrée au téléphone parce la vie avec ma maman est très dure à cause de tout l'angoisse qu'elle a et le stress qu'elle véhicule et que j'étais complètement épuisée, voilà la dernière fois qu'il m'aura entendue cela aura été des pleurs et de savoir à quel point j'étais mal...
En ce qui me concerne, le choc a été terrible et pendant 15 jours j'avais constamment des flashs de cette soirée où j'ai appris l'affreuse nouvelle ne cessant de la revivre. ET la période de déni a duré plusieurs semaines. Bien que j'ai vu mon papa dans la chambre funéraire (j'y suis allée plusieurs jours de suite), bien que j'ai vu le cercueil fermé, bien que j'ai activement participé à la cérémonie d'adieu à l'église, malgré l'enterrement, après tout cela je n'arrivait toujours pas à y croire!!! Le pire je crois cela a été une fois que nous sommes rentrés chez nous (on habite à côté de Grenoble), au moment où on a retrouvé notre quotidien car j'avais des réflexes très forts comme d'aller dans sa chambre pour lui raconter des choses et d'autres à propos de mes enfants qu'il adorait et qui étaient devenus l'émerveillement de sa vie. Je me souviens aussi du jour où j'ai appelé un psy pour qu'il me prenne en urgence, je me revois expliquer au médecin pourquoi j'ai besoin de lui, lui disant calmement que je viens de perdre brûtalement mon papa et sortir de la pièce contente de ma démarche et que le médecin puisse me prendre rapidement, et là réflexe, je me dirige vers la chambre de mon père pour le lui dire, pour me confier à lui et là cela vraiment été ATROCE de réellement prendre conscience que jamais plus je ne le verrai, que jamais plus je ne pourrai le prendre dans mes bras ni le toucher!!!(Nous étions affectivement très proches et nous occupions beaucoup l'un de l'autre...)
Moi également j'avais déjà vécu plusieurs deuils, le décès de mes grand-mères m'avaient été particulièrement douloureux, il y avait eu aussi le décès de mon parrain (un frère de mon père) tué dans un accident de voiture et puis aussi le décès d'un ami de mes parents d'un cancer expéditif du pancréas, enfin le dernier en date, peut-être le pire finalement celui de ma tante adorée en 2004 au bout d'un an de lutte contre un cancer des ovaires...Mais pour mon papa ça n'a rien à voir! Jamais j'aurais pu m'imaginer souffrir autant dans ma vie, pour moi maintenant il y a vraiment un AVANT et un APRES...
Moi aussi tout mon passé est remonté avec les souvenirs heureux de ma petite enfance, ceux beaucoup plus douloureux de notre adolescence où mes parents s'entredéchiraient et souffraient tous deux terriblement (j'ai passé des nuits d'insomnies à me rappeler à quel point on était isolés pendant ces 20 années là et à quel point sa famille et celle de ma maman ne nous a pas aidés, alors que mon papa avait 5 frères et 5 soeurs!!!)
, et puis le soutien de mon papa pour m'aider à faire le deuil d'un homme beaucoup plus âgé que moi et que j'aimais passionnément (il m'aura fallu 10 ans pour m'en détacher) et son soutien toujours dans ma quête pour devenir maman solo, en essayant d'adopter d'abord puis par un autre biais finalement, toute sa bienveillance et son affection redoublée surtout pour ma soeur et moi (mon frère est depuis longtemps très indépendant) ces 10 dernières années et son bonheur enfin d'être grand-père et de voir grandir mes jumeaux chaque jour auprès de lui, des petits dont il se sera occupés mieux qu'un papa n'aurait pu le faire...
La culpabilité je l'ai eue aussi très très fort, si malheureuse de ne pas avoir réussi au moment où cela était encore temps, à convaincre mon papa de se faire suivre médicalement, car s'il n'avait jamais rien eu, jamais d'alerte, on savait qu'une telle chose (une crise cardiaque) pouvait survenir à tout moment car mon papa mangeait mal (trop et trop gras), avait de l'obésité abdominale accentuée par la sédentarité depuis qu'il avait de grosses douleurs à une hanche et qu'il était quasiment handicapé pour marcher (avait de plus en plus de mal pour s'habiller seul) et surtout d'énormes pbs circulatoires au niveau des jambes!!! Mais rien à faire il ne voulait pas consulter!!! Cela restera un grand mystère: ne pas savoir pourquoi il était si dur par rapport à lui même, pourquoi il préfèrait souffrir ainsi physiquement tout en prenant un risque énorme pour sa vie! Je sais qu'il avait sans doute de gros pb psychologiques car il avait fait des crises de paranoïa, avait souvent menacé de se suicider et dans ses phases dépressives il disait qu'il ne se sentait pas aimé...tous ces souvenirs douloureux ou heureux s'entremélaient dans ma têtes et tous me faisaient souffrir!!! Maintenant je pense moins aux tristes souvenirs et j'essaie de m'accrocher au maximum aux choses positives que l'on a partagées, aux belles choses que l'on s'est dites...
mon père n'a jamais surmonté le départ de ma mère et l'aimait toujours envers et contre tout.......
entre temps, le compagnon de ma mère est décédé, mon père a essayé de se rapprocher de ma mère mais ils ont préféré garder des relations très amicales.
la nuit ou il est sûrement décédé -celle de jeudi à vendredi- j'ai été moi-même très malade, j'ai été prise de vomissements importants...avec un peu de recul je me dis que c'est sûrement arrivé en même temps que le décès de mon père...comme si mon corps avait réagit au départ de mon père, comme une prémonition ou alors il m'a fait comprendre qu'il partait....je ne sais pas! en tout cas j'ai eu un signe!! cela est étrange..........................
je crois en l'âme, je crois en plein de choses mais là je suis ébranlée et me pose mille questions 'et si l'au-delà n'existait pas..?" , j'aimerai aussi qu'il me fasse un signe de là-haut (souvent nous en parlions en fait..).
demain je reprends mon travail d'infirmière et je me dis que je n'ai pas assez pris soin de mon père !! je ne sais pas si je me le pardonnerai! voilà.........................
C'est vraiment bien qu'une amitié se soit finalement installée entre tes parents Isadeline

, même si ton papa certainement aurait préféré retrouver entièrement sa femme. Pour mon papa, cela a été très très dur quand ma maman a décidé de faire chambre part et de s'installer dans la maison loin de lui (attention je comprends que ma maman l'ait fait, on souffrait tous trop et cela a finalement été salutaire pour l'équilibre de tout le monde!) et je sais qu'il souffrait beaucoup car au fond de lui il continuait d'aimer ma maman mais il n'a jamais pu être en mesure de comprendre à quel point il s'y prenait mal pour ne pas dire autre chose, et il pensait qu'elle de son côté qu'elle ne l'aimait plus du tout (elle n'arrivait même plus à le regarder et lors des fêtes de famille s'installait le plus loin possible de lui) ce qui n'était pas du tout le cas (elle m'avait confié qu'elle avait toujours beaucoup de tendresse pour lui et d'ailleurs elle n'a jamais essayé de refaire sa vie). Quand mon papa est décédé, ma maman s'est effondrée aussi car sachant sa propre vie menacée (son cancer est de toute façon incurable) elle avait envie de se "réconcilier" avec mon père, au moins arriver à une relation calme et amicale ce qui n'était pas encore le cas malgré la naissance de mes enfants qui les faisaient tous deux grand-parents et qui en quelque sorte les avait quand même rapprochés...elle pensait le faire par le biais de leur compréhension scientifique mutuelle,( ils s'étaient rencontrés très jeunes et avaient fait ensemble leur Math sup et math spé au lycée du parc à Lyon, ma maman était agrégée de mathématiques et prof en lycée, mon papa ingénieur et maître de conférences en mécanique physique et mécanique des fluides à la fac donc tous deux enseignants...), elle pensait lui dire aussi qu'elle était contente parce qu'on formait à nouveau une belle famille de 5 avec mes enfants (avant avec mon frère et ma soeur et on était aussi une famille de 5), que mes petits n'avaient pas de papa mais un grand-père super donc qu'il avait une place importante pour chacun de nous quoi qu'il en dise...Cela n'a pas pu se faire...pourtant la maladie de ma maman était en train de nous rapprocher tous pour tenter de faire front, mon papa voulait tout savoir sur ce que disaient les analyses, sur ce que disait le cancérologue, sur les thérapeutiques envisagées (chimio, auto-greffe, allo-greffe...) et était très concerné contrairement à ce que pensait ma maman qui le sentait indifférent...c'était juste qu'ils se voyaient peu et ne savaient plus se parler, ne savaient plus comment communiquer...

( je suis très triste que cette réconcilliation n'ait pas pu se faire!
Les vomissements que tu as eu, je pense aussi que c'était un signe de la part de ton papa. J'ai lu plein de choses dernièrement sur les CALM (j'ai un lien internet si ça t'intéresse) = signes de Communication Au moment (ou Après) La Mort et ce que tu as ressenti s'y apparente beaucoup. Moi au moment du drame ma foi en Dieu n'était pas bien forte (disons plutôt que ma foi était bien émoussée depuis bien des années malgré une éducation religieuse catholique traditionnelle) et j'avais toujours eu bien du mal à croire à une autre vie après la mort...depuis j'ai fait un sacré bout de chemin en grande partie grâce aux témoignages de certains endeuillés sur ce forum qui m'ont conduit à lire et à me renseigner sur la survie de l'âme (à travers les "signes"mais aussi les expériences de mort éminente notamment celle très célèbre de Paméla Reynolds) sur la médiumnité et d'autres communications avec les défunts (TCI/écriture automatique) et maintenant je fais plus qu'espérer, je crois que nos disparus sont simplement passés dans une autre dimension qui nous est invisible mais qu'ils sont toujours proches de nous et tout ce que j'ai appris aurait plutôt tendance à renforcer ma foi en Dieu ce qui est plutôt bien je trouve, je me dis que ça ne peut que m'aider à traverser mon deuil...
