Auteur Sujet: "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte  (Lu 6745 fois)

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Hors ligne croche0931

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"sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« le: 05 juillet 2018 à 14:42:02 »
Bonjour à tous,
Je ne sais pas si je suis au bon endroit, car c'est la première fois que j'écris sur un forum.
Voila, je vous explique ma situation: je m'appelle Sarah et j'ai 22 ans.
Mon papa est décédé le 7 juin 2018, à l'âge de 55 ans. Le dimanche 3 juin, mon père a fait un arrêt pulmonaire puis cardiaque, du fait de gros soucis pulmonaires qu'il ne pensait pas aussi graves (en gros, il ne s'est pas soigné comme il faut et selon son médecin traitant, il aurai du être sous oxygène depuis des années). Le SAMU a réussi à faire repartir son coeur, mais le temps sans oxygénation était estimé entre 13-15 minutes, ce qui peut causer beaucoup de dégâts, au  niveau du cerveau. Il a été envoyé dans un CHU en service de réanimation, mais il ne se réveillait pas. Je me suis rendue à son chevet, il n'arrêtait pas d'avoir les yeux qui pleuraient, de bouger les yeux et d'avoir des réflexes avec sa main, mais ne se réveillait pas. Les médecins nous ont pris (mon frère, ma mère et ma belle mère) à part pour nous expliquer la situation: du fait d'un trop grand moment sans oxygénation du cerveau, ce dernier était surement endommagé, d'où le fait que mon père ne se réveillait pas. Nous avons du attendre le mercredi pour qu'il puisse enfin faire un scanner du cerveau (mon père toujours pas réveillé), pour nous expliquer qu'il était en mort cérébrale. Les médecins nous ont expliqué la suite des événements: soit le cerveau de mon père lâchait complètement et ses poumons s'arrêtaient de fonctionner, soit nous choisissions d'un moment, le lendemain (le jeudi 7 juin), pour que les médecin l'extubent et qu'il puisse partir avec nous autour,  puisqu'il n'avait aucune autonomie respiratoire (la partie du cerveau respiratoire étant touchée). Nous avons donc décidé (ma famille et ma belle mère), de l'organiser le jeudi après-midi, et il est parti le jeudi à 15h02.
Suite à cela, et étant de confession musulmane, mon père a été enterré dans les 24 heures. J'ai très mal vécu cet enterrement car les femmes ne sont pas admises près du cercueil et lors de la mise en terre, du fait qu'elles doivent se tenir à 20-50 m derrière les hommes.
J'ai repris mes études 10 jours après son décès, afin de ne pas m'éloigner trop de la "vie normale". Aujourd'hui, cela va bientôt faire un mois et je ne sais plus où j'habite. il me manque terriblement. Pourtant, il y a des moments où tout va bien, je rigole, je sourie, mais à d'autres moments, je ne me sens pas bien, comme si j'avais reçu un coup de poignard dans l'estomac. J'ai juste l'impression qu'il va resurgir dans ma vie, à un moment, et me dire qu'il est là et pas mort. J'aimerais avoir des croyances, croire que "de la haut, il veille sur moi", sauf que je suis totalement hermétique à ça.
J'aimerais tellement lui dire que je l'aime et qu'il me manque..
J'ai tellement de question quant à ma construction personnelle: comment je vais faire pour grandir sans lui etc..
Je me trouve bien égoïste dans ces moments-là.
Du coup, je cherchais à discuter de ma situation avec des personnes qui sont passées par là, afin de cheminer vers le deuil...

Bien à vous,

Sarah

Hors ligne qiguan

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Hors ligne Bmylove

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Re : "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« Réponse #2 le: 08 juillet 2018 à 08:53:40 »
Bienvenue Sarah.
Je ne suis pas dans la même situation que toi, mais je tiens à t'envoyer du réconfort en cette période si difficile.
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Hors ligne Nat82

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Re : "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« Réponse #3 le: 09 juillet 2018 à 20:15:08 »
Bonsoir Sarah,
Même si je n'ai pas le même âge que toi, je peux te dire : du plus profond de mon coeur, je te comprends...
J'aurai 50 ans dans un mois et ma douce Maman, mon adorable Maman est morte, le 30 décembre des suites d'un cancer. Elle était notre rayon des soleil, le pilier de notre grande famille, ma petite Maman.
Je ne suis plus sous le choc des premiers mois, comme tu dois l'être, je ne pleure plus tous les jours... mais le coup de poignard dont tu parles, je le ressens toujours à certains moments. Lorsque je trouve que la vie est belle et que mon cerveau me rappelle qu'elle n'est plus là, que je ne la reverrai plus jamais ou même qu'elle ne m'appellera plus au téléphone ... j'ai l'impression d'étouffer.
Elle me manque chaque jour terriblement mais je sens que la vie reprend ses droits, que j'arrive un peu à maîtriser cette souffrance.
Les premiers mois, je me posais beaucoup de questions sur la prise en charge de son cancer, sur sa fin de vie car elle est morte chez moi en 5 semaines mais je suis heureusement passée à autre chose. J'essaie juste de reprendre le cours de ma vie... sans elle. C'est vrai que c'est difficile mais tu verras, tu y arriveras.
Tu n'es pas égoïste. La mort de ses parents est un véritable traumatisme et avant de connaître cette immense perte, je ne pensais pas que cela était aussi difficile à surmonter.
Puisque tu es étudiante, tu peux peut être profiter de tes vacances pour prendre le temps de te poser et de vivre pleinement ton deuil. Je pense qu'il est nécessaire de passer par là pour réussir à continuer sa vie.
Justement tu as toute ta vie devant toi et tu n'as plus ton papa. Je ne te connais pas et pourtant j'ai de la peine pour toi mais je suis certaine que tu trouveras des solutions. Tu as ta famille, tes amis, même si parfois, tu as l'impression qu'ils ne ressentent pas la même peine que toi.
Tu vas faire des rencontres, avoir des enfants, vivre de belles choses et ton papa sera toujours, toujours avec toi.
Dans tes souvenirs, dans ton éducation, dans l'amour qu'il t'a donné.
C'est une période noire mais un jour, nous retrouverons le bonheur. Pour eux, car c'est ce qu'ils souhaiteraient. J'ai moi même une fille de 17 ans et un fils de 21 ans et si je venais à mourir, je ne supporterais pas l'idée qu'ils ne puissent pas faire leur deuil, qu'ils ne soient pas heureux. J'aimerais simplement qu'ils continuent de penser à moi, que je sois dans leurs conversations, dans la transmission de mes valeurs et de mon amour. Ne crois tu pas que ton papa aimerait cela, lui aussi ?
Un mois, c'est tellement récent, tiens bon...
Je te souhaite beaucoup de courage et j'espère t'avoir un peu apaisé.
Tu peux me contacter pour parler si tu le désires.

Hors ligne marie-huguette

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Re : "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« Réponse #4 le: 22 novembre 2018 à 14:40:07 »
Bonjour Nat82,

 J'ai lu votre réponse à Sarah  et je l'ai trouvée très juste en ce qui concerne les émotions, et les sensations qui nous assaillent après ce terrible moment. En ce qui me concerne, j'ai eu la douleur de perdre ma maman le 2 août dernier. elle avait 99 ans et demi et je la voyais encore m'accompagner quelque temps sur le difficile chemin de ll'existence; Une importante infection pulmonaire  dans un contexte d'affaiblissement général dû à de nombreux petits soucis de santé en ce début d'année ,ont eu raison de sa résistance; ma soeur et moi ne nous y attendions pas même si nous étions bien conscient qu'il faudrait que ça arrive un jour ou l'autre. Je reprends vos mots: "je ne suis plus sous le choc des premiers mois, comme tu dois l'être, je ne pleure plus tous les jours... mais le coup de poignard dont tu parles, je le ressens toujours à certains moments. Lorsque je trouve que la vie est belle et que mon cerveau me rappelle qu'elle n'est plus là, que je ne la reverrai plus jamais ou même qu'elle ne m'appellera plus au téléphone ... j'ai l'impression d'étouffer."
c'est bien comme cela que les choses se passent pour moi.  Après le départ de ma maman, j'ai cherché à mettre des mots sur ce que je ressentais: le livre du docteur Fauré m'a aidé en cela ainsi que des échanges avec ma soeur et quelques amis. Entre parenthèses, c'est toujours délicat, d'aborder le sujet avec ses amis tant que ce ne sont pas eux qui prennent l'initiative courageuse de nous en parler.
Voilà bientôt quatre mois que ma maman est partie et comme vous le dites, les pleurs ne sont p

Hors ligne marie-huguette

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Re : "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« Réponse #5 le: 22 novembre 2018 à 15:36:59 »
Bonjour Nat82,

 J'ai lu votre réponse à Sarah  et je l'ai trouvée très juste en ce qui concerne les émotions, et les sensations qui nous assaillent après ce terrible moment. En ce qui me concerne, j'ai eu la douleur de perdre ma maman le 2 août dernier. elle avait 99 ans et demi et je la voyais encore m'accompagner quelque temps sur le difficile chemin de ll'existence; Une importante infection pulmonaire  dans un contexte d'affaiblissement général dû à de nombreux petits soucis de santé en ce début d'année ,ont eu raison de sa résistance. Ma soeur et moi ne nous y attendions pas, même si nous étions bien conscient qu'il faudrait que ça arrive un jour ou l'autre. Je reprends vos mots: "je ne suis plus sous le choc des premiers mois, comme tu dois l'être, je ne pleure plus tous les jours... mais le coup de poignard dont tu parles, je le ressens toujours à certains moments. Lorsque je trouve que la vie est belle et que mon cerveau me rappelle qu'elle n'est plus là, que je ne la reverrai plus jamais ou même qu'elle ne m'appellera plus au téléphone ... j'ai l'impression d'étouffer[i[/i]."
c'est bien comme cela que les choses se passent pour moi.  Après le départ de ma maman, j'ai cherché à mettre des mots sur ce que je ressentais: le livre du docteur Fauré m'a aidé en cela ainsi que des échanges avec ma soeur et quelques amis. Entre parenthèses, c'est toujours délicat, d'aborder le sujet avec ses amis tant que ce ne sont pas eux qui prennent l'initiative courageuse de nous en parler.
Voilà bientôt quatre mois que ma maman est partie et comme vous le dites, il m'arrive de rester quelques jours sans pleurer, même si les larmes, comme on le sait permettent d'évacuer un trop-plein d'émotions. Le plus terrible, et vous  l'exprimez très bien, ce sont les moments où l'on prend conscience que l'on ne reverra pas celui ou celle qui est partie: c'est une sorte de sentiment de panique marqué par cette impression d'étouffer.
Comme cela est indiqué dans le livre du Docteur Fauré, Il va falloir prendre le temps de se détacher de ce que la personne était dans notre vie réelle pour l'intégrer dans notre être propre. Cette personne continue à vivre à travers nous, de part ce qu'elle nous a génétiquement transmis mais aussi par tout ces moments vécus avec elle et leur rappel parfois inopiné.
J'ai bien compris, je crois, que "faire son deuil" comme le dit cette expression que je trouve peu appropriée, c'est apprendre à vivre avec l'absence de l'être disparu, en lui laissant toute la place qu'il mérite malgré son absence.
Bravo encore et merci pour les belles lignes pleines d'empathie que vous avez écrites.
Daniel

Hors ligne Olaria

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Re : "sur"vivre à la mort d'un parent quand on devient adulte
« Réponse #6 le: 28 novembre 2018 à 01:47:52 »
Bonjour Sarah.
A 25 ans j'ai vécu la même situation que toi. Et je me retrouve énormément dans tes paroles (Ressentis, Fait de reprendre ses études rapidement).
Pour autant je suis persuadée qu'il veille sur moi et n'hésite pas à me mettre devant mon miroir et parler à mon papa.
Tu n'es pas égoïste tu veux juste ton papa comme beaucoup de monde.
Tellement difficile de se dire que la vie englobe aussi la mort un jour ....
Je connais aussi ce côté triste puis joyeux (même si je rigole rarement et qu'entendre les autres être "trop joyeux" me déprime).
Je t'apporte tout mon soutien (même s'il n'est que virtuel).

Michèle.