maman,
aujourd'hui, encore plus que d'habitude tu ma manques.... j'emprunte alors a Serge Lama des paroles qui me collent à la peau "je suis seule sans toi, je suis laide sans toi, comme un orphelin dans un dortoir.... " La suite c'est quoi? j'espère encore que tout n'est pas définitif.... est-ce que je suis folle? probablement...parce qu'au fond de moi, je sais bien que s'il existe quelque chose d'irréversible c'est bien cette putain de mort, ce putain de drame qui m'a marquée au fer rouge... La douleur, le chagrin, le vide, le manque.... fini l'anesthésie des premiers temps, tout me frappe en pleine gueule.... et toujours cette colère sourde, sournoise, qui ne veut ou ne peut s'extérioriser.... Pourquoi je n'arrive pas à hurler à la mort? J'en ai pourtant tellement besoin. Aujourd'hui il reste les mots, qui sûrement ne servent à rien si ce n'est te dire à quel point je t'aime encore.... Et je perds le sens de la vie, je ne comprend plus à quoi ça sert, je ne sais pas comment retrouver le goût, le sommeil, l'envie d'avoir envie.... Je m'enfonce dans la mélasse du drame, on me crie que je ne suis pas constructive, que je me complais.... Même pas deux mois.... Comment peut-on penser cela? que quelques semaines suffisent pour avancer à nouveau, suffisent à effacer la douleur qui me meurtrie, suffisent à me sentir apaisée alors que ton absence ronge ma chair et mon coeur? J'essaye pourtant maman, j'essaye pour toi, pour que tu sois fière... Mais moi, biologiste dans l'âme, n'arrive pas à croire à tout ça.... Toutes ces conneries sur l'âme et l'après.... Toutes ces belles paroles sur les anges.... On n'est qu'un tas de cellules et quand ca ne fonctionne plus c'est comme un circuit électrique HS... il ne se passe plus rien.... Malgré tout j'ai du respect pour ta mémoire et ta volonté de vivre alors je m'accroche... Tu m'as mise au monde en espérant ce qu'il y avait de mieux pour moi.... Tu as fais un faux-pas dans cette destinée en t'en allant si tôt, en me laissant, ici, pas prête, si jeune et encore au moins 40 ans à vivre sans toi.... mais je vais m'accrocher....Les derniers mots que je t'ai dit restent gravés pour toujours "tu peux partir maman, je serais forte, arrête de lutter et va-t-en sereine".... Je ne le pensais pas, et pire, je m'en veux parce qu'après ces mots, plus un souffle, plus un semblant de vie.... Mais je les garde en moi comme ma dernière promesse... Alors oui, maman, je serais forte.... comme tu le disais souvent, je t'aime plus que ma vie....