Bonsoir,
Merci à tous de vos messages.
J'y lis beaucoup d'humanité, mélange de tendresse, de compréhension, d'amour aussi ...
Nos petits instants de "mieux", de force, sont comme de petits ruisseaux qui se rejoignent en un grand fleuve ...
Nos peines, nos douleurs, souffrances insoutenables, se "marient" aussi. Comme une immense blessure sans limite qui, pourtant, ensemble, s'estompent quelque peu.
Yohann, je revis aussi les derniers jours, et surtout le dernier , le moment le plus incompréhensible qui m'a paralysée  , quand mon mari était tellement agité ... n'a pu dire qu'une chose : qu'il voulait partir (il n'a pas arrêté de me demander de lui mettre ses chaussures et de se mouvoir au prix d'efforts surhumains pour se lever  ) ... Et quand l'infirmière lui a demandé pourquoi faire. Il a répondu "pour aller à l'hôpital" ... Et je n'ai pas "tilté". Ni l'infirmière ni le médecin ne m'ont alertée (JL était en soins palliatifs) ... Et je suis partie ... Nuit sans sommeil. Je n'ai appris que le lendemain matin que JL était parti en pleine nuit ... Pas d'appels de l'équipe "soignante" entre 23h30 et 03h25 ! Que de colère en moi ! Puis que de culpabilité !  Un peu appaisée aujourd'hui. Mais je ne fais que revivre ces derniers moments ...
Il n'y a pas un cas plus facile que l'autre. Il 'n y a aucune comparaison possible entre nos "expériences". Elles sont toutes violentes et nous anéantissent. Il me semble certain que nous serons toujours nous-mêmes, mais différents.
Aussi fugaces soient-ils, j'essaie de me persuader que ces petits moments de mieux, de répit, sont de bons signes.
J'ai commencé à écrire. Journal au jour le jour de ce que je vis, de ce que je ressens, de ce que veux lui dire, encore et encore. ça calme un peu ...
Mais même si la plaie cicatrise car c'est "naturel", ce n'est pas si simple.
Je voudrais partager avec vous une pensée :
Le murmure est plus dense que le cri ; l'érosion plus émouvante que la pierre ; la cicatrice plus violente que la plaie. Il manque le temps aux seconds.
Peu de personnes comprennent ... Autres que vous ! 

Bien tendrement

Angela