Bonjour Marie,
je suis arrivée sur ce forum en décembre, 6 mois après le décès de mon mari, je n'écris pas très souvent mais je viens lire presque tous les jours les témoignages de ces inconnus que je connais maintenant si bien. Cela m'a permis (me permet toujours) de me sentir "normale" et d'accepter ce décalage dont tu parles et dont nous souffrons tous.
Pour ma part, chaque fois que je vis un moment de "presque bonheur" (une réunion familiale ou amicale, un spectacle, un beau paysage, ...), le manque, l'absence se font d'un seul coup plus présents, ils m'envahissent, il m'arrive souvent d'être obligée de m'isoler quelques instants pour "me ressaisir" et ne pas plomber l'ambiance ...
Le pire est sans doute lorsque je garde notre petit fils de 2 ans et demi ; chaque progrès de ce petit bonhomme que son papy adorait me fait monter les larmes, comment accepter que jamais plus il ne pourra le voir grandir ?
"comment continuer à vivre avec lui et sans lui", c'est la question que tu poses et qui m'interroges aussi.
Patrick est omniprésent dans mes pensées, comme s'il habitait en moi, je sens à la fois sa présence et son absence, j'entends ses paroles réconfortantes quand je m'affole, et il m'arrive souvent de me dire à haute voix ses expressions favorites. Je parle de lui souvent et avec tout le monde, j'évoque nos bons souvenirs communs avec lui..
Moi, je m'assois pour manger, mais je me rends compte que je reproduis nos repas d'avant, je soliloque intérieurement sur l'actualité, ma journée, etc. en regardant sa chaise et j'ai l'impression de sentir sa présence, d'entendre ses commentaires, pourtant je n'ai aucun espoir sur une quelconque "vie" après la mort ... Il m'arrive de penser que si l'on me voyait, on me prendrait pour une folle !
Je crois que chacun d'entre nous fait comme il peut pour justement ne pas devenir fou et que doucement, peut-être même très très doucement, nous arriverons à refaire partie du monde des "vivants", mais la route est longue et nous n'en sommes qu'au début !
amitiés à tous
Marie