Bonsoir les internautes,

j'ai pensé vous écrire et vous demander conseil après ce long silence... En effet, c'est la première fois que j'ai envie de raconter mon histoire, notre histoire.

C'était un soir de septembre 2015, ma mère m'appelle et m'interdit de revoir mon père... pour le moment.

Pourquoi ??

Mon père étant bipolaire et refusant d'accepter sa maladie a franchi la ligne rouge... Il a agressé ma grand-mère. Il a frappé et menacé sa mère avec un couteau.

Ma mère me demande d'être prudente car il est en phase de folie et ne peut se contrôler.

Quand je raccroche, un cri me vient de l'intérieur et je hurle. Je suis en train de comprendre après tout ce temps que mon père est mort. En tout cas, le père que j'attendais depuis l'âge de 9 ans. Et j'ai 22 ans à ce moment-là. Comment peut-il me protéger et me respecter alors qu'il ne se protège pas lui-même ?? Comment peut-il encore être mon père alors qu'il n'est même plus fils ??

J'ai pleuré. Mes larmes étaient eau, colère et rage. J'ai pleuré pendant des jours, pendant des nuits. J'hurlais dans mes draps et mes dents mordaient les coussins.
Le choc a été si soudain alors que mes proches, ma mère pour commencer me disait depuis des années que mon père n'était plus lui-même et qu'il était malade. Je subissais ses critiques, ses reproches, ses insultes et ses humiliations.. sans vous parler de ses négligences.
De l'âge où mon père a quitté ma mère et la maison, c'est devenu un autre. Je l'ai jamais plu reconnu ni eu confiance en lui.

Un week-end sur deux et la moitié des vacances, c'était la peur et l'insécurité. Je l'aimais et j'ai longtemps voulu et essayé de le sauver.. Mais j'étais trop jeune et trop naïve pour voir et comprendre.

Mon père, mon amour de petite fille est mort ce soir-là.

Mais comment faire ?? Comment faire véritablement le deuil de ce père que l'on a toujours l'envie d'appeler au secours, de retrouver et d'entendre nous dire "Je t'aime ma fille. Je suis fière de toi!" ?? Comment pardonner ?? Comment accepter et vivre pour soi ??

Aujourd'hui... Je vogue... Je coule. Je n'ai plus goût à la vie et la seule chose qui me fait tenir, c'est que je sais que mon père a souvent fui en tentant de mettre fin à ses jours... alors non. Je ne veux pas lui ressembler et être égoïste à en oublier la peine que je pourrais faire à ma mère et à ma sœur .... Je ne suis pas comme lui.

Aujourd'hui, je n'arrive pas à m'apaiser. Je n'arrive pas lui "pardonner" le fait qu'il ne nous a jamais protégé ma sœur et moi. Je n'arrive pas à oublier ou du moins à soigner la plaie ouverte qui est en moi ... Je lui en veux. Je suis parfois en colère, triste, vide, écœurée, en manque et fatiguée de vivre ... ou de survivre.

Je vous raconte mon histoire mais qui sera peut-être la vôtre... Pour cette fois-ci recueillir vos histoires, vos conseils ou votre philosophie.

Je me confie à vous car qui de mieux que vous pour m'aider ?

Merci,
Frilou

très humblement je ne suis qu'une personne en deuil !
oui histoire très difficile
mais restant dans le vivant.
tu peux trouver de l'aide gratuite auprès d'un centre médico-psychologique il y en a dans les villes c'est gratuit.
En attendant tu peux juste penser aurais tu la même colère si ton père avait eu une maladie ou un accident le laissant handicapé au point de ne pouvoir pas assumer son rôle normalement
j'ai connu des personnes qui suite à un AVC très jeune n'avaient plus leurs capacités de se gérer et encore moins de gérer leurs rôle
tu es juste victime de sa maladie c'en est une.
Prends soin de toi et de ceux qui t'entourent avec amour la vie est si fragile !

Ma belle-fille est dans ton cas. Son père s' est évaporé dans la nature un beau jour après que sa mère ait demandé le divorce.  Plutôt que de commettre une folie (c' est juste mon point de vue sur le coup de folie en fait je n' en sais rien) il a carapaté au diable. Il a brutalement disparu, donc quitté tous les siens, y compris sa famille de sang, son travail, sa ville etc et.  Son épouse, ses enfants l' ont fait rechercher en vain durant une dizaine d' années. Il a été retrouvé mais étant adulte et libre de ses choix il a demandé à ce qu' on lui foute la paix, il ne voulait plus revoir qui que ce soit de son passé. Les années ont passé, ma belle-fille a 38 ans, mariée, 2 enfants, n' arrive pas à faire le deuil de son père. Un de ses deux frère y est arrivé, pas elle. L' autre frère n' en dit rien, on ne sait pas ce qu' il se passe dans sa tête mais vit normalement de l' extérieur. 

Avant de se marier ma belle fille que je vais nommer A a demandé à mon fils de l' emmener essayer de voir son père, tenter une approche car après des années de recherche, la famille a réussi à le localiser. A voulait présenter son futur mari à son père, car dans sa tête c' était et c' est toujours son père. Mon fils se tenait sur ses gardes, prêt à intervenir des fois qu' un geste violent se préparerait. Quand le père a vu sa fille, il l' a forcément reconnue. Bonjour madame lui a-t-il dit sèchement. Mais papa c' est moi A, je suis ta fille etc  Je ne veux plus vous voir, allez, dégagez de ma vue et il s' est enfui.  Il a ainsi confirmé qu' il ne voulait plus voir ses enfants. Mon fils a demandé à A de tirer un trait définitif sur ce passé mais elle n' y arrive pas. Depuis donc 15 ans, elle souffre en silence, elle broie du noir, est facilement sur les nerfs, aime ses filles mais a du mal à assumer sa maternité. Je l' aide tant que je peux, elle devrait faire une psychanalyse mais elle semble réticente, sa mère l' étouffe plus qu' elle ne lui rend service et la juge ce qu' il ne faut pas faire en plus cette méchante femme déteste mon fils qui n' a pourtant que des qualités. C' est une psychopathe qui n' est pas irréprochable dans le résultat du couple et de ce que son ex mari est devenu, elle joue la victime mais c' est une manipulatrice aigrie car elle finit ses jours seule, malheureuse et ruinée. Mais c' est son choix à elle  qu' elle fait peser sur ses enfants.

Voilà, je pense que la situation pourrie que tu connais est la plus dure qui soit donnée de vivre pour un enfant. Si ton père était mort, la situation serait claire même si très difficile à vivre. Là c' est pire, il est vivant mais il n' est plus le père que tu as connu, comme ma belle fille, il est en vie, tout pourrait redevenir possible et pourtant c' est impossible, l' irréversibilité a frappé.  Tu as un double deuil à franchir, le deuil de sa personnalité et le deuil de son existence,  ça fait beaucoup en effet car en plus un jour il décèdera définitivement. Bon courage, tiens bon, prends soin de toi, tu n' y es pour rien, ne culpabilise pas, on ne peut pas tout gérer ni tout comprendre de ce qui se passe dans le cerveau et dans le corps des autres, mais soigne-toi au mieux de tes intérêts, tu le mérites, tu es aimante, douce, tu dois veiller sur toi maintenant. Bisous du sud.