Cher Patrick,
En fait, il n'est pas vraiment possible d'analyser réellement notre état. Parfois, ça va, bizarrement pas de larmes et quelques minutes, heures plus tard c'est un torrent de larmes...
Maintenant, je profite du moment où je me sens bien pour recharger mes batteries.
La vidéo du Dr Fauré est une synthèse du chemin du deuil dans son ensemble. Il est vécu différemment selon les individus. Je ne me rappelle pas avoir été effrayée, je sais que la vidéo m'a éclairée. Plus grand chose ne m'effraie, je crois.
Je te colle un lien pour une séance de méditation, qui me bouleverse et m'apaise à chaque fois. Peut être qu'elle pourrait t'aider à adoucir ta peine, ta nuit.
https://youtu.be/cgciaIH16tg.
Une pensée pour ton amoureuse,
Affectueusement

Les premières larmes sont arrivées, je me suis levé à 7 h 30 comme pratiquement tous les jours depuis qu'elle est partie. Ce matin, je me sentais apaisé, j'ai un ami qui m'a appelé, il vit sur bordeaux, sa femme est atteinte d'un cancer du foi depuis 1 an après un cancer de l'utérus. C'est un vrai ami. Quand mon épouse a fait son AVC le jeudi matin, deux jours avant son dernier souffle, il est monté de suite, il était là le vendredi en fin de matinée. Nous venions avec mes deux enfants de veiller leur mère toute la nuit dans sa chambre d'hôpital. Que ce fut difficile avec les enfants.  On espérait qu'elle parte entourée de nous mais son corps en a décidé autrement. Le vendredi soir on est monté avec mon ami, on l'a veillé et également le lendemain samedi, ce 7 décembre. Nous faisons un roulement le samedi avec sa mère, sa soeur, mes enfants.  Nous sommes arrivés à l'hôpital à 18 h.. Nous sommes restés avec elle jusqu'à 19 h 30 et nous avons été manger dans un petit restaurant à côté de l'hôpital Tenon. Avant d'aller manger, mon épouse plongé toujours dans ce coma, j'ai avant de descendre, pris la télécommande du lit pour abaisser son lit, car depuis qu'elle était hospitalisée elle ne pouvait pas dormir à plat car les douleurs étaient trop fortes. Et avant de descendre manger j'ai pris la télécommande et j'ai mis le lit à plat. et je lui ai dit en pleurant que si elle voulait partir elle pouvait maintenant que c'était trop difficile de voir sa respiration automatique souler sa poitrine.
Quand nous sommes  revenus au bout de 3/4 d'heure, on est rentré dans sa chambre et elle semblait morte. J'ai crié, Bruno mon ami de toujours m'a dit "non regarde elle respire encore". Il 'ma laissé seul avec elle, je me suis approché d'elle en pleurant, je l'ai embrassé, j'ai entendu un râle et puis elle s'en est allée. Est-ce que qu'elle m'attendait ?
Je ne le saurai jamais.
J'ai été à ce moment là comme un automate. Je suis sorti de sa chambre c'était intenable de la voir morte sur son lit. J'ai encore cette image qui me hante par moment. Elle qui était une femme pleine de vie, d'enthousiasme.
L'aide soignante m'a fait rentrer à nouveau dans sa chambre m'a demandé de m'assoir sur le fauteuil pour me dire que ça allait aller, qu'elle avait perdu cette année sa fille et sa petite fille et que elle, elle était encore là et qu'il fallait continuer pour elle, pour mes enfants. J'ai jeté un oeil sur son lit, et je ne pouvais plus tenir. J'ai détourné les yeux c'était insupportable.  On est parti, je suis rentré chez moi et aujourd'hui je regrette énormément de n'avoir pas osé lui posé un baiser. Je ne pouvais pas ce soir là, je ne pouvais pas. Je l'ai laissé seule dans cette chambre où j'avais passé avec elle ses derniers 15 jours. Je regrette  de ne pas lui avoir donné un dernier baiser mais j'ai eu peur de sa mort, de son corps, je voulais m'enfuir.
Lors des obsèques qui ont eu lieu une semaine après je n'ai pas été voir son corps dans son cercueil, je voulais garder une autre image que celui de sa mort. Je ne regrette pas car ma belle mère m'a dit qu'on  ne reconnaissait pas sa fille comment il l'avait coiffé, elle perdait déjà ses cheveux à, cause de la dernière tentative de chimio.
Cette nuit je me suis couché, je me suis forcé après avoir écouté cette vidéo d'apaisement que m'a donné un membre du forum, j'espérais que cela m'aiderait à la voir dans mes rêves, mais non, je n'ai point rêver d'elle.
Les larmes sont venues ce matin, en faisant le ménage et au moment où je vous écris je suis en larmes.
Elle me manque, terriblement, 35 ans de vie commune...
Ce qui m'étonne c'est qu'autour de moi, les personnes que l'on pensait avec mon épouse proche, certaines ont disparu, j'ai eu après les obsèques des sms 'ca va pas trop dur"...
Et puis au bout de presque 4 mois certaines de ces personnes ne prennent plus de nouvelles, ou alors, ne parlent pas d'elle et d'autres je ne leur réponds plus.
Je voudrai être à dans un an, que mon âme ai retrouvé la paix, que mon coeur ne saigne plus. Comment fait on pour tenir, comment fait on pour rester encore en vie alors que la solitude m'accompagne toutes les nuits.

 Dans ta grande douleur tu as eu un cadeau ,tu as  accompagné son dernier souffle, probablement qu'elle a réussi à attendre
ne te reproche rien pour les instants suivant ,tu l'as accompagné tout au long de son parcours , tu as fait pour le mieux , le dernier baiser  tu lui as donné de son vivant , et celui-là était important pour vous deux , ne te reproche rien qui ne ferait que s'ajouter à ton chagrin, chacun de nous réagit différemment avec l'après et  ce n'est pas le plus important ……
En ce moment tu ne réalises pas encore vraiment mas tu as un cadeau qui va te soutenir sans même t'en rendre compte ce sont ces 35 années vécues ensemble, de merveilleux souvenirs qui seront une aide , nous tenons jour après jour en affrontant ce que l'on appelle les montagnes russes , les moments de calme et de moins bien , il faut du temps beaucoup de temps….
Nous avons toutes et tous connu cet épisode "d'abandon" de certaines personnes, pour nous la vie tourne au ralenti , les autres ont repris leur vie trépidente  avec parfois "appelle si tu as besoin"
IL nous faut juste appendre à respirer autrement ,mais avec eux/elles dans notre cœur
Prends soin de toi
Amitiés

Bonjour Patrick,

Ton récit est bouleversant, parler des ces moments terribles, ecrire, dire ces mots, comment ne pas pleurer.
Pour un homme c'est très difficile de parler, d'en parler, trouver des amis, des proches pour nous écouter.
Je comprends tellement ce que tu écris, de tes regrets, de n'avoir pas su, de n'avoir pas pu...
Bien sûr, je vais te dire comme malome, tu as fait pour le mieux, ne te reproche rien, je sais, c'est si difficile à accepter, d'avoir été si impuissant devant la mort alors que ton amoureuse a eu tant de courage et de force.
Les rêves, certains en ont, d'autres non, ou ne s'en souviennent pas, comme les signes, on les perçoit, ou pas, c'est inexplicable.
Tu voudrais être à dans un an, je suis un peu plus de un an devant toi sur ce chemin, j'ai lu ici que chacun avance à sa manière, à son rythme, je te copie la réponse que Faïk m'a faite quand je me posais cette question

Chacun d’entre nous vit son deuil différemment, car nous sommes tous différents.
Ce que certains « accomplissent » en quelques mois, d’autres mettront des années à y arriver.
Il n’y a pas de règles, on doit aussi compter avec ce qu’on apporte dans sa corbeille de deuil : vie difficile pour les uns, plus douce pour les autres...
Et comme il n’y a pas de règles, chacun doit pouvoir espérer, et toi aussi, malgré ce que tu peux lire ou entendre, que la souffrance se fera un jour ou l’autre moins vive.
Les derniers de la classe n’ont jamais empêché les premiers d’avancer !
Porte-toi bien

Comment j'ai fait pour tenir: j'écris, beaucoup, tous les jours, dans mon journal, un peu ici, j'écris à mon amoureuse, j'ai écrit, comme toi son combat, j'ai écrit nos souvenirs, avec les photos, les vidéos, les objets, j'ai écrit qui elle était, j'en ai fait un récit, de sa vie, de notre vie, pour nos enfants, oui ça fait pleurer, beaucoup.
Aujourd'hui, j'écris toujours à mon amoureuse, tous les jours, dans mon journal, je partage moins ici, je pleure moins, je vais arriver à dix-huit mois dans une semaine, mais le manque est toujours là, plus fort que jamais.
Mais je te l'ai déjà écrit, je ne suis pas un bon élève 

Douce pensée pour ton amoureuse.
Amitiés.

Merci à vous, merci à Chog pour la vidéo, merci pour vos mots, pscar13, lili44,  malome et Chog. Merci pour la vidéo également Cabochon, je suis en train de l'écouter. Pour Chog, oui je vois normalement un psychologue tous les 15 jours mais depuis le confinement tout est en suspend.
Merci à ce forum d'exister.
Merci

Bonsoir Taxi

Merci à vous courage également. Que la vie nous joue de mauvais tours. Perdre un enfant... Pour la Foi, je ne dirai pas que je suis ne suis pas croyant puisque je brûle un cierge tous les jours (même deux) c'est pour elle pas pour moi. Je n'arrive pas à prier comme elle le faisait tous les soirs. J'ai d'ailleurs pu enregistrer l'avant veille de son AVC sa prière où elle y joignait tous les gens qu'elle aimait. Oui c'est terrifiant cette absence, terrifiant les silences et ceux des autres.
Prenez soin de vous

Patrick,
L'important est d'en parler, avec un psychologue, ici... les amis ou famille, s'ils n'ont pas vécu  un même drame ne peuvent pas comprendre. D'ailleurs, j'ai parfois du mal à me comprendre moi-même. J'en veux inconsciemment aux autres, parce qu'ils sont absents, mais lorsqu'ils sont présents je voudrais qu'ils me laissent tranquille. Je leur en veux de ne pas en faire assez ou trop. Rien ne me convient réellement. Parce que je ne suis plus moi. C'est très compliqué. Aujourd'hui, je me dis qu'il ne faut surtout pas démarrer au quart de tour pour ne pas se fâcher bêtement avec son entourage. Ils ne peuvent pas nous comprendre, ils ne vivent pas notre deuil, ils ont un quotidien rempli, comme nous avant...  Voilà le conseil que je pourrai te donner.
Dis-toi bien, et je ne pense pas me tromper, que rien de ce qui feront, diront ne te satisfera totalement. Même avec eux autour ce silence est là, ce vide aussi.
Nous ce que l'on veut c'est notre moitié, notre vie d'avant... Alors, il faut être patient, essayer de se faire le moins de mal possible avec les souvenirs douloureux, les obligations, les autres. Ne rien faire dans la hâte pour ne rien regretter, par exemple, jeter des affaires...
Je n'ai jamais autant procrastiner que maintenant. Je me dis que le pire est arrivé, alors qu'elle est l'urgence ?
Au bout de quelque temps, tu arriveras à faire de plus en plus de choses, dormir, rire... Autorise toi !
Grâce à l'amour pour ta moitié, qui pour moi est la plus grande foi, tu avanceras à ton rythme sur le chemin du deuil. Tu verras.
Affectueusement

Bonjour Patrick,

Je suis contente si mes mots t'aident un peu.
Il est important de pouvoir s'exprimer pour alléger quelque peu sa peine.
Il y aura des jours où ça ira mieux que d'autres. C'est ainsi. Tu trouveras une écoute ici, sur ce forum, n'hésite pas à venir déposer tes mots/maux et tes avancées aussi !
Moi, ça m'a toujours aidé et quand je le peux, j'aide à mon tour.
Pour ce qui est du sommeil, je voulais juste te faire part de mon expérience. Farouchement contre les anxyolitiques et autres médocs, j'ai traversé entièrement et en toute conscience, tous les événements ainsi que les obsèques. J'ai énormément pleuré, mais je ne voulais pas être "absente" ce jour-là, j'ai tout déposé, les armes, les larmes…
Ensuite, pour avancer, remonter la pente, j'ai pris pendant quelque temps, sur les conseils du médecin, un décontractant très léger pour me reposer.
Au bout de 2 -3 mois environ, j'ai fini par trouver le sommeil naturellement sans cachets.
Pour ce qui est des recommandations de ta moitié par rapport aux enfants, la vie après seul etc. j'ai eu des conversations similaires avec mon mari. Je ne voulais pas entendre, c'était assez terrible comme conversation, mais ils ont cette force et cette volonté pour nous. Il m'a dit de vivre et d'aimer. Aimer pour deux notre fils.
Mon fils est très inquiet pour moi, tout le temps et est très protecteur.
Il souffre tous les jours d'avoir perdu son père, il me l'a dit et je le sais…
Par pudeur, pour ne pas me blesser, il prend sur lui et ne le montre pas trop. Tout comme moi. Souvent, je pleure en silence.
Dans nos conversations, il est souvent présent, les souvenirs, les choses qu'il aurait pu dire ou faire, on en rit parfois… et ça fait du bien, il est toujours là !
Tu as des enfants, qui souffrent aussi, n'oublies pas qu'ils ont besoin de toi et toi d'eux. C'est si précieux.
Douces pensées à ton épouse,
Affectueusement