Bonjour,
Je suis nouvelle sur le forum, d'abord merci au site et au forum, à vous tou-te-s, ça m'a beaucoup aidé depuis deux mois. Mon amoureux est parti brutalement le 7 juin, il s'est levé le matin, a pris sa douche, et s'est effondré dans la salle de bain, ses colocataires n'ont rien pu faire, il était déjà mort quand ils l'ont retrouvé. Et aujourd'hui encore on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, sans doute une embolie pulmonaire foudroyante, ou un arrêt cardiaque brutal. Il n'avait que 33 ans, il était en parfaite santé, aucun signe avant-coureur. Moi j'ai 25 ans, nous n'étions pas ensemble depuis très longtemps, mais c'était la rencontre que j'attendais depuis plusieurs années, le genre de rencontre où on sait quand elle arrive qu'elle marquera sa vie (et encore plus maintenant...), une histoire d'amour qui commençait si bien, tellement sincère et tendre, tellement belle, tellement prometteuse... Sa mort est tellement brutale, absurde, inattendue, le choc a été si violent...
Maintenant ça fait deux mois, c'est long et court à la fois...
Je veux surtout parler des émotions que l'on traverse pendant le deuil. Je pense que par rapport à d'autres personnes j'ai la chance de ne ressentir ni colère ni culpabilité, seulement une tristesse infinie, un manque profond, l'incompréhension.
Mais mes émotions sont très instables, comme un ascenseur, ça monte et ça descend, sans savoir pourquoi. D'une heure à l'autre, ou d'une journée à l'autre, ce que je ressens varie beaucoup. Par moments l'idée même de sa mort, du fait qu'il n'est plus là, que je ne le reverrai plus jamais, est insupportable, impensable, et je n'arrive pas à y croire, même après deux mois; et puis le lendemain j'arrive presque à y penser sereinement, à l'accepter, et ça ne provoque plus des torrents de larmes, seulement quelques larmes silencieuses.
Il y a des jours où je me demande comment j'arrive à tenir debout, où je n'ai qu'une envie c'est de me terrer dans un coin, de crier ma souffrance et d'attendre que ça passe, et d'autres jours où le poids est plus léger, où j'arrive à vivre, où je n'ai pas les larmes au bord des yeux en permanence. Il y a des jours où j'arrive à envisager l'avenir, et d'autres où je me dis que la vie n'a plus aucune raison d'être vécue car c'est trop absurde et trop de souffrance.
Aujourd'hui ça va à peu près (sinon je ne pourrais pas écrire ce message), je sens les rayons du soleil et ça me donne envie de continuer; mais avant-hier je ne pouvais penser qu'au fait que lui ne sentirait plus jamais le soleil sur sa peau et cette idée était tellement douloureuse.
J'ai l'impression d'être secouée dans un ascenseur qui monte et qui descend, quand il monte j'ai l'impression que j'ai avancé, qu'il ne redescendra plus aussi bas; mais finalement ça finit par redescendre aussi violemment ou plus violemment qu'avant, sans que je m'y attende. C'est tellement déroutant...
Alors je me demande si toutes les personnes en deuil le vivent de cette façon? Est-ce que pour vous aussi c'est comme ça? est-ce que ces variations s'estompent avec le temps?
Et comment ça se passe avec votre entourage?
J'ai l'impression que mes proches pensent que si j'ai une journée (ou une semaine) qui se passe pas trop mal, ça veut dire que tout va mieux, que la tristesse diminue, et du coup ils ne voient pas ou ne comprennent pas les moments où ma douleur est un gouffre sans fond, et à ce moment-là je n'arrive pas à en parler et je ne comprends pas qu'ils ne voient pas que je vais mal.
Merci, ça aide vraiment de lire d'autres témoignages, sinon on a l'impression de devenir fou tellement ces émotions et cette douleur sont fortes, nouvelles et inconnues.
Marie