Bonjour
C'est en cherchant sur le net concernant le deuil de son conjoint que je suis tombé sur ce forum.
J'ai perdu mon épouse, le 7 décembre dernier, elle mourait en ma présence dans cette chambre de l'hôpital de Tenon qui est situé -à Paris dans le 20è. Atteinte d'un cancer du poumon découvert le 13 mars 2019, 9 mois plus tard malgré tant d'espoirs, j'enterrais mon épouse le 13 décembre soit 9 mois après avoir découvert sa maladie.
On ne s'y attendait pas bien entendu, on n'aurait jamais imaginé le pire, on avait confiance en la médecine.
Quand nous avons rencontré pour la première fois l'oncologie qui allait la suivre, (je l'ai su après sa mort), l'oncologue savait qu'elle en avant à peine pour un an. Nous avons passé un merveilleux été dans notre maison que nous avions acheté en octobre 2018. Elle a été très courageuse, bien plus que moi je l'aurai été. Elle n'est jamais venu pleurer dans mes bras en me disant je ne veux pas mourir car nous y avons cru à une possibilité de guérison. Hélas, touchée depuis des années par une BPCO, elle ne pouvait être opérée. Les chimios se sont succédées jusqu'au 5 novembre date où elle a du être hospitalisée car les douleurs étaient devenues insupportables. Quand elle a été hospitalisée, le service savait également qu'elle allait mourir et ils ont trouvé qu'elle avait tenu plus longtemps que prévu. Le médecin anti douleur m'avait arrêté à partir du 22 novembre pour que je reste à ses côtés. J'ai eu le droit à un lit dans sa chambre d'hôpital et je suis resté avec elle jusqu'à cet ultime moment où la maladie a fait son office. La veille de faire son AVC, sans doute dû à la morphine, elle m'avait dit qu'elle allait partir, que je devrai m'occuper de nos deux enfants et de nos deux petits enfants et que j'allais vivre longtemps et heureux et que nous penserions à elle en souriant. Je me suis mis à pleurer devant elle, elle m'a dit dit sur un ton sévère "ah non tu ne vas pas commencer à pleurer". Le lendemain matin, après avoir passé une nuit très difficile à cause de l'oxygène qui lui faisait saigner le nez, à 7 heures du matin, je l'ai vu essayer de se lever, pousser un gémissent en me regardant et sa tête est tombée sur le côté. Elle est décédée officiellement le samedi 7 décembre à 22 h. J'étais là à ses côtés,. Son décès mettait fin à 35 ans de vie commune emplie de bonheur.
Depuis, je vois un psychologue tous les 15 jours, depuis je pleure tous les jours, cela arrive soudainement, le souvenir, les photos, tout me fait pleurer.
Cela fera 4 mois le 7 avril prochain et inutile de vous dire qu'avec ce confinement, c'est plus difficile. J'ai repris mon travail le 25 janvier, je suis bien entouré, par mes enfants, sa mère, quelques proches, mais depuis presque 4 mois certaines personnes que nous fréquentions m'ont laissé tomber. Pourquoi je n'en sais rien, je ne cherche pas à comprendre.
J'ai lu et écouté que le processus prenait du temps, qu'il fallait laisser ses émotions l'emporter mais c'est si difficile.
J'ai fêté mes 60 ans sans elle, mon premier anniversaire sans elle. Je ne sais pas comment je fais pour tenir.
Certes mes enfants qui ont 25 et 30 ans, sont présents mais mon Dieu que c'est difficile.
Elle a voulu être enterrée et nous avions parlé ensemble que si le drame arrivait, elle me ferait des signes.
Je ne dors presque plus depuis son décès, me couche très très tard souvent je préfère le canapé ou je vais rejoindre mon lit sur les coups de 5 heures du matin, quand la fatigue est là. J'essaye de me lever de bonne heure, 7 h 30 tous les matins depuis qu'elle est partie. Elle me manque terriblement vous devez vous en douter. On a passé tellement d'épreuves tous les deux, connu des hauts et des bas pour que je finisse en fin de compte seul, sans elle. Elle qui repose au cimetière de ma commune e qui est à 800 mètres de la maison. Au tout début j'y allais tous les jours et puis cela me faisait tellement mal que je n'y allais plus. J'ai repris mes visites depuis trois semaines, tous les jours, je passe voir sa tombe, je pleure, lui parle.
C'est difficile comme épreuve j'avais connu cela pour ma mère partie elle aussi à cause d'un cancer mais avec le décès de mon épouse, le soir est bien entendu le plus difficile.
Je ne comprends pas pourquoi si un Dieu existe il m'a pris celle que j'aimais et celle qui m'aimait. Je ne comprends pas, elle avait 57 ans, un métier qu'elle adorait, comme sa vie. Et tout cela est terminé à jamais. De savoir que je ne la reverrais jamais est parfois pour moi, insupportable.
Ce matin, je n'ai pas eu de larmes, j'essayais de chasser de mon esprit la peine, mais peine perdue, la douleur est là, envahissante par moment, effrayante, me torturant l'esprit.
Je n'ai pas eu de signes d'elle, si ce n'est quelques jours après sa mort je l'ai entendu m'appeler, la voix était claire et proche on aurait dit qu'elle était dans le salon, je m'étais endormi comme chaque fois au petit matin. Je l'ai entendu m'appeler une seconde fois, mon fils qui vit encore avec moi m'a demandé à qui je répondais, car je me suis entendu dire en entendant mon prénom "oui quoi"...
Depuis plus rien rien si ce n'est le silence et son absence.
Merci à vous
Patrick